Chroniques

La Femme – Psycho Tropical Berlin

Née en 2010, entre Biarritz et Paris, cette jeune formation surprend par un premier titre nommé “La Planche”, alliant surf musique, électro pop psychédélique et synthés new wave. Après avoir traversé l’Atlantique et conquis le pays de l’Oncle Sam le temps d’une vingtaine de dates, et après un EP sorti au début de l’année, La Femme se devait de confirmer son rang nouveau dans la musique française. À l’image de ses acolytes Aline et Granville, ce groupe emprunte à Young Marble Giants, Taxi Girl ou encore Elie & Jacno. Fort d’un collectif étourdissant d’au moins huit protagonistes prenant le micro et les instruments au fil des morceaux, La Femme créee sa propre vague et y surfe avec aisance.

C’est entre new wave 80’s et surf électro rock que démarre l’explosif “Antitaxi” véritable hommage au groupe de feu Daniel Darc. Le synthé froid et incisif finira par s’embraser en fin de morceau. “Amour Dans Le Motu” et “La Femme” continueront dans cette rythmique impulsive et explosive agrémentant de-ci de-là des claviers froids et oppressants, annonçant une transition plus sombre pour la suite. “Interlude” amorce cette transition, couleur western, tendance grande plaine et regard nerveux, avant le duel final. En suite logique, “Hypsoline” débarque : texte intriguant à la prose poétique, une musicalité distordue et mathématique entre Kraftwerk et The Stranglers, le voyage dans l’univers de La Femme ne vient que de commencer. Enfin, “Sur La Planche 2013”, tube de l’équipe, se met à surfer sur le disque. Possédant la simplicité et la concision idéale entre le sujet et le rythme, aussi Rita Mitsouko que Marie Et Les Garçons. “It’s Time To Wake Up (2023)”, remplie d’une atmosphère vaporeuse, rappelle ce moment étrange entre le rêve et le réveil, accompagné d’une ambiance des plus glauques, proche de Jacno. “Nous Etions Deux” est une pépite new wave prenant le meilleur de Lescop et Daho, agrémenté d’un texte aussi drôle que triste, écrit par un Gainsbourg qui s’ignore. Dans un autre registre poétique et beaucoup plus mélancolique et torturé, “Saisis La Corde” et “Le Blues De Françoise” partent sur les traces de Melody Nelson en y insufflant les affres électro de la french touch sans oublier la synthpop berlinoise, un medley ravageur qui sent le succès. “Si Un Jour”, plus excité, entre Joy Division, Bauhaus et New Order, s’engouffre dans un texte féministe à l’esprit Riot Girl, percutant ! “Welcome America” va s’enfoncer dans un protopunk flamboyant imprégné d’une ambiance yéyé, la guitare disco délire tandis que la batterie invite le diable à danser au clair de lune, magistral !  L’opus se termine sur la piste bonus exceptionnelle “From Tchernobyl With Love”. Entre The Velvet Underground et Stupeflip, La Femme livre ici un morceau aérien et prenant, agrémenté d’un piano jazzy.

Impressionnant de densité et de sens, La Femme parvient à imposer son univers artistique à un public qui pourrait s’intéresser plus à la forme qu’au fond. Et c’est là que la belle est très douée avec une rythmique et des riffs entrainants, La Femme passe de la new wave au surf rock psychédélique, à l‘électro allemande, en empruntant à Boris Vian, The B-52’s, aux Buzzcocks ou Der Plan. La surfeuse ballade l’auditeur dans différentes ambiances et tonalités mais conserve son univers propre. Cette dichotomie à la fois ombre et lumière, se retrouve constamment dans l’album, sans jamais s’entacher. C’est un excellent premier essai qui place La Femme directement dans les plus hautes sphères de la musique française. Il n’a plus qu’à espérer que la suite soit du même acabit.

Informations

Label : Universal Music / Barclay
Date de sortie : 08/04/2013
Site web : www.facebook.com/lafemmeressort

Notre sélection

  • Nous Etions Deux
  • From Tchernobyl With Love
  • Antitaxi

Note RUL

4.5/5

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