
Ce jeudi l’Elysée Montmartre s’est fait théâtre du rock. The Darkness, en tournée pour défendre Dreams On Toast, a livré une prestation à la fois virtuose et pleine d’élan entre puissance maîtrisée et communion totale. Deux décennies après Permission To Land, le groupe prouve que la magie Hawkins opère toujours.
Dea Matrona
19h30 tapantes, DEA MATRONA prend possession de la scène. Deux musiciennes en front line (basse et guitare) épaulées par un batteur et un second guitariste. Le ton est donné dès les premières mesures proposant un rock franc avec de gros riffs. Le duo féminin se partage le chant alternant et croisant les voix avec une complète aisance. Cette double harmonie devient rapidement leur signature apportant une couleur à la fois brute et lumineuse à leur set.
Les Irlandaises enchaînent sans temps mort alternant morceaux nerveux et refrains accrocheurs. Puis, au milieu du set, la tension retombe pour une belle respiration acoustique : les deux chanteuses restent seules sur scène pour interpréter “Glory Glory” une ballade empreinte de mélancolie celtique portée par des harmonies qui évoquent les grands paysages irlandais vastes et brumeux. Un moment suspendu qui conquiert la salle en douceur.
Mais pas question de finir sur cette note apaisée. Les garçons reviennent derrière elles pour un dernier titre qui déferle comme une vague porté par un riff digne d’un “Eye Of The Tiger” version garage rock assez irrésistible pour faire bouger enfin les têtes d’un Elysée Montmartre jusque-là encore timide.
The Darkness
A quelques minutes du lancement, l’Elysée Montmartre bruisse sur “Killing In The Name” de Rage Against The Machine puis quelques classiques de Black Sabbath. Une bande-son d’attente qui fait monter une drôle d’électricité, presque solennelle. 20h30, les lumières chutent et “Arrival” d’ABBA s’installe pour introduire l’arrivée sur scène de THE DARKNESS qui déboule sans crier gare. Sur scène, un décor minimal composé d’un drap à l’effigie du groupe en fond. Rien de plus, si ce n’est l’autodérision qui définit le frontman Justin Hawkins qui capte immédiatement l’auditoire. Le frontman propose de choisir la langue du show : “French or English ?“. Le public opte sans hésiter pour le français, et il s’en sort étonnamment bien.
Les Anglais se donnent dès le début du set. Justin Hawkins surprend avec cette figure improbable de “clap” avec les pieds en équilibre sur les mains, avant de retomber sur ses pattes pour hurler le refrain de “Get Your Hands Off My Woman”. La soirée a son ton : virtuose et extravagante.
Un pont entre deux époques
Comme traditionnellement sur cette tournée de The Darkness “Rock N Roll Party Cowboy” ouvre les hostilités pour défendre Dreams On Toast (2025). Le public semble conquis mais encore un peu timide. On guette le moment où les corps vont vraiment se délier. La setlist défile alors les tubes de Permission To Land (2003) entre “Friday Night”, “Love Is Only A Feeling”, l’inévitable “I Believe In A Thing Called Love” que Hawkins présente avec un sourire en coin (“ce morceau nous a rapporté beaucoup d’argent à l’époque“). Les nouveautés de Dreams On Toast s’imbriquent que trop bien dans l’ADN du groupe : “Mortal Dread”, “The Longest Kiss” (qui est un peu raccourcie, dommage) ou encore “Walking Through Fire” et sa chorégraphie officielle dirigée par un Justin Hawkins transformé en chef de troupe prouvent que la nouvelle ère de The Darkness est bien installée dans le cœur des fans.
Entre deux déflagrations, Hawkins donne un cours de chant au public à coups de “Eh-Oh!” façon Freddie Mercury. Il chauffe l’auditoire avant le titre “Friday Night” dont les fans connaissent chaque parole. Et quand surgissent les premières notes de “I Believe In A Thing Called Love” tout se débloque. L’Elysée Montmartre ondule, plus besoin de remettre une pièce dans la machine, elle est bel et bien bien lancée.
Parce que The Darkness aime les clins d’œil, le quatuor surprend son auditoire avec une reprise du riff de “Immigrant Song” de Led Zeppelin. Un clin d’œil plus hommage qu’imitation qui rappelle d’où vient leur amour du riff et de les envolées vocales. Une autre habitude de route de cette tournée est de passer le micro au batteur Rufus Tiger Taylor qui quitte ses tambours pour le devant de la scène sur le morceau “My Only”. Une respiration qui souligne combien la mécanique du quatuor est bien huilée, chacun sachant déplacer le curseur avec précision.
Après une courte sortie de scène, The Darkness revient pour “I Hate Myself” incarnant ainsi une dernière salve d’énergie pure. Un choix idéal pour conclure tant ce titre fédérateur est taillé pour un final explosif. Le public est désormais en fusion. Il saute et chante chaque ligne. La salle entière vibre galvanisée par un groupe qui une heure quarante-cinq durant n’aura jamais relâché la pression.
Ce soir, en sortant de l’Elysée Montmartre, on garde surtout l’image d’un groupe qui s’amuse autant qu’il maîtrise, capable de conjuguer puissance et communion. Plus de vingt ans après ses débuts, The Darkness continue de défendre le hard rock avec exigence et sincérité.
Crédit photo : Izabela Yalin





























