Chroniques

Falling In Reverse – Just Like You

Deux ans après “Fashionably Late”, le nouveau groupe de l’ex-chanteur d’Escape The Fate, Falling In Reverse, revient dans les bacs avec “Just Like You”, un travail paru le 23 février sous le label Epitaph Records. Une formule de quarante-cinq minutes qui, sans surprise, traite de sexe et de drogue, mais pas seulement ! Nous l’avions testé en avant première lors de leur concert parisien, c’est maintenant votre tour.

L’album s’ouvre sur “Chemical Prisoner”, une piste sur laquelle Ronnie exprime son tourment interne, celui des phases par lesquelles il est passé avec l’alcool, la drogue, etc. et les ravages que cela cause, comme la perte d’un ami dont il a raté l’appel téléphonique : “la bonne drogue, le mauvais moment, nous nous souviendrons de lui”. Un combat entre la sobriété et l’addiction, mais il le crie “I’d rather die with honor” (Je préfère mourir avec honneur), et il essaiera toujours, selon ses dires. Cette première chanson conditionne tout l’ensemble, dans le sens où celui-ci est parsemé des thèmes de la mort, de la dépendance, du combat pour exister et se sauver. Tout cela est très touchant, jusqu’à ce que l’on se pose la question de la bonne foi des paroles, sur “Just Like You” qui, par ailleurs, est le morceau titre. Dans ce dernier, le vocaliste avoue être conscient d’être une mauvaise personne, qu’il est simplement quelqu’un de normal à qui il est arrivé d’être connu, et que pour cette raison, il n’a rien à prouver à personne. Soit. Seulement, alors qu’il criait qu’il se battrait pour garder la tête hors de l’eau dix minutes plus tôt, il rejette la faute sans cesse ici. Plus encore, il admet être content de sa vie, qui est celle qu’il a toujours voulu, et qu’il s’en fiche de ne pas être une bonne personne. D’ailleurs, cet aspect balancé se retrouve dans “God If You Are Above…”, où le chanteur semble apporter superficiellement la notion de Dieu car, au final, cela n’apporte rien à la chanson, puisqu’il parle du fait de vivre sa vie comme il le souhaite, persuadé de finir en enfer. Ici, nous y retrouvons ce que nous reprochions au groupe lors de leur concert à La Machine Du Moulin Rouge, à savoir une formation qui est musicalement bonne, qui sait ce qui fonctionne, mais qui semble manquer d’honnêteté, dans la mesure où les musiciens font ce que l’on attend d’eux. Un travail lisse, propre, mais peut-être trop. Et cela se ressent. Loin de déprécier cet effort, la façon de composer des garçons, comme par exemple le fait de mettre un solo de guitare dans chacun des titres, lui confère un aspect trop commercial, trop “pour plaire”, emprunt de la personnalité du frontman. Même la basse déstructurée, et fortement appréciable de “Guillotine IV”, ou de “The Bitter End” manque d’authenticité, le rap de “Wait And See” qui se marie parfaitement avec l’instrumental post hardcore subit le même sort. Tout semble utilisé dans l’unique but de plaire, et non de transmettre un réel message. Malgré tout, l’opus se conclue sur “Brother”, un hommage à son frère qu’il a perdu récemment. Et quoi que l’on puisse leur reprocher, ce titre est indéniablement beau de par sa pureté. Il casse avec toute la superficialité, les artifices des compositions précédentes : un piano, un violon, une voix. Ou plutôt, des cris du cœur, et ici, nous pouvons qualifier Ronnie de chanteur, et non pas seulement de showman. C’est sur ce genre de pistes que Falling In Reverse gagne sa place dans la musique, et non pas seulement dans l’industrie musicale, car derrière l’habileté musicale, la technique, réside un talent, qui fait la différence.

Ce disque est donc un travail en demi teinte : d’un côté, une maîtrise parfaite, et d’autre côté, un aspect trop “surfant sur les formules qui fonctionnent”, avec des détails dont on se serait bien passés, tel que l’utilisation de l’acronyme “O.M.G” dans “Get Me Out”. Mais surtout, ce qui dérange le plus, c’est surtout ce manque de spontanéité du rendu global. Le tout semble être mis sous vitrine, ou emballé sous vide, plutôt que d’être frais et revigorant. Ronnie a une voix unique, reconnaissable à la première écoute, et pourrait faire un travail mémorable s’il ne cherchait pas à plaire avant tout, plutôt que de sortir un essai qui certes, plaît à la première écoute, mais devient gênant plus on l’écoute. A cause de ce côté “lisse”, les chansons se suivent et se ressemblent pour beaucoup, et cela est dommage. Malgré tout, comme nous l’avons remarqué, FIR se sauve de la chute sur le dernier morceau, de quoi porter tous nos espoirs vers le haut, pour ses prochaines sorties.

Informations

Label : Epitaph Records
Date de sortie : 23/02/2015
Site web : www.fallinginreverse.com

Notre sélection

  • Brother
  • Chemical Prisoner
  • Guillotine IV (The Final Chapter)

Note RUL

3.5/5

Ecouter l’album