Chroniques

Indochine – Black City Parade

Cela fait quelques mois qu’une crise nostalgique gagne la musique. D’un coté, David Bowie, Depeche Mode et autre My Bloody Valentine font leur grand retour. Et de l’autre, la cold wave bat son plein en France avec les petits jeunes qui en veulent : Lescop, en tête de gondole. Moment des plus propices pour le retour de Indochine, en grande pompe, avec un douzième album intitulé “Black City Parade”, composé entre Paris et Bruxelles, Tokyo et Berlin. Pour ceux qui auraient vécu en orbite, autour de la Terre depuis les trente dernières années, Indochine est un groupe de rock français, issu du courant new wave, formé en 1981. Il connu un succès retentissent avec des titres tel que “L’Aventurier” et “3ème Sexe”. Tombé en désuétude dans les années 90, la bande de Sirkis retrouve le succès en 2002, avec la sortie de l’album “Paradize” dont est issu le single “J’ai Demandé À La Lune”. Indochine aurait vendu plus de dix millions de disques, ce qui en fait le groupe français le plus vendeur. Il est également en France le fondateur de la tendance emo gothique, une sorte de The Cure à la sauce gribiche.

L’opus démarre avec “Black Ouverture”, un poème de Mireille Havet traitant du fossé entre générations. S’en suit “Black City Parade” : une ligne de basse et des guitares empruntés à Depeche Mode associés à des claviers froids aux teintes cold wave. L’album vogue entre les différentes influences indochinoises des trente-cinq dernières années, avec comme seul chemin de fer, la voix de Nicola Sirkis, ton à la Paul Banks avec ses remontées nasillardes. Ce qui tient l’album également, c’est cette inénarrable prise de position sur des sujets de société tel que l’homosexualité, ou les mouvements de protestation à travers le monde. Dans ce contexte, “College Boy”, traite du phénomène de l’homophobie dans les pensionnats français, l’utilisation de la musique électronique se rapproche de Chromatics. “Le Fond De L’Air Est Rouge”, s’inspire du “printemps érable”, manifestations contre la hausse des frais de scolarité qui ont secoué le Québec. Un esprit rock gothique, léger et aérien, entremêlé d’une touche pop à la Mylène Farmer. De son coté, “Traffic Girl”, co-écrit avec Lescop, transporte en Corée Du Nord dans l’univers de jeunes monitrices reproduisant des tâches sans intérêts, les refrains sont accrocheurs et la patte du nouveau prince de la cold wave est bien présente. “Memoria”, offre une balade romantique et monotone à souhait, répétant quatre accords sur six minutes, avec un manque cruel d’inspiration dans les textes. “Nous Demain”, seul morceau tourné vers l’avenir, amène un lead guitare éclatant aux sonorité britpop dans l’air du temps. L’opus se termine sur deux pistes, qui semblent empruntées, dans cet ordre, à “La République Des Meteors” (2009) et “Paradize”. “Kill Nico” offre une rythmique construite, des guitares saturées et une puissance textuelle où les “lalalala” sont omniprésents. “Europane Ou Le Dernier Bal”, amène une mélodie proche de “3ème Sexe”, rythmée avec la lenteur d’un “J’ai Demandé À La Lune”, l’inspiration lyrique en moins.

Avec “Black City Parade”, Indo livre un album florilège des onze précédents. Dans une ambiance emo gothique, romantique et révolutionnaire, Indochine se veut de tous les combats sans vraiment s’y attarder longuement, mise à part pour la lutte contre l’homophobie, véritable fer de lance de Sirkis depuis plus de trente ans. Malgré des métaphores hasardeuses, les textes tiennent la route. Certains morceaux, accordent trop d’importance aux synthés lancinants, utilisant trois notes se répétant sans fin, à l’instar de “Le Messie”. Le combo reste parfois trop secoué par une énergie adolescente qui ne fonctionne plus réellement compte tenue de la maturité de la formation. Un disque à la production impeccable fait pour rassembler les fans de la première et de la dernière heure.

Informations

Label : Sony Music / Arista
Date de sortie : 11/02/2013
Site web : www.indo.fr

Notre sélection

  • Traffic Girl
  • College Boy
  • Le Fond de L'Air Est Rouge

Note RUL

3/5

Ecouter l’album