Chroniques

Nightwish – Imaginaerum

Depuis sa formation en 1996, Nightwish, figure emblématique du metal symphonique finlandais, a connu une incroyable ascension qui s’est propagée hors de ses frontières. En effet, le groupe n’a eu de cesse d’accroître sa popularité au fil de ses albums. L’éviction de sa chanteuse lyrique d’origine, qui aurait pu signifier la fin du groupe, a été plutôt considérée par ses membres comme un nouveau départ. Cela s’est traduit par l’intégration d’une nouvelle chanteuse, Anette Olzon, qui a eu la lourde tâche de succéder, non sans heurts, à la très populaire Tarja Turunen. Ainsi, de cette collaboration est né en 2007 l’album controversé “Dark Passion Play” considéré comme une trahison pour les uns ou comme une réussite pour les autres. Quatre ans après, Nightwish est de nouveau prêt à en découdre en annonçant la sortie le 5 décembre 2011 de son septième album “Imaginaerum” (anciennement baptisé “Imaginaerium”).

 

“Imaginaerum” est donc un album concept comportant treize titres, qui sera suivi par la sortie d’un film courant 2012. Il a pour sujet l’histoire d’un homme qui pendant son sommeil redeviendra un jeune homme et qui évoluera dans un monde imaginaire issu de ses rêves d’enfant. Ainsi sous la houlette du très créatif Tuomas Holopainen, le disque prend vie dès son intro, qui se présente sous la forme d’une comptine enfantine, “Taikatalvi”, entonnée en finnois par Marco Hietala. Cet opus contient les repères nécessaires permettant aux fans de retrouver tout ce qui fait le succès du groupe dans son genre. En effet, les chœurs à foison, l’alternance entre voix féminine et masculine, les riffs puissants et mélodiques ainsi que toute cette orchestration, qui lui confèrent ce côté grandiloquent comme sur le morceau de 13 minutes, “Song Of Myself”. Des morceaux comme “Last Ride Of The Day” ou le single “Storytime” avec son refrain accrocheur et son enchaînement où se succèdent chœurs et riffs de manière si caractéristique qu’il serait inconcevable de ne pas reconnaître la touche personnelle de Nightwish. De la même manière, des instruments plus folkloriques comme la flûte et la cornemuse que nous avions déjà eu l’occasion d’entendre lors des précédents albums, sont aussi de la partie comme sur “Turn Loose The Mermaids” ou “I Want My Tears Back”, qui rappelle par ailleurs “Last Of The Wilds” issu du précédent effort. Ainsi, au gré des morceaux, les ambiances évoluent comme si à chaque fois une nouvelle scène était jouée : de celtique elle peut devenir orientale avec le morceau instrumental “Arabesque” ou rendre hommage aux westerns pendant une courte plage sur “Turn Loose The Mermaids”. De ce fait, ceux sont des pistes diverses et variées qui s’enchaînent. Concernant, les voix d’Anette et de Marco, ils remplissent leur rôle à la perfection. S’affrontant lors d’un duel vocal, symbolisant la lutte du bien et du mal sur “Ghost River”, ils peuvent, par ailleurs, former un très beau duo sur la ballade écrite par Marco, “The Crow, The Owl And The Dove”. Ainsi, cet opus, nous permet d’apprécier le travail fait sur les voix des deux chanteurs qui nous offrent une palette variée de leur registre que nous ne connaissions pas jusqu’à présent. La plus grosse surprise venant bien évidemment du morceau à tendance jazzy intitulé “Slow, Love, Slow” où Anette, le temps d’une chanson, prend une tonalité presque envoûtante. Bien que l’album soit marqué par de nombreuses ruptures, celle-ci semble la plus marquante (voir déstabilisante pour certains). On pourrait presque parler de digression musicale. C’est une véritable prise de risque pour le groupe. Encore une fois, il faut bien reconnaître les talents de compositeur de Tuomas qui s’inspire fortement de l’univers cinématographique comme le prouve les nombreuses références au genre. Ici, c’est la thématique de l’enfance qui est mise en valeur dans un univers fantastique. D’ailleurs, les interprétations des textes rappellent l’univers de Tim Burton comme sur “Scaretale”. On a franchement l’impression d’être à la fête foraine. Sur ce même morceau, le côté théâtral est poussé à son paroxysme par le “jeu d’acteurs” des deux chanteurs qui donnent une impression presque malsaine à la limite du cauchemar. Le disque s’achève sur un medley instrumental, reprenant les thèmes musicaux abordés durant tout l’opus.

 

 Il y a tellement de choses à dire sur cet album qu’il serait présomptueux d’en faire une chronique exhaustive. En effet, un opus aussi riche et complexe ne peut se limiter à ses quelques lignes. Si vous avez besoin de dépaysement, embarquez dans l’univers de “Imaginaerum”, fermez les yeux et laissez-vous guider par le chef d’orchestre, Tuomas, qui d’une main de maître, saura vous redonner votre âme d’enfant.

Informations

Label : Nuclear Blast
Date de sortie : 05/12/2011
Site web : www.nightwish.com

Notre sélection

  • Storytime
  • Ghost River
  • Last Ride Of The Day

Note RUL

5/5