
En cette soirée automnale, la Salle Pleyel s’est transformée en havre de chaleur et de vibrations sudistes. Les sœurs Lovell, fidèles à leur réputation, sont venues réchauffer les cœurs parisiens avec leur folk rock teinté de blues et de soleil. En tournée pour défendre leur dernier et excellent album Bloom, Larkin Poe n’a plus rien à prouver : complicité, puissance et surprises étaient au rendez-vous pour une soirée qu’on n’est pas près d’oublier.
Son Little
La scène est déjà prête pour accueillir les Lovell, mais c’est SON LITTLE qui lance la soirée, accompagné de deux musiciens : l’un à la basse et aux claviers, l’autre à la batterie. L’artiste capte très rapidement l’attention du public et installe une ambiance groove, feutrée et hypnotique, soutenue par des lumières tamisées qui enveloppent la salle d’un halo intimiste.
Avec élégance, il prend soin d’introduire ses compagnons de scène à plusieurs reprises, bien que les projecteurs semblent étrangement les ignorer. Le set navigue entre douceur et intensité, avec des titres comme “Whip The Wind”, “The Middle” ou “Lay Down”.
Un petit incident technique arrive en milieu de set (à savoir un câble de guitare récalcitrant qui interrompt brièvement le flux), mais Son Little reprend avec calme et assurance, encouragé par un public bienveillant. Il conclut son set par une “long epic song“, véritable crescendo émotionnel, avant de s’assurer une dernière fois que le public parisien se souviendra bien de son nom.
Larkin Poe : Bloom
Sur scène, le décor est soigné : un fond rouge orné de fleurs évoque le thème de la soirée, tandis que des plantes vertes disposées près des instruments ajoutent une touche organique et chaleureuse. Lorsque les lumières s’éteignent, un medley de chansons évoquant les “wild flowers” et le thème central de la soirée accompagne l’entrée des musiciens. Le ton est donné : ce concert est une ode au dernier album de LARKIN POE, joué presque dans son intégralité.
Dès “Nowhere Fast”, l’ambiance s’installe. Les sœurs Lovell rayonnent, affichant une complicité évidente et une “cool attitude” qui séduit instantanément le public parisien. Le son est impeccable, les instruments parfaitement équilibrés, et le lap steel de Megan résonne avec une précision et une émotion qui captivent.
“Mockingbird”, présenté comme un morceau “très important” pour elles, enfonce le clou. L’énergie est palpable, entre rock americana et blues moderne, et chaque titre semble gagner en intensité. Rebecca, volubile et chaleureuse, ponctue chaque morceau d’anecdotes et d’échanges avec le public, comme si elle parlait à des amis. Elle confie notamment que si la tournée arrive tard après la sortie de l’album, c’est parce qu’elle a donné naissance à son premier enfant, présent ce soir dans la salle. Ce moment intime donne une résonance particulière à “If God Is A Woman”, qu’elle dédie à toutes les femmes.
La première partie du set se poursuit avec un choix cohérents de titres lumineux et d’autres plus plus rugueux et groovy comme “Bluephoria”. Les présentations de tous les musiciens sur scène se fait également en musique et “Deep Stays Down” vient clore cette première partie de set avec une ambiance introspective et des riffs marqués, avant que le groupe ne bascule vers une session acoustique.
Acoustique à la tradition bluegrass
Déjà expérimentée lors de la précédente tournée, la séquence acoustique est un moment suspendu. Tous les musiciens se regroupent autour d’un seul micro, dans la pure tradition bluegrass. Guitares, contrebasse, banjo et mandoline s’invitent sur scène, pour une parenthèse plus épurée mais tout aussi vibrante.
Le groupe entame “Southern Comfort”, mais un souci technique les pousse à recommencer. En attendant, Rebecca improvise un extrait de “Wicked Game” de Chris Isaak, repris en chœur par l’auditoire dans une belle communion. Une fois le problème réglé, le programme reprend son cours, avec une cohésion remarquable entre les musiciens. Tout le monde chante, tout le monde vibre.
On retient particulièrement “Mad As A Hatter”, qui aborde le thème des maladies mentales, un sujet cher au groupe et à son audience, qui leur a souvent partagé ses histoires. La session se termine par un titre inédit, écrit spécialement pour la tournée et encore non disponible : “Devil Music”, un morceau fun et narratif, au rythme varié et au refrain entêtant. Un vrai cadeau pour les fans, d’autant plus que Paris est la sixième ville à l’entendre.
Amour fraternel
La transition vers la dernière partie du concert se fait sans coupure. Le groupe surprend avec un snippet de “War Pigs” en hommage à Ozzy Osbourne, avant d’enchaîner avec une série de morceaux plus longs et plus enflammés. “Bad Spell”, “Pearls” et “Bolt Cutters & The Family Name” s’enchaînent avec puissance. Sur ce dernier, Rebecca invite l’assemblée à chanter avec elle : “woo woo, yeah yeah yeah“, un refrain repris avec ferveur même après leur sortie de scène.
L’encore est bref mais poignant : une seule chanson, “Bloom Again”, la première écrite pour l’album. Moins rock, plus douce, elle conclut parfaitement la soirée. Un moment de grâce où toute la complicité des sœurs s’exprime : Megan caresse brièvement la joue de Rebecca pendant le premier couplet. Un geste tendre, discret, mais très touchant.
Une chose est sûre : Larkin Poe a du panache, et ce concert à la Salle Pleyel en est une nouvelle preuve éclatante. Entre puissance électrique, moments suspendus et amour fraternel, le groupe a su illuminer cette soirée automnale avec une sincérité rare et une énergie contagieuse.































