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Finding Forest : Week #10 (Fin)

Ca y est : il l’a fait ! Après 10 semaines d’aventure, Forest Pooky est de retour chez lui, avec d’innombrables souvenirs. Avec un peu de retard (totalement excusable), voici le dernier billet de cette aventure Finding Forest, entre transport, derniers concerts et famille.
 

Finding Forest, Semaine 10. Le dernier billet de cette série. On y est. Voilà deux mois que j’ai quitté mon île pour me rendre à Montréal, et c’est d’un avion, quelque part proche de la pointe nord de Madagascar, que j’écris…ah ? Une alarme se déclenche dans les toilettes de l’avion… Le steward est passé à côté de moi comme une flèche pour s’y rendre. Encore une personne qui tente de fumer en cachette. 11h de vol, ça peut être long. J’ai regardé Wonder Woman parce que je me suis déjà fait Fast & Furious 8 à l’aller. Pas fan des films DC Comics. Pas spécialement fan de Dwayne Johnson non plus, mais un mec qui détourne un missile sur un véhicule ennemi à la main, en roulant à 200km/h sur une banquise…respect !
 


Photo 1 : Carte prise de mon siège en pleines turbulences. Pas si flou !
 

Ce 14 décembre, l’herbe est gelée, l’air est froid, nos aurevoirs avec Ricklette chaleureuses. On passe par la poste pour changer nos francs suisses en Euro et on prend la route pour Chamonix. La fatigue se fait sentir, même auprès de mes compagnons anglophones. On passe par le centre de Genève, histoire de voir un peu la ville. Un choix touristique discutable car la traversée d’Annemasse est un de ces bordels : des travaux dans tous les sens, notamment à la frontière. Un fois passée celle-ci, Spike et Seth me disent : “Quoi…Ça y est ? On est en France ? Mais on n’a pas vu un douanier ?”. Ce n’est pas la même entre les USA et le Canada. La route est belle, les montagnes sont blanches, et nous avons toujours des pneus été… Spike ne supporte pas les ponts et les tunnels. Ça le fait stresser. L’accès à la station se fait via un pont de 2,5 km de long. Je le laisse dormir, tant pis pour la vue. Le bitume est dégagé jusqu’a la station mais dès que l’on arrive en ville, c’est le bordel. On est obligé de mettre les chaussettes pour les 100 derniers mètres. 120€ bien investis. Un thé et 2 tournois de Mario Kart plus tard, on part de chez François 95c pour le Monkeys. Mes compagnons ont retrouvé leur patate et quand ils ne jouent pas, ils sont au bar à tester tout ce que le patron leur sert. On rentre chez François après le concert et on se pose dans le salon pour un dernier verre…et 4 heures de Mario Kart avec Spike. Je suis pris entre le plaisir de jouer à nouveau à la console et le besoin de dormir. Spike coupe malencontreusement la console en plein championnat. On se regarde. On regarde l’heure…on se regarde…une culpabilité infantile nous ronge. On ira se coucher à 6h du matin.
 


Photo 2 : 1 – Sur l’Autoroute Blanche direction Chamonix. 2 – Sherbet Land, Mario kart 8. Je pense qu’ils ont des pneus neige, eux. 3 – Chamonix by night. 4 – Départ de chez François. De g à d, Forest, Seth, François et Spike.
 

