Chroniques

blink-182 – California (Deluxe)

Moins d’un an après la sortie de “California”, premier long-format de blink-182 sans Tom DeLonge à la guitare/voix, remplacé depuis plusieurs mois par Matt Skiba (Alkaline Trio), l’incontournable trio californien pop punk dévoile sa version deluxe, mis à jour avec onze nouvelles pistes et un acoustique de “Bored To Death”. Composé de B-sides du septième album et de chansons exclusives écrites pour l’occasion, ce dernier met surtout en avant la productivité de la formation qui avait pour habitude de se faire désirer entre chaque disque. Cependant, quantité n’est pas toujours gage de qualité.

Nous ne reviendrons pas ici sur les pistes classiques de “California”, que nous avons déjà commenté dans une chronique précédente, et ne parlerons ici que des nouveaux sons qui composent cette version deluxe, qu’il est possible de considérer dans sa totalité comme un album à part entière. Une nouvelle fois produit par John Feldmann, frontman de Goldfinger et producteur de renom (5 Seconds Of Summer, Good Charlotte, The Used), cet ensemble avait déjà été en majeure partie révélé au grand public avant sa sortie officielle par l’intermédiaire de YouTube, permettant aux fans de se faire une idée. Des sorties espacées qui avaient par exemple permis de découvrir en avance le dynamique “Wildfire” (vendu comme un mix entre “California” et “Enema Of The State” (1999)), la contournable joke song “Can’t Get You More Pregnant” ou encore le progressif “Misery”, laissant transparaître l’envie des musiciens de jouer des titres bruts et rapides, sans véritables prises de risque et aux paroles peu inspirées (sacrés “na na na”).

Ces chansons, rappelant pour certaines des morceaux originels de l’ensemble, peinent à se démarquer les unes des autres et affichaient une production un peu plus rentre-dedans, moins fidèle aux petits arrangements et subtilités exposés sur “California”. Avec des refrains fédérateurs, jouant habilement sur les répétitions et les harmonies vocales, cette moitié de disque se veut donc dans la veine du pop punk d’antan, où les accords plaqués en powerchord viennent combler les désirs d’une partie de la fanbase.

A côté de cette première moitié évidente, satisfaisante mais trop rédhibitoire sur les bords à ce niveau, quelques titres se démarquent fortement de “California (Deluxe)”, majoritairement ceux dans l’ombre jusqu’au jour-J : du planant et profond “Long Lost Feeling” à l’Alkaline Trio friendly “Last Train Home” ou l’angoissant “Bottom Of The Ocean”, blink-182 s’autorise quelques écarts à son revival pop punk, ouvrant la voie à des mélodies alt rock complètes, riches, plus équilibrées, s’écartant de l’univers infantil qui lui colle encore à la peau. Loin de faire écho à la partie complaisante de l’opus, ces pistes confirment le mélange des personnalités qui a toujours fait la singularité de blink. Et même si Skiba ne possède pas une facette aussi aérienne que DeLonge, ses lignes de voix particulières et sa touche plus rock s’invitent ici moins timidement que dans l’effort de base. Une avancée plus mature qui ne semble annoncer que du bon pour la suite, si suite il y a.

Qu’on se le dise, mis à part quelques titres intéressants valant le détour, la version deluxe de “California” n’est pas un immanquable de la discographie du trio et ne rivalise guère avec la version d’origine. Plus à considérer comme un cadeau fait par blink-182 à ses fans afin de combler leur soif de nouveautés, le disque manque globalement de nuance, de surprises et de sonorités diverses. Espérons que Mark Hoppus, Travis Barker et Matt Skiba, théoriquement de retour en studio à la fin de l’année, développeront un univers plus hybride par la suite, plus recherché et innovant.

Informations

Label : BMG
Date de sortie : 19/05/2017
Site web : www.blink182.com

Notre sélection

  • Hey I’m Sorry
  • Long Lost Feeling
  • 6/8

Note RUL

2.5/5

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