Chroniques

Alice In Chains – The Devil Put Dinosaurs Here

Il avait fallu attendre quatorze ans pour le successeur à “Alice In Chains”. “Black Gives Way To Blue” (2009) apparu alors et la longue et épuisante attente fut enfin terminée. Salué par la critique et chaleureusement acclamé par les fans, le retour d’Alice In Chains fut un délice musical. Un sublime concert au Bataclan et trois ans se sont écoulés depuis, l’une des figures emblématiques du mouvement grunge, fait ainsi son retour dans les bacs. “The Devil Put Dinosaurs Here”, cinquième effort studio du groupe, le second avec William DuVall, aura la lourde tache de s’imposer au sein de la si riche discographie du combo. Jerry Cantrell, William DuVall, Sean Kinney et Mark Inez sauront-ils surprendre à nouveau ?

Dévoilé quelques mois auparavant, le single “Hollow” débute ainsi l’écoute du nouvel opus. L’atmosphère sera d’emblée identifiable, à l’image de celle sur “Black Gives Way To Blue” : sombre, lente et enivrante. D’ailleurs, soulignons que le clip vidéo qui accompagne ce titre est totalement surprenant, à la limite de nos attentes. Le concept est étrange or la musique captive sans attendre. “Pretty Done” continue sur cette voie tracée. Le dédoublement des voix fait encore et toujours son effet; un exercice qui est tout de même très difficile à mettre en place en live; ici parfaitement maitrisé par Jerry et William. La redondance du riff pourra sans doute rappeler “Check My Brain”. De plus, les divers effets entourant leur musique sont toujours superbement trouvés et appliqués. Il n’empêche qu’Alice In Chains n’est pas Alice In Chains sans ses célébres ballades et autres morceaux éléctro-acoustiques. “Voices” ouvre, ainsi, le bal de ces compositions. RAS à part peut-être une petite touche southern, et encore… Vint alors l’éponyme “The Devil Put Dinosaurs Here”. Toujours sur une base acoustique, les gros sons ne tarderont pas. Nous revoilà plongé dans un univers complexe où les émotions passent d’un niveau à un autre, sans réellement être définis. Quid de ce titre, qui prend également place sur la pochette ? L’association de deux tricératops révéle la soit disante image du diable, soit. Quoiqui’il en soit, à ce stade, il reste encore sept pistes. Suite à “Lab Monkey” au refrain stone-bluesy ou “Low Ceiling”, qui vient ralentir une nouvelle fois la cadence, les décibels reviennent pour notre plus grand plaisir. Alors que “Scalpel” découpera de manière très précise le rythme d’écoute avec une nouvelle ballade superbement réalisée, un morceau pourra attirer l’attention de tous : “Breath On A Window”. Malgré une nouvelle redondance autour des riffs, notons l’utilisation d’un bottleneck qui renforce les influences du sud des Etats-Unis, un élément qui revient donc sur plusieurs pistes de l’album, comme une certain clin d’oeil. Alors que les deux dernières compositions sont à notre portée, retour sur “Stone”. Accompagné d’une lourde basse, signée Mark Inez, et de guitares droppées, le break suivant sera tout bonnement ravageur. La cohésion qu’ils déploient est à nouveau superbe et c’est à un véritable petit chef d’oeuvre que nous avons à faire face. Néanmoins, la proximité musicale avec le précédent opus est évidente et saute aux yeux dès les premières notes. Surprenant pour certains, il se pourrait bien que le combo se dirige plus vers une musique de ce type là, à défaut de retrouver la fougue et la vivacité qui ont fait connaitre le groupe, sous l’ère Layne Staley. Puis, pour conclure, “Phantom Limb” et son aspect thrash, argémentée d’une rythmique simple et très efficace, va évoluer durant sept minutes et sept secondes; celui-ci ressortira quelque peu du lot, en cette seconde moitié d’écoute. Suite au break, l’énérgie explosera en plein vol autour d’un sublime solo avant que “Choke” mette fin aux hostilités, avec tragédie, malgré la mélodie appréciable qu’elle développe.

Mike Starr ayant rejoint son pote Layne en 2011, Alice In Chains, au travers de cette nouvelle épreuve, propose une nouvelle fois une excellente production. Alors que certains cherchent la complexité, AIC n’a pas besoin d’utiliser dix riffs par titre pour créer d’excellentes compositions; bien que la répétition pourrait engager une certaine lassitude de notre part, par moment. “The Devil Put Dinosaurs Here”, recommandé et recommandable !

Informations

Label : Virgin / EMI
Date de sortie : 27/05/2013
Site web : aliceinchains.com

Notre sélection

  • Stone
  • Breath On A Window
  • Phantom Limb

Note RUL

4.5/5

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