
“They only get better and better”, lâche Justin Hayward-Young, frontman de The Vaccines, peu avant de quitter la scène. Une phrase qui résonne comme une promesse. Ce 14 novembre, l’Adidas Arena s’est transformée en cathédrale folk rock, accueillant les très attendus Mumford & Sons, venus défendre leur dernier album Rushmere. Une soirée placée sous le signe de la communion, du frisson et de la lumière, précédée par deux premières parties aux accents contrastés.
The Barr Brothers
C’est dans une salle encore clairsemée que THE BARR BROTHERS ont ouvert le bal. Le quatuor canadien, originaire de Montréal, a offert une parenthèse délicate, presque contemplative, avec cinq titres aux sonorités folk épurées. Leur musique, cousine éloignée de celle des têtes d’affiche, a doucement caressé les oreilles des premiers arrivants, qui les encouragent tout au long du set. Parmi les morceaux joués, on retrouve leur titre le plus populaire “Even The Darkness Has Arms” et “You Would Have To Lose Your Mind”, deux titres qui résument bien leur univers intimiste.
Côté scénographie, c’est très simple : le groupe évolue au milieu de lampes sur pied, créant une atmosphère chaleureuse et feutrée. Timides mais sincères, les Barr Brothers glissent une brève annonce pour leur concert au Point Éphémère en avril prochain, avant de quitter la scène comme ils étaient venus : avec humilité. Une entrée en matière discrète mais cohérente, qui pose les bases d’une soirée placée sous le signe de l’émotion.
The Vaccines
Changement radical avec THE VACCINES, qui prennent le relais après une courte interlude, avec une fougue typiquement britannique. Lunettes de soleil vissées sur le nez, Justin Hayward-Young insuffle une énergie contagieuse, même si l’ambiance met du temps à décoller dans une salle encore en phase d’installation (peut-être moins réceptive à leur indie rock pur jus et à ce côté dandy parfaitement incarné par le frontman). La configuration n’aide pas : le groupe semble presque trop petit sur une scène trop large pour lui.
Heureusement, les fans, bien présents (notamment un groupe de jeunes filles en gradins), répondent à l’appel et chantent à tue-tête sur les classiques comme “If You Wanna” ou “Post Break-Up Sex”. Plein de fougue, le groupe maintient un excellent rythme, et encourage régulièrement le public à taper dans les mains. Les jeux de lumières, simples mais efficaces, soulignent une setlist bien ficelée, dominée par des titres phares, tandis que certains effets de reverb sur la voix apportent une résonance hypnotique qui enveloppe l’atmosphère. Un set solide, qui contraste avec la douceur folk des Barr Brothers et la grandeur à venir de Mumford & Sons, mais qui prépare le terrain avec panache pour les maîtres de cérémonie.
Mumford & Sons
Quand MUMFORD & SONS foulent la scène, le décor s’impose d’emblée : une architecture à trois niveaux qui donne de la profondeur au show. Le premier niveau, au ras du sol, sert de prolongement vers le public. Juste au-dessus, le deuxième niveau accueille le cœur du groupe : Mumford à la guitare et à la grosse caisse, Ben Lovett derrière son clavier, Ted Dwayne à la basse. Derrière eux, sur un troisième plateau légèrement surélevé, les musiciens qui les accompagnent prennent place, presque dans l’ombre.
La scénographie se dévoile par touches : les extrémités s’illuminent, des symboles lumineux (étoiles, cœurs, ou encore notes de musique) apparaissent sur le sol, tandis que des guirlandes de lumière s’étirent au dessus de la scène jusqu’au milieu de la fosse, créant un lien visuel avec le public. Et pour ouvrir le bal, surprise : un inédit, “Run Together”, issu du prochain album attendu en février. À la première écoute, on croirait presque à un morceau de Sigh No More, leur premier album. Ce qui confirme ce que Rushmere laissait présager : un retour aux racines, après des années d’expérimentations. Puis vient “Babel”, qui électrise la foule avec ses mélodies enjouées.