Ce matin midi, jeudi 15 décembre, il pleut. Bonne nouvelle pour nous car les routes sont dégagées. Plus besoin des chaussettes ! On embrasse notre hôte et prenons la direction de Gap où nous resterons 2 jours. Je me suis mis en tête que Gap se trouvait dans la plaine. Presque. C’est en pleine…montagne ! Les routes sont sinueuses, on monte, on descend… Spike qui somnole derrière, demande combien de temps il nous reste. Je lui dis environ 1h de route. Un peu plus tard il me demande combien de temps il nous reste…je lui répond environ 1h. Il fronce les sourcils. On avance très doucement. La nuit tombe. On n’y voit pas super bien et, avec la route mouillée, je crains le verglas. Arrivés au Bistrot Gapençais, on rencontre Claudio et l’ingé son, Arnaud. Ce dernier me raconte s’être fait écrasé par un arbre lorsqu’il était bucheron et qu’il était tétraplégique. Aujourd’hui, il marche difficilement avec une canne et ressent des douleurs en permanence. Il me dit aussi, en riant : “les médecins disaient que je ne marcherais plus, ils avaient torts ! J’espère que ça va durer…je touche du bois !”. On rentrera tard à l’appart, dormir en compagnie d’un groupe qui jouait à Gap aussi ce soir, Coukou. Un duo noïse de Tours. À leurs réveils, Spike et Seth veulent se balader alors, je quitte mon ordinateur pour prendre l’air avec eux. Le premier stop se fera dans un restaurant. J’explique à la dame que nous sommes un végétarien, un intolérant au gluten et allergique aux oignons, mais que le dernier englouti tout et n’importe quoi. Elle me répond : “Il est allergique “allergique” où il peut en manger un peu quand même ?”. Je me demande pourquoi les gens veulent toujours croire que les demandes spécifiques n’ont pour but que de les emmerder. Ça m’agace presque autant, encore une fois, que les gens qui applaudissent le pilote à l’atterrissage de l’avion. Seth prendra une omelette et le sujet sera clôt. Il est temps de nous rendre au Cabaret Pop. Charmant lieu qu’est le café concert de Claudio. Ambiance associative. J’aime ça. Arnaud est là, fidèle au poste. Ça se passe au caveau, très cosy. Pleins de gens qui étaient au concert de la veille sont revenus. Ça se terminera autour d’un verre de rouge, des frites, et une assiette de fromage à 3h du matin.
 


Photo 3 : 1 – Devant le Cabaret Pop, de Gap. 2 – Au départ de Gap avec de g à d, Forest, Spike, Seth et Claudio, avec un superbe sweat zippé à capuche…
 

On prendra une route différente pour aller à Vienne. Un peu moins vallonnée mais plus enneigée. Je suis excité à l’idée de jouer à la Salle du Quai ce soir. Diesel sera diffusé aussi et ça affiche complet. Je connais très bien les lieux pour y avoir souvent joué. On y a organisé un week end mémorable en 2009 : UncommonMenFromMars, Sons of Buddha, X-TV, Annita Babyface & the Tasty Poneys, AG Sugar, un mini set Pookies acoustique et bien sûr, une expo photo de David Basso. Petit crochet par le QG Serrièrois pour manger un bout, faire une lessive, faire les compte et se balader un peu avec Tyron pour sortir la tête du guidon. On est en retard…Trint Eastwood nous conduit à Vienne. C’est cool de ne pas avoir à conduire… En arrivant, David Basso a déjà installé son expo Diesel. On salue toute l’équipe. Anne-Sophie Pudwell est aussi là car elle vient de tourner un clip dans le coin avec Sir Basso. Spike la branche pour jouer du violon sur tout son set. Elle ne se démonte pas et improvisera un bel accompagnement. Trint m’accompagnera aussi sur deux titres ce soir : au ukulélé sur Dance With Me et on jouera aussi Dark Sunday à deux guitares. On finit la soirée sur notre traditionnel “It’s the End of the World (As We Know It)” qui se trouve sur la version virtuelle du split The Folk Machine, sur mon Bandcamp. Et voilà. Il est enfin temps de rentr…euh…de manger ! 1h du matin, on s’installe à table. Anne-Sophie joue quelques titres de son album à l’accordéon, ça se raconte des blagues et des histoires. 3h. On rentre enfin se coucher après la demi-heure de route jusqu’à Serrières.
 


Photo 4 : 1 – Seth franchouillard à Gap. 2 – Sur la descente de Gap vers Valence. 3 – Affiche du We’re a happy family à Vienne, en janvier 2009. 4 – Présentation de Diesel par Benji et David.
 

