Chroniques

Balthazar – Thin Walls

Ce n’est plus un secret pour personne, la Belgique s’empare petit à petit du royaume du rock européen. Pendant que l’Angleterre trouve un second souffle dans le hip hop et dans l’électro et que la France continue de… de ne rien faire, le plat pays nous livre depuis quelques années plusieurs groupes d’une qualité folle. Balthazar fait parti de ceux-là. Sa pop majestueuse et sombre avait fait mouche avec le deuxième album “Rats” fin 2012 et donc, le retour aux affaires de la formation en ce début 2015 était scruté de toutes parts.

Là où “Rats” excellait dans une pop désabusée mais maintenant une certaine classe tout de même, ce “Decency” qui ouvre “Thin Walls” montre un groupe en pleine possession de ses moyens. Refrain entêtant, couplet tout en maîtrise et orchestration à la limite de l’arrogance, Balthazar pose les bases d’un disque qui se veut plus ambitieux que par le passé. La recette est pourtant assez connue, les Belges jouent la maîtrise et le minimalisme apparent tout au long de l’ensemble. Les arrangements déboulent discrètement au fur et à mesure des chansons pour apporter leur pierre à l’édifice sans bouleverser l’idée principale : la mélodie. Quelle soit à la voix, à la guitare ou aux cordes, on sent un groupe ayant cherché l’unité comme idée transversale à dix chansons ayant chacune une identité bien identifiable. Bien que l’ambiance soit vraiment plus joyeuse que sur “Rats”, la bande ne tombe pas dans la niaiserie pour autant. Que ce soit “Nightclub” et sa guitare hypra-dansante sans pour autant tomber dans une basique chanson binaire ou encore “Dirty Love” se la jouant ambiance riviera, Balthazar excelle dans la mesure. On explore divers thèmes et l’élégance du quintette ne se perd jamais. Le talent réside dans la sobriété avec laquelle la formation réussit pourtant à tourmenter les coeurs sans jamais vraiment lâcher les chevaux. Compliqué de faire plus minimaliste que ce “Wait Any Longer”, sa batterie enfantine, ses trois accords de guitares et sa basse tout discrète et pourtant, l’arrivée des cordes en plein milieu de la chanson ne choque absolument pas et l’on se retrouve avec un délice pop rappelant les grandes heures orchestrales des Beatles. Si les fantômes ont semblé quitter le navire depuis le dernier album, le groupe sait pourtant toujours se sublimer dans une ambiance frôlant parfois le désespoir. “Bunker” est une ode aux paroles qui ne trouvent jamais preneur, aux actes restés dans le vide et à l’impuissance que l’on peut ressentir parfois face à l’autre. Même lorsque Balthazar décide de flirter avec le borderline sur “I Looked For You”, il réussit à garder le cap d’une mélodie destroy suppléée par des voix qui s’entremêlent avec une intelligence dont on ne se lasse pas. L’opus se clôture d’ailleurs sur un “True Love” qui montre enfin la face progressive du combo sous son meilleur jour. La voix totalement désabusée tient la corde jusqu’à ce que les cuivres, les cordes et les choeurs entrent en scène petit à petit. On oscille constamment entre deux eaux, comme une âme qui se maintient pour rester en vie. Une âme seule pourtant soutenue au meilleur des moments et ce refrain salvateur. Avant que l’ensemble des âmes s’unisse pour le meilleur dans un pont qui devient un hymne et d’un hymne qui devient ce refrain telle l’apogée, l’orgasme ultime d’un effort qui nous aura balloter sans cesse entre les deux mondes, mais toujours avec une douceur infinie.

L’essai est transformé, la confirmation attendue est bien là et plus rien ne va pouvoir retenir Balthazar de s’imposer comme un groupe incontournable. “Thin Walls” ne réclame pas d’effort particulier pour se laisser apprivoiser mais attention, une fois le nez dedans vous ne pourrez vous en détacher afin d’y explorer les nombreuses pistes lancées par chaque orchestration. Un délice.

Informations

Label : PIAS
Date de sortie : 30/03/2015
Site web : www.balthazarband.be

Notre sélection

  • True Love
  • Bunker
  • Decency

Note RUL

4.5/5

Ecouter l’album

Nathan Le Solliec
LE MONDE OU RIEN