La scénographie reste sobre jusqu’à “Rushmere”, où le spectacle prend une dimension plus spectaculaire : deux écrans latéraux s’allument, et une immense structure métallique ornée de néons descend lentement au-dessus de la scène. Elle s’illumine au refrain, révélant des cœurs rouges, des étoiles, des oiseaux et des fleurs, en parfaite adéquation avec la direction artistique du groupe. Un effet wahou qui apporte une touche lumineuse et poétique supplémentaire à l’arena.
La première partie du set aligne des incontournables : “Hopeless Wanderer”, “Believe” (avec la salle éclairée par les lampes des téléphones), “Little Lion Man” ou encore “Lover Of The Light”, où Marcus Mumford, fidèle à son habitude, passe derrière la batterie. Et quel plaisir d’entendre sa voix : puissante, chaleureuse, fidèle aux versions studio, mais avec cette intensité brute qui ne s’apprivoise qu’en live. Mention spéciale à “Truth”, extrait de Rushmere, qui réussit la transition à la scène live avec brio : un titre plus rugueux, porté par une basse marquée et des effets pyro inattendus pour le groupe. Chaque morceau bénéficie d’un jeu de lumière calibré, et la structure lumineuse évolue au fil du set : sur “Lover Of The Light”, seuls les cœurs rouges scintillent, tandis que les écrans latéraux disparaissent pour laisser place à un écran central pour le reste du concert.
Marcus Mumford, très à l’aise en français, prend régulièrement la parole avec humour et charme, partageant des anecdotes savoureuses sur ses cours de français et plaisantant sur les nombreuses fois où son professeur le réprimandait. C’est comme s’il échangeait avec l’audience comme avec des amis de longue date. Ben Lovett intervient brièvement pour rappeler combien Paris et la France comptent pour le groupe. Puis, cette première partie se conclut sur un autre inédit : “Here”, qui laisse présager un disque riche en émotions.
“Vendredi soir à Paris … Quand même !”
Après une première partie chargée en hits, le groupe quitte la scène principale pour rejoindre la stage B, au fond de la fosse, devant la régie. Saluant l’audience au passage, ils offrent un set acoustique intimiste : “Ghosts That We Knew”, “Guiding Light”, puis “Caroline”, qui relance l’ambiance avec énergie. Retour ensuite sur la grande scène pour un enchaînement plus varié : “White Blank Page” (avec les “har har har” repris en chœur), des titres rock comme “Ditmas” et “The Wolf” (avec de nouveau un final surprenant en pyro), et des pépites folk comme “The Cave” ou “Roll Away Your Stone”. Mention spéciale à “Delta”, sublimée par une boule disco et un Marcus Mumford toujours aussi habité dans sa performance.
Après “The Wolf”, pendant que la salle plonge dans un clair-obscur, le public, lui n’est pas encore prêt à dire au revoir. Les lampes des téléphones s’allument, et on entend les “har har har” résonner. Puis, c’est l’heure du rappel qui démarre avec “Timshel”, interprété à trois voix autour d’un seul micro posé à l’avant de la scène, puis le dernier single “Rubber Band Man”, avant le classique “Awake My Soul” et le très attendu “I Will Wait”, reprise en fanfare par toute l’arena. Enfin, après un show très généreux de près de 2 heures et en guise d’adieu, le groupe nous offre un dernier inédit : “Conversation With My Son (Gangsters & Angels)”, qui clôture le concert sur une note forte et intime.
La promesse d’un bel album à venir
Avec pas moins de quatre nouveaux titres joués alors que nous sommes sur la tournée promotionnelle de Rushmere (dont seulement trois morceaux ont été interprétés), le groupe affiche une confiance totale dans son prochain album. Et après un tel concert, une chose est sûre : vivement le prochain rendez-vous ! Si Rushmere était déjà une belle étape, ce qui arrive promet d’être encore plus beau.


