On se réveille à Serrières. Ce soir on joue la dernière date du Folk Machine tour, et ça se passe dans le salon du 386. C’est la 5ème soirée que j’organise ici. Après Kepi Ghoulie, Mononc Serge, Peter Black, Rob Moir et Mick Noegraf, c’est au tour de The Folk Machine. Seth veut acheter du formage et du saucisson pour en ramener au bercail et il nous faut des chips et des canettes. Je lui exprime mon doute sur la possibilité de passer la frontière canadienne avec de tels produits. Au final, il pourra prendre 20€, ou 20kg de fromage. Nous voilà partis au supermarché, le dernier week end avant noël. Ça va être la guerre… On finit par s’en sortir. On rentre installer le salon pour accueillir les gens qui auront réservé. Si, lors du concert avec Kepi, on a fait 50 entrées, on va essayer de garder ça plus tranquille ! L’émotion nous prendra sur les derniers titres joués ensemble. On ne sait pas quand on se reverra, ni quand on aura l’occasion de jouer à nouveau ensemble. C’est le lot de musiciens qui tournent. Depuis 2013, par exemple, je n’ai jamais joué avec Kepi et nous ne nous sommes revus que très brièvement 2 fois. La soirée honore ses promesses de moments inoubliables. Les concerts de salon sont vraiment des moments uniques. Une fois le public parti, il nous faut ranger, manger, trinquer, faire nos sacs pour le grand départ demain à 7h du matin.
 


Photo 5 : 1 – La porte du maintenant célèbre 386. 2 – Brouillon de mon planning sur le frigo depuis mars 2017. 3 – The Folk Machine dans le salon. 4 – Seth et Didi. 5 – Tyron est content que tout le monde se soit enfin tiré. 6 – Le dernier souper avec de g à d, Spike, Forest, Seth, Trint, Daff (ou est-ce le contraire ?), Maman.
 

5h40. Le réveil est brutal. Daff nous rejoint à 6h pour le café avant de nous transporter à la gare pour le train de 7h. Spike traîne. On part 10 min plus tard que prévu. Il est 6h45. Il a beaucoup neigé pendant nos 3h de sommeil. La route est glissante et les gens qui l’empruntent roulent très…très…très…doucement. Daff entreprend de doubler, ce qui nous permettra d’arriver en même temps que notre train et de sauter dedans à la dernière minute. Nous avons que 20 min pour choper le TGV à la Gare Part Dieu, et je sais que ça va être blindé de monde qui ne gère pas toujours l’espace que prend leur corps et qui se pose n’importe où, empêchant la bonne circulation des gens pressés et chargés comme des mules. Nous quoi ! Je trace en espérant que les deux zigotos me suivent de près. J’arrive – presque haletant – devant l’écran d’annonces des départs mais le quai du train de 8h04 pour Paris Gare de Lyon n’est pas affiché. Bon. Ça arrive. On attend. Il est annoncé avec 15 min de retard. Parfait. “Pa, pa, pada ! Votre attention s’il vous plaît, le train TGV numéro 6608, à destination de Paris…”. Bref, on finira par avoir 90 min de retard. Pas grave en soit, on a prévu de faire les touristes aujourd’hui. On ricanera comme des ânes en attendant, et les gens autour de nous finiront par rigoler eux aussi en nous voyant faire les cons. Après avoir déposé nos sacs chez Karine et mangé les pâtes et pain sans gluten qu’elle nous a laissé à dispo dans la cuisine, on part pour voir la Dame de Fer. La sécurité autour du périmètre est folle. On a presque du mal à accéder au point de contrôle sécurité. J’abandonne mes amis pour rejoindre Olivier Dead Pop Club/Maladroit. On répète quelques titres pour l’anniversaire surprise de Karine et on doit aussi l’occuper le temps que tout soit en place au Holy Holster, près de la rue de Charonne. Elle me dit : “Seth et Spike ne doivent pas savoir que c’est mon anniversaire, je n’aime pas fêter ça”. Je regarde Olive, il me regarde, je regarde Karine… “Bien sûr que je ne leur dirai pas enfin, je le sais que ça te gène…”. On arrive au bar, les lumières sont tamisées, le son éteint. Quand on rentre bien sûr, tout se met en route avec un grand “SURPRISE” ! Elle est gênée mais contente. Tout le monde joue et la fine fleur de la communauté a répondu présent. Ça me fait tout aussi plaisir de revoir tout le monde avant de partir pour 6 mois. Encore une courte nuit, et à 7h du matin, il est temps de se dire au revoir pour de bon. Je mets Spike McGuire et Seth Anderson dans un taxi pour l’aéroport. Ça va très vite et on a encore les yeux collés. Pour me remettre, je décide d’aller voir Star Wars, The Last Jedi. J’ai passé un bon moment, si ce n’est que j’ai eu envie d’uriner au bout d’une heure de film…ça déconcentre quoi ! À mon tour, je prépare mon départ. Métro jusqu’à Opéra. Je demande à un agent de sécurité où se trouve le Roissy Bus. “De l’autre côté de l’Opéra”. Je fais tout le tour avec ma valise, sac à dos de 18kg et la guitare, pour me rendre compte que j’ai presque fait un tour complet… C’est le rush, on avance doucement. La queue pour l’enregistrement est super longue. Je fonce vers la sécurité. Ça avance vite, jusqu’à ce que le scanner tombe en panne… merde ! J’arrive en porte d’embarquement. Ça a commencé à faire rentrer les gens. Je veux appeler ma Douce avant de monter mais rentrer tard dans l’avion veux aussi dire ne pas avoir de place pour son sac… je l’appelle en faisant la queue dans l’avion, l’hôtesse me dit qu’ils sont en train de faire le plein et qu’il est interdit de téléphoner…Aaaaaaahhh !!! Enfin assis. L’avion décolle. Ouf…la course est enfin terminée. Prochaine arrêt, la Réunion, et du repos !
 


