N’allez surtout pas dans la forêt… à moins d’être prêt à affronter le nouvel album déjanté d’Avatar. Trois ans après le très dansant Dance Devil Dance (2023), le cirque metal suédois revient avec un disque qui bouscule les codes et affirme plus que jamais son identité.
Un freakshow disco
Dès les premières notes, l’ambiance de fête foraine s’impose comme le véritable fil rouge de l’album. L’ouverture, portée par la mélodie entêtante à la flûte de “Tonight We Must Be Warriors”, mêle chant clair et growl, galvanisant l’auditeur avec ses paroles héroïques.
Le cœur de l’ensemble reste intense, révélant des morceaux à la fois groovy et envoûtants. L’intro de “Captain Goat”, qui avec ses harmonies rappelle les chants marins, est portée par un riff de guitare qui évoque le mouvement régulier des vagues. Difficile de ne pas bouger la tête !
Mais la fête commence réellement avec la chanson éponyme “Don’t Go In The Forest”. Les lignes de basse ultra catchy transforment littéralement l’écoute en piste de danse, avec un refrain pop et entraînant. La fête s’intensifie avec le single “Death & Glitz” qui saupoudre de paillettes ce récit morbide. Le rythme constant de la batterie a un effet hypnotisant et disco, aussi accrocheur qu’un morceau de leurs compatriotes suédois ABBA.
Après un tel échauffement, le groupe renforce les hostilités avec “Abduction Song”, morceau plus death, taillé pour les pogos. Johannes Eckerström y livre une démonstration impressionnante de sa maîtrise vocale, alternant un chant saturé et grave dans les couplets et un chant clair et aérien dans les refrains. Pensée pour le live, la chanson offre également un break lourd, suivi d’un solo digne d’Avatar. Les guitares chantantes de Jonas Jarlsby et Tim Öhrström entonnent en chœur une mélodie enivrante, apportant volume et volupté au morceau.
Avatar conclut ce disque novateur avec une fin audacieuse. Avec ce titre plus progressif, le groupe expose toute sa richesse musicale. “Magic Lantern” plonge l’auditeur dans un univers planant, comme si la fête s’éteignait doucement avec ses lumières. Cet outro laisse derrière lui une atmosphère suspendue entre euphorie et contemplation, concluant l’album sur une note à la fois rêveuse et captivante.
Un échappatoire décalé
Chez Avatar, l’identité sonore ne constitue qu’une partie du spectacle. Depuis plus d’une décennie, le groupe s’impose également comme un véritable projet visuel. Au centre de cet univers, le clown incarné par Johannes Eckerström, apparu avec Black Waltz en 2012, reste l’élément phare. Théâtral et inquiétant, ce personnage incarne à lui seul l’essence du cirque metal d’Avatar. Sur la pochette de ce nouvel album, l’écho à Pennywise de Stephen King est évident : ballon rouge, sourire carnassier et aura dérangeante, oscillant entre horreur et fascination.
Mais la force d’Avatar, c’est aussi son travail d’image. Fidèle au réalisateur Johan Carlén, le groupe continue de casser les codes du clip metal traditionnel. Chacun des quatre singles bénéficie d’un clip audacieux et bourré de références : du Magicien d’Oz à Mary Poppins, en passant par des clins d’œil au cinéma expressionniste et aux vieux shows télé. Le résultat : un univers unique, à la fois théâtral, pop et profondément cinématographique.
Derrière les paillettes, l’intention reste claire : offrir un échappatoire. Dans un monde toujours plus sombre, Avatar invite à danser plutôt qu’à s’enfoncer dans la forêt. Don’t Go In The Forest mêle légèreté et mélodies aux riffs massifs et groovy qui font la signature du groupe. On reconnaît le son, on reconnaît l’esthétique, et pourtant tout semble réinventé : un renouveau audacieux, à la fois cohérent et surprenant, qui prouve que le cirque n’a pas fini de tourner.
Informations
Label : Thirty Tigers
Date de sortie : 31/10/2025
Site web : avatarmetal.com
Notre sélection
- Don’t Go In The Forest
- Abduction Song
- Death And Glitz
Note RUL
4,5/5







Avatar ont été capable de créer un univers propre à eux, depuis plusieurs années, tout en ayant diversifié et ajouté de l’originalité sur chacun de leurs albums. C’est une vraie partie de plaisir de replonger dans leurs anciens projets comme je le fais souvent, mais c’est tout aussi agréable d’écouter leurs travaux plus récents et de constater leur évolution.
Super chronique ! Hâte d’en lire d’avantage venant de Mlