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Pourquoi je n’utiliserai pas RockUrLife pour promouvoir mon groupe

Etant à la fois étudiant en communication, journaliste-trésorier pour RockUrLife et musicien dans un groupe dont je ne citerai pas une seule fois le nom dans cet article, il m’est arrivé plusieurs reprises d’entendre des questions et phrases du type “est-ce que tu utilises ton rôle dans RockUrLife pour mettre en avant [ton groupe]?”, “pourquoi est-ce que RUL n’a pas parlé de votre premier disque et ne l’a pas non plus chroniqué” ou encore “c’est cool d’être à la fois journaliste et musicien pour se faire connaitre”. Après bientôt trois ans d’ancienneté dans ce webzine d’actualité rock, des années à me défoncer les doigts sur des instruments à cordes et un amour grandissant pour la scène alternative française, je pense qu’il est temps de faire un bilan de cette situation et d’éclaircir, en trois points, certaines zones d’ombre qui méritent des explications, et ce pour le bien de tous. Y compris le mien.

– Qui dit journalisme dit forcément déontologie et règles à respecter :

Si l’activité de journaliste a ses qualités, elle est aussi limitée dans la forme et dans le fond. Il suffit de voir les traitements parfois hasardeux des derniers événements survenus en France. Ecrire, ce n’est pas seulement mettre à la suite des mots aléatoires et compliqués, sans se préoccuper de ce que la phrase entière représente et de l’idée générale qu’elle dégage. Produire un “bon” article, c’est avant tout parler d’un point de vue construit et argumenté, dans un langage propre, juste et accessible, et avec la cible à atteindre en tête. Cette dernière peut être soit un public spécialisé, soit un public généraliste qui cherche avant tout à s’informer et à recevoir un avis sur tel ou tel sujet. Par conséquent, les lecteurs attendent d’un média digne de ce nom un contenu impartial, net et justifié, proche des ambitions journalistiques primaires. L’acteur médiatique se doit, en clair, de proposer un travail respectant des principes déontologiques, avec une intégrité et une distance sur ce qui est traité, en plus d’une volonté d’être abordable et avenant. Il en va de même pour les acteurs du web qui souhaitent offrir un ensemble somme toute professionnel, bien qu’il n’y ait aucune rémunération pour ce job s’apparentant plus à un hobby. Tout cela pour dire qu’il n’y aurait aucune impartialité à mettre en avant des projets me concernant, avec mes propres paroles, puisque cela s’apparenterait plus à de l’abus de pouvoir qu’ à une passion, celle d’informer la communauté, d’écouter et d’apprendre.

– A quoi bon parler de [mon groupe] si ce n’est pour n’en tirer qu’un contenu sans critique, ni point de vue extérieur ?

Quelle est la finalité de parler de [mon groupe] juste POUR en parler ? Il n’y en a pas, à l’exception d’une sporadique exposition médiatique qui se perdra surement dans les nombreux fils d’actualité de la communauté. Même pour mon estime personnelle, et celles de mes camarades présents dans cette aventure, ce ne serait qu’une simple euphorie éphémère qui n’a rien envier au véritable bonheur de voir son nom de groupe inscrit sur un autre site de façon naturelle et volontaire. Et puis, n’oublions pas que l’activité de journaliste est là pour, certes, promouvoir le travail d’autrui, mais aussi pour en émettre une critique, plus ou moins valorisante, afin d’aider au mieux les musiciens dans leur travail, mais aussi de guider les lecteurs vers des artistes qui pourraient leur plaire. Je m’estime heureux d’avoir accès à certains avantages d’être membre du staff de RockUrLife et encore plus que des personnes daignent me lire. Il me semble donc inutile de tromper leur confiance, celle de mes collègues et des professionnels au bénéfice d’un pouvoir incertain et même obsolète. Pire, une mauvaise pub pour un magazine et un groupe qui n’a surement rien demandé.

– La diversité culturelle au centre de nos préoccupations :

Il est important de rappeler qu’être journaliste pour un webzine, c’est avant tout passer des heures à écouter des disques, des singles, des démos. A fouiner dans le fin fond d’Internet afin de dénicher la perle rare ou du moins de parler d’un artiste qui nous plait. C’est également recevoir des milliers de mails d’artistes français cherchant à se faire entendre, à se faire écouter, à recevoir des conseils. Et de tout ce micmac très fouilli et souvent très vaste, l’objectif est de communiquer sur des choses, sur des personnalités, sur des actes qui en valent la peine, qui nous concernent d’une certaine façon, ou pas. Il y a une vraie différence à faire entre profil privé et profil public : sur mon propre Facebook, je me permets de communiquer sur mon groupe sans une once de malhonnêteté; sur le site web, l’option n’est même envisageable, et n’est pas de mon ressort. Peut être qu’un jour, un camarade aura l’envie d’écrire à propos de [mon groupe], mais il faut savoir que cette personne n’aura ni été harcelée, ni obligée, ni quoi que ce soit. Il faut rester honnête avec soi-même et continuer sur le chemin de l’égalité, bien qu’il soit difficile de parler de toutes les formations qui nous passent sous le nez. C’est d’ailleurs dans cette optique qu’a été créée récemment la rubrique “RockUrScene”, afin de mettre en lumière des troupes qui méritent d’être médiatisée. Plus que de s’auto-congratuler à coup de mots sans goût. Tout cela pour dire que la diversité culturelle, bien qu’utopique sur certains coins, restent une priorité pour RockUrLife et pour ses collaborateurs. Le journalisme professionnel a sa place ici, sur la Toile.

En fin de compte, vous pouvez sûrement vous dire “SO WHAT? WHO CARES?” et “pourquoi écrire tout cela ?”, voire “c’est de la promo cachée ! Maintenant les gens vont chercher son groupe sur la toile. CALOMNIE”. Sauf qu’en vérité, on est bien loin de tout cela : cet article est avant tout là pour clarifier cette situation parfois floue pour certains d’entre vous, mais aussi pour mettre en avant des convictions personnelles sur l’avenir du journalisme sur le web. Pour moi, que l’on soit amateur ou pro, et malgré des stratégies différentes que celles des médias traditionnels, les enjeux du journalisme et de l’information restent les mêmes, et ce afin de continuer de proposer au public, aux auditeurs, à vos proches, des écrits répondant à leurs attentes sans tomber dans ce qui ressemble à du “moins bon”. Notre but est avant tout de faire vivre une scène, de lui donner une représentation médiatique toujours visible, et que les groupes qui s’y assimilent continuent d’y trouver leur compte. Le centre d’intérêt ne doit pas être sur une simple personne mais sur une communauté entière. La nôtre. La vôtre.