Chroniques

Arcane Roots – Melancholia Hymns

La formation britannique Arcane Roots revient cette année avec le successeur légitime du super premier album “Blood & Chemistry“, sorti il y a (déjà) quatre ans de ça. Entre temps, le trio nous a fait patienter avec son EP “Heaven & Earth“, sorti en 2015, hybride entre math rock et rock alternatif, qui soulignait à l’époque un virage calme et complexe du groupe vers des contrées expérimentales posées et moins incisives. Deux ans sont donc passés depuis le dernier format court d’Andrew Groves, Adam Burton, Jack Wrench, laissant aujourd’hui place à “Melancholia Hymns”.

A l’origine, Arcane Roots a débuté sa conquête du monde avec un style singulier – une sorte de Biffy Clyro en plus élaboré, voire brutal -, accessible à tous malgré la technicité de certains titres aux structures non communes. Une ligne de conduite qui a évolué de disque en disque et tend à devenir aujourd’hui moins encline aux guitares saccadées à foison et aux cris brutaux, à l’écoute de “Melancholia Hymns”.

Entre l’introduction “Before Me”, “Fireflies” ou “Indigo”, la couleur de ce second effort studio traduit une volonté du groupe à miser sur une identité plus axée alt rock et electronica, composée d’expérimentations de nappes de claviers, de beats électroniques et de mélodies vocales minutieuses. Des tentatives qui, pour autant, n’ont pas adouci entièrement la hargne du trio, dont le caractère math rock continue de vivre par l’intermédiaire de sons comme le Muse friendly “Off The Floor”, l’habile “Matter” ou l’inventif “Everything (All At Once)”, résumant assez justement la carrière des Britanniques.

Avec “Melancholia Hymns”, Arcane Roots prend donc le pari d’un album mature, comme à son habitude, riche et différent de ce qu’il proposait à ses débuts. Attention pour autant à ne pas sous-estimer la phase plus électronique de cet essai car c’est bien la complexité musicale qui règne sur celle-ci et non un opportunisme ou un esprit de facilité.

Et même s’il est certain qu’un léger manque de dynamisme se fait ressentir parfois (les outros plus rock sur des morceaux comme “Curtains” ne proposant qu’une courte alternative), il n’empêche que “Melancholia Hymns” est finalement le résultat d’une recherche musicale complète, menée d’une main de maître par la voix d’Andrew Groves. Un effort en somme savant et assumé, rappelant le virage entrepris par le dernier Bloc Party “Hymns“, qui offre à Arcane Roots une éthique plus ouverte mais n’empêche guère un sentiment de carence à la fin de cet ensemble. Alors qu’avec “Heaven & Earth”, la transition semblait équitable, avec le format album, la position est tout autre ici, avec beaucoup d’ambiance pour au final peu d’engouement, peu de sons marquants, peu de claques sonores.

On ne peut reprocher à la formation britannique d’avoir pris des risques avec son nouveau long-format. On ne peut pas non plus lui reprocher de manquer d’inventivité, de profiter de sa notoriété pour faire l’impasse sur la composition. “Melancholia Hymns” est un album approfondi qui a dû nécessiter de nombreuses recherches, essais. Peut-être trop finalement, car il en revient presque à oublier l’une des raisons premières à l’origine du succès de la formation, un insouciant math rock qui faisait des ravages là où cela faisait du bien.

Informations

Label : Easy Life / Sony Red
Date de sortie : 15/09/2017
Site web : arcaneroots.com

Notre sélection

  • Matter
  • Off The Floor
  • Everything (All At Once)

Note RUL

3/5