Royal Republic – The Blastbeaters

Royal Republic, les Suédois rois du riff catchy et du second degré, reviennent avec un projet complètement barré : The Blastbeaters. Ici on prend quatre classiques disco et on les propulse dans un univers rock survitaminé, avec un clin d’œil permanent à l’absurde. Entre paillettes et guitares qui rugissent, c’est un cocktail explosif qui sent la dérision à plein nez. Mais est-ce que ça tient la route ?

“Venus” – Titre “vanilla” sous stéroïdes rock

Dès les premières secondes, on comprend que Royal Republic s’amuse : riffs costauds, batterie qui cavale, et un chant qui oscille entre ironie et puissance. La mélodie originale est respectée, mais emballée dans un mur de son qui sent la sueur et la bière. Le contraste est hilarant, et la production garde un groove qui empêche le morceau de sombrer dans le chaos.

“I’m So Excited” – Les Pointer Sisters en mode pogo

Ici, Royal Republic pousse le curseur du fun à fond. Le groove disco survit sous la furie rock, et c’est ce qui rend le titre irrésistible. L’énergie est contagieuse, et le refrain est taillé pour le live. Le groupe a d’ailleurs eu l’opportunité de tester les morceaux sur différents concerts. Néanmoins, le mix volontairement brut peut fatiguer sur la longueur, surtout si on enchaîne les quatre titres. Un peu plus de nuances aurait donné du relief à la totalité de l’EP.

“Stayin’ Alive” – Les Bee Gees survivent… au chaos rock

Le pari le plus risqué du projet : transformer un hymne disco en machine à pogo. Et ça marche ! Les “Ah, ah, ah, ah” deviennent des refrains scandés hyper dynamiques. Le tempo est accéléré, mais le groove reste perceptible, ce qui sauve l’essence du morceau. Le contraste est hilarant et techniquement bien exécuté. Le pont instrumental est une réussite, avec un clin d’œil funk qui rappelle l’original. Si vous êtes puriste du disco, préparez-vous à un choc (ou à un fou rire) !

“Go West” – Pet Shop Boys en mode festif rock

L’EP se clôture en beauté avec un titre qui passe du kitsch absolu à la furie rock. Les chœurs sont remplacés par des refrains scandés, mais l’esprit festif reste là, sous une couche de chaos assumé. Royal Republic s’amuse avec les codes, et ça s’entend : c’est grandiloquent, presque théâtral. Le côté imprévisible est jouissif, et la technique est là. Le final en crescendo est parfait pour conclure ce délire. Mais ce morceau reste presque le plus faible de l’EP.

The Blastbeaters, c’est un ovni musical : drôle, barré, et techniquement solide. Royal Republic prouve qu’on peut être sérieux sans se prendre au sérieux. Ce projet est une déclaration d’amour au rock et à la liberté créative : on prend des tubes disco cultes, on les passe à la moulinette des riffs, et on en fait un spectacle sonore qui ne ressemble à rien d’autre. Ce n’est pas un disque à écouter pour la virtuosité ou la profondeur des textes, mais pour le plaisir pur et simple de voir un groupe s’éclater sans contrainte. C’est une bouffée d’air frais dans un paysage musical parfois trop formaté : un rappel que la musique peut être fun, absurde et brillante à la fois.