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Chronique Serie : “All You Need Is Me” (Studio+)

Si le rock et la musique sont des sujets souvent abordés en second plan dans les séries, voire uniquement présentes dans celles-ci par l’intermédiaire de bandes-son riches et descriptives, il n’est pas rare que cet art en soit également le thème principal, tant l’univers et l’industrie qui l’entourent sont vastes, divers et composés d’activités plutôt différentes. Du sérieux “Vinyl “à plus décomplexé “Sex&Drugs&Rock&Roll” ou encore “The Get Down” pour ne citer qu’elles, chaque oeuvre a sa propre façon de mettre en avant cette activité culturelle, avec plus ou moins d’humour, dans des contextes réels ou fictifs qui valorisent tant bien que mal la magie et la magnificence de la musique. En 2017, Studio+ s’est prêté à cet exercice et a sorti “All You Need Is Me”, une websérie digitale de dix épisodes de dix minutes chacun, créée par Simon Halfon (producteur du documentaire “Supersonic: The Oasis Documentary”) et enregistré entre Londres et Los Angeles.
 


 

Pour résumer brièvement la série, celle-ci retrace l’histoire du projet Flynn Six, un groupe de rock anglais emmené par Johnny (aka Toby Sebastian, que vous avez pu voir dans “Game Of Thrones” dans le rôle de Trystane Martell), un chanteur charismatique et charmeur aussi instable qu’un enfant dans un magasin de jouets en période de Noël. Après s’être fait un petit nom à Londres, la formation va se faire repérer par la dénommée Stacey Levine (Guerin Piercy), directrice d’un gros label américain basé à Los Angeles, à la recherche d’un nouveau groupe à défendre et à développer. C’est à partir de cette instant que les Anglais vont découvrir la vie outre-Atlantique et les aléas d’être dans un groupe, pour un final à la fois tristement évident et imparable.
 

Légère dans le fond de par son côté comédie acérée sur les bords, cette petite websérie en a pourtant pas mal sous le capot… du moins, de quoi en faire rêver plus d’un sur le papier. Entre guests exceptionnels (l’animateur James Corden, Carl Barât de The Libertines, Pete Wentz de Fall Out Boy, Elvis Costello) inscrivant cet univers fictif dans le monde qui est le nôtre, et une bande son digne de ce nom (avec le titre de Morrissey portant le même nom que la série en générique, rien que ça), “All You Need Is Me” est un souffle d’air frais qui fait du bien en cette période de l’année. En outrepassant le fait que certains aspects du groupe sont largement oubliés au profit de la mise en avant de la naïveté inhérente à Flynn Sixx et de la mise en abyme des clichés autour de l’univers musical, ce format passe-partout n’en reste pas moins une excellente démonstration de la rencontre entre le milieu professionnel et le milieu semi-pro, où différents codes rentrent en contact et se confrontent. Rassurez-vous néanmoins : le sexe, la drogue et le rock n’roll font effectivement partie de l’aventure et ce, des deux côtés ! En bref donc, cette série offre un point de vue privilégié de la vie d’un groupe de rock, tel un documentaire diffusant plus les mauvais côtés que les bons côtés. 
 

Si vous êtes à la recherche d’une série feel good, modeste et avec un humour certain, “All You Need Is Me” est – comme son nom l’indique – un programme qui devrait vous convenir. S’il est dommage que le projet musical de Flynn Six soit survolé du côté des sons, des performances live ou des interviews (là ou “Sex&Drugs&Rock&Roll” justement s’y attarde un peu plus), il aurait été intéressant de compenser ceci en valorisant un aspect crossmedia (imaginez vous la possibilité de lire des tweets du groupe ? De voir ces vidéos live fictives ?). Ceci dit, il ne faut pas oublier pour autant qu’il est difficile de tenir en haleine les spectateurs avec des épisodes de dix minutes, format obligeant à faire des sacrifices artistiques évidents et, au final, nous sommes curieux d’avance du contenu de la prochaine saison… si deuxième saison, il y a ! En attendant la suite, la première saison est à découvrir en exclusivité sur le site de Studio+.