Chroniques

Day Wave – The Days We Had

Mettons dès le début les choses au clair : bien que ce projet soit avant tout une aventure solo, non, Day Wave n’est pas la véritable identité du frontman. Originaire d’Oakland en Californie, l’homme derrière ce groupe de synthpop très 80’s s’appelle Jackson Phillips (ex-Carousel) et l’a lancé en 2015, dans la veine de groupes comme The Drums ou DIIV. Après deux EP, “Headcase” (2015) et “Hard To Read” (2016), l’Américain continue son épopée avec “The Days He Had”, son premier album, publié chez Fiction Records et distribué en Europe via Caroline International. Longtemps teasé par l’intermédiaire de nombreux singles, qu’en est-il de ce long-format à l’univers retro ?

Day Wave est ce genre de groupe qui a connu, en un lapse de temps très court, un succès significatif, et ce, avec seulement deux format-courts sous le coude. Une ascension fulgurante qui l’a notamment propulsé en moins d’un an des bas-fonds de la Californie au célèbre festival Lollapalooza et qui pourrait en faire fuir plus d’un, la pression du premier album au tournant. Jackson Phillips, lui-même étonné par toute cette attention portée à son projet, n’est pas de ceux-là, ni de ceux à retourner leur veste dès lorsque les projecteurs sont pointés vers lui. Avec “The Days We Had”, ensemble dreampop mélancolique plein de chaleur, Phillips persiste dans un univers languissant, où les guitares et les voix baignent dans un océan de reverb et où la notion de puissance est extériorisée par des mots, des phases planantes, et non par d’imposantes sonorités rock lourdes et imposantes.

Sans reprendre des titres de ses deux premiers EP, le multi-instrumentiste fait écho à ses débuts avec des pistes poignantes et héroïques (“Wasting Time”, “Something Here”), à la touche old plutôt réussite. A l’opposé du genre radio friendly, le premier opus de Day Wave n’en est pas pour autant inaccessible, ni un disque réservé aux connaisseurs de la mouvance. Abordable et même accueillant, “The Day We Had” est la porte ouverte vers un monde où la musique, éloquente aux accents vulnérables, est majoritairement rythmée (“Home”, “Untitled”) bien que parfois down tempo (“Bloom”, “Disguise”), laissant une place de choix à l’imagination et à l’interprétation. Puisque la voix n’est pas foncièrement mise en avant dans la production, quasiment placée au même niveau que les guitares, voire plus instrumentale que les autres instruments utilisés, l’ensemble s’inscrit comme une bande son du quotidien, où les émotions sont traduites par des sons, des ambiances. Si bien qu’en onze pistes, Day Wave réussit à explorer sous différents angles le domaine vaste du quotidien avec l’aide d’une même recette productive et efficace bien que légèrement recyclée sur les bords.

“The Days We Had” est la B.O. de l’été à venir, l’album à écouter en se baladant sur les bords de la plage ou en observant les étoiles le soir, seul ou accompagné. Quarante minutes d’évasion sans mauvaise surprise, ni faux pas, dans les tréfonds de la synthpop et de l’indie rock nébuleux et mélancolique, qui charment en tout point et étoffent les songes. Jusqu’où ira Jackson Phillips avec cette baraka ?

Informations

Label : Caroline International / Fiction Records
Date de sortie : 05/05/2017
Site web : www.daywavemusic.com

Notre sélection

  • Promises
  • Wasting Time
  • Something Here

Note RUL

3.5/5

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