Chroniques

Gin Lady – Electric Earth

“Call The Nation” (2016) pose les bases solides d’un groupe au composantes diverses et en constante évolution au sein de son univers musical. Pour succéder à un opus de cette qualité, Gin Lady se doit de nous proposer le grand jeu. Quatrième album de la formation suédoise, “Electric Earth” a tout du pari réussi.

Signé sur un label au catalogue et à l’imagerie principalement doom/stoner, la pochette s’apparente à l’affiche d’un film de Wes Anderson placardée dans une chambre d’adolescent entre deux posters de John Carpenter et de Sam Raimi. Dix pistes sur quarante minutes dépaysantes où chaque morceau se transforme en single incontournable. “Flower People” donne le ton et nous invite à danser sensuellement à la manière d’un Mick Jagger ayant passé un moment de plus avec sœur Morphine. L’atmosphère est familière et rend la première écoute aussi facile que celle du déjà vu de Crosby, Still, Nash & Young. La route tracée par le duo batterie/basse accompagné par les notes de piano est aussi enthousiasmante qu’un chant gospel mariné dans un cocktail country.

Section rythmique implacable, la virtuosité de la six cordes n’est également plus à démontrer, mais des titres comme “Water And Sunshine” et “Wasted Years” enfoncent le clou pour notre plus grand bonheur. “Rolling Thunder” n’a rien à envier aux pierres qui roulent dont il fait probablement écho. Le son blues plane constamment en transformant chaque parole teintée de mélancolie en rayon de soleil. Le quintette suédois voit les choses en grand en visant l’Ouest californien et ses idéaux (“Brothers Of The Canyon”), possédant l’avantage de ne connaître que ces derniers à travers les chansons d’artistes. Après tout, une identité se forme par le biais des histoires des autres.

Avec un peu de douceur dans ce monde de brute, la force de Gin Lady est de combiner ses influences classiques avec ses contemporaines. La production est soignée au millimètre, perle vintage donnant l’illusion que l’enregistrement a été réalisé après une session d’enregistrement de Neil Young au studio Sound City. Chaque rythme est calculé minutieusement et arrive pourtant à être retranscrit avec spontanéité. Toute une époque se réveille à travers l’âme de cette Terre électrique. Certes, la roue n’est pas inventé de nouveau, mais chaque morceau est une occasion de célébrer la musique rock. Cette mélodie qui a attrapé par le col nos parents, celle qui nous a ensuite pris en grippe pour ne plus jamais nous lâcher. Celle qui nous fait taper du pied en permanence, qui remonte le long de notre colonne vertébrale pour nous faire hocher la tête d’approbation, et de plaisir.

“Electric Earth” possède l’étoffe d’un album culte. Conçu par passion, il ne rend pas uniquement hommage à tous les groupes marquants des années 70, il pose subtilement sa patte en tant que grand disque indépendant. Souriez, vous écoutez Gin Lady.

Informations

Label : Kozmik Artifactz
Date de sortie : 15/09/2017
Site web : ginlady.bandcamp.com

Notre sélection

  • Flower People
  • Water And Sunshine
  • Wasted Years

Note RUL

4.5/5