Photo 6 : 1-Départ de Serrières sous la neige. 2 – Party time à Lyon Part Dieu en attendant le TGV. 3 – Un accueil comme Karine seule sait le faire. 4 – The Folk Machine au sommet de sa gloire. 5 – La fine équipe de l’anniversaire surprise. 6 – Le dernier cliché de la session 2017 de The Folk Machine. 7 – Il se prend devant le Grand Hôtel le Roissy bus. Notez-le… 8 – Enfin dans le bus.
 

Cette dernière semaine fût un vrai marathon. D’être dans mon dernier avion de l’année me fait déjà décompresser. L’idée de serrer ma Douce dans mes bras aussi. Habituellement, ma guitare sort toujours en dernier de l’appareil, mais aujourd’hui, elle arrive de suite ! Super ! J’ai hâte de sortir de ce bâtiment. J’attend ma valise…j’attend encore un peu…les gens commencent à partir, c’est long. Je vois finalement un mec qui revient vers le tapis, et qui pose une valise…LA MIENNE ! Sans déconner… bon. Au moins je l’ai. Je retrouve ma chère et tendre qui m’attend à la sortie. Ah, douces retrouvailles ! Il fait chaud, 30 degrés. Paye ton décalage ! Je me dessape sur le parking et cherche mon short poussiéreux au fond de mon sac. On prend la route du littoral, l’Océan Indien nous borde. On arrive à la Saline les Hauts, je suis de retour au bercail, et ça plaisir !
 


Photo 7 : 1 – Vue de la passerelle en sortant de l’avion. 2 – Carte de la Réunion prise à l’atterrissage. Ça bougeait un peu. 3 – Façade de l’aéroport Rolland Garros. 4 – Vue de la terrasse…de l’ancienne case mais c’est un peu comme ça ici aussi.
 

2 mois de déplacement sur 3 continents, 7 pays, 43 concerts, 35000kms parcourus en avion, 12000kms en voiture et en van, 54 différents couchages, un bilan carbone déplorable mais tant d’émotions partagées, avoir discuté au moins 10 mins avec environ 500 personnes, que j’aurais un peu honte de ne pas reconnaître si on se revoyait un jour, 10 billets de ce blog dont 3 rendus en retard, dont 2 jours de retard pour celui-ci. Le vrai plaisir de ce voyage, en plus de pouvoir tourner avec mes potes, de m’être enrichi socialement et spirituellement en partageant ma musique, et une multitude de discussions (plus ou moins farfelues, voire même houleuses), sera le retour chez moi. Si mes départs sont excitants, mes retours ne le sont pas moins et je pense que cela participe fortement à me garder aussi sain que je puisse l’être. Merci à Ben Road Trip et Rock Ur Life de m’avoir permis de partager tout ça avec vous, ce fût un plaisir de rédiger ce blog et de tenter de vous faire partager la vie de tournée. On se revoit bientôt, sans aucun doute.
 

Forest
Vendredi 22 décembre 2017
Bonnes fêtes, et soyez cool.
 

PS : Retour au bercail, retour à la cuisine. Mon conseil, faites attention avec les couteaux en céramique en coupant des oignons…
 


Photo 8 : Ça fait mal. Mais je vais m’en sortir.
 

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