Chroniques

Hightower – Club Dragon

Les “Paris Most Hated” sont de retour. Trois ans après l’excellent “Sure. Fine. Whatever.”, suivi d’un changement de chanteur courant 2016, Vincent Crespel ayant été remplacé par le hongrois Attila Racz, le quintette qui, selon Noisey, bossera “toujours plus dur que vous” revient avec “Club Dragon”, un second album enregistré dans les mêmes conditions que le premier, en Californie avec Steve Evetts (Real Friends, The Dilligent Escape Plan, Sick Of It All) aux commandes. Avec un visuel toujours plus recherché, un titre inspiré d’un épisode de la sitcom américaine “Family Matters” et un nouveau line up, que reste-t-il du “negative indie” de la formation punk ?

Composé de douze pistes, “Club Dragon” a tout pour être le digne héritier du premier long-format de la formation parisienne : entre le retour des mélodies aux structures variables et aux mélodies subtiles (“Numero Uno”, “Lov’ Pyramids”) et les sons punk bruts (“Titty Twister”, l’interlude “To The Hole”), on retrouve mélodiquement Hightower dans un domaine qu’il connait du bout des doigts, dans lequel il s’est forgé et a conquis son public. Le dynamisme est de rigueur, l’identité sonore a, certes, perdu un peu de son gain au profit d’un ensemble légèrement plus lisse – loin d’être significativement moins bagarreur que par le passé – et les morceaux défilent dans une unité quasi-parfaite, sans laisser le moindre instant de répit à l’auditeur. Ainsi, même si peu de chose dans le fond semble avoir changé, Hightower n’est, pour autant, plus le groupe qu’il a été auparavant, celui exerçant originellement dans un style punk plus dérangé qu’ici, largement soutenu par la voix de son ancien frontman Vincent Crespel. La brutalité et l’expressivité hargneuse vocale, qui donnaient aux parisiens une apparence plus underground, sont aujourd’hui remises en cause par l’arrivée d’Atilla Racz, dans un sursaut artistique intelligible et réussi.

Avec une tessiture à l’opposé du chanteur originel, le dernier venu de la troupe s’avère être le nouveau joker des Parisiens, source d’harmonie, de puissance et d’émotions originales, élevant le projet sur une tour singulièrement plus élevée que par le passé. “The Party”, premier single de “Club Dragon”, ou “Kvlt” en sont les exemples-types, avec des sonorités significativement plus claires, plus limpides, et un travail sans concession bien que plus accessible. Il est vrai que cet album ne révolutionne le genre ni de près ni de loin, cependant celui-ci révolutionne à une toute autre échelle la carrière des Français (et du Hongrois, en l’occurrence), levant le voile sur une version 2.0 d’Hightower, loin d’être déplaisante, dans laquelle la voix bénéficie d’une place de choix et où les guitares continuent de gronder avec expérience. Alors qu’un changement de line up n’est jamais quelque chose de facile à concevoir et à entreprendre, on assiste avec “Club Dragon” à l’arrivée réussie d’un nouvel élément, qui plus est vocal, poussant vers le haut un ensemble déjà établi, tout en reprenant le flambeau de manière triomphante et admirable.

Un retour attendu qui réservait son lot de (bonnes) surprises ! Même si “Club Dragon” représente le second disque dans la discographie d’Hightower, il n’en reste pas moins le véritable premier du renouveau de la formation punk, dessinant les fondations de ce que sera le quintette dans un avenir proche. Fort dans tous les sens du terme, cet album offre un second souffle au groupe et à son champ musical, s’éloignant du “negative indie” pour un style plus chantant, mélodieux et brumeux. En somme, trente-quatre minutes de mélodies punk fraîches, au rythme soutenu et au chant révolté et clairvoyant. From “Paris Most Hated” to “Paris Most Envied”? Tout reste à faire.

Informations

Label : Krod Records
Date de sortie : 15/09/2017
Site web : hightower.fr

Notre sélection

  • Numero Uno
  • Lov’ Pyramids
  • The Party

Note RUL

3.5/5

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