Chroniques

Coldplay – A Head Full Of Dreams

Sûrement l’un des disques les plus attendus de cette fin d’année 2015. En continuité de “Ghost Stories“, l’intime album inspiré par la rupture du chanteur Chris Martin avec l’actrice Gwyneth Paltrow, Coldplay dévoile à quelques semaines de Noël “A Head Full Of Dreams”, septième long-format des Anglais. Composé en partie durant le “Ghost Stories Tour” de 2014, le quatuor le décrit comme étant “plus coloré” et “exaltant” que son prédécesseur, à l’ambiance triste et mélancolique. En clair, selon la parole des musiciens, un virage à 180° qui va replacer le projet Coldplay dans un esprit pop au sens fort du terme, où la joie est communicative et toujours présente. Un projet donc ambitieux pour un groupe qui n’a fait que monter depuis ces dernières années.

A l’écoute du précédent essai, il paraissait difficile de faire plus triste et plus honnête en matière de composition, d’atmosphère, d’ambiance. En parallèle, s’il avait fallu parier sur l’image du prochain enregistrement, un disque bien plus joyeux et pop aurait été notre premier choix, dans la lignée de “Mylo Xyloto” et de “A Sky Full Of Stars”, l’un des derniers gros singles de la bande. Un renouveau qui aurait eu la forme d’une oeuvre impactante, celle de la remise sur pied, de la guérison et du nouvel éveil de la formation. Cependant, les choses en ont voulu autrement et “A Head Full Of Dreams” est loin d’être l’opus le plus transcendant de la carrière de Coldplay et se retrouve même assez proche de “Ghost Stories”. Certes, les sonorités sont contemporaines et la recherche de sons marquantes, à l’instar de l’intro de “Army Of One” mettant en place un sampler de la voix de Chris Martin ou encore le duo avec Beyoncé alias Queen B sur “Hymn For The Weekend”, mais l’idée générale est encore rythmée par des pistes subjectives et sur la défensive : “Amazing Day” et “Everglow” sont les parfaits exemples d’une tristesse proéminente, en opposition avec le message principal voulu par Chris Martin & Co. 

Bien sûr, au delà de cela, Coldplay a su trouver quelques combines pour, malgré tout, tenir sa promesse et offrir un contenu à la fois innovant et pop. Une façon créative et originale de combattre les démons du passé du chanteur tout en gardant le touché gracieux des Anglais. De ces envies se dégagent alors des morceaux aspirant à devenir des cartons comme le morceau éponyme, “Birds” ou “Adventure Of A Lifetime”, tous issus d’univers distincts (de l’aéro rock au funk) mais qui apportent un véritable souffle bénéfique à l’ensemble. Le tout, sans pour autant enlever cette mauvaise atmosphère qui imprègne l’intégralité. Même la ballade/potentiel tube “Fun” avec Tove Lo n’en ressort pas indemne et, avec son genre épuré et des voix se mariant avec douceur, peine à trouver sa place dans les critères de renaissance. La production parfois trop filtrée enlève peut-être ce que le quatuor a cherché à développer depuis le début : un climat propice au soulagement, à la remise en question et à l’évasion par le chemin le plus heureux. Somme toute, un pari que “A Head Full Of Dreams” réussit mais pas comme annoncé.

Alerte aux fans des Britanniques : non, “A Head Full Of Dreams” n’est pas un album purement commercial dans le sens propre du terme, mais il n’est pas non plus le disque de la rupture tel que décrié par Coldplay. Pire, malgré quelques bonnes tentatives et des paroles moins déprimantes qu’auparavant, “AHFOD” condamne la formation à garder l’étiquette de “groupe triste” en déclin depuis son époque explosive de stadium rock. Où sont les fortes guitares sous l’emprise de la passion, les lignes de chant persuasives ou encore les ambiances colorées destinées à rendre les gens heureux ? Visiblement pas ici.

Informations

Label : Warner Music
Date de sortie : 04/12/2015
Site web : coldplay.com

Notre sélection

  • Army Of One
  • Birds
  • Fun

Note RUL

2.5/5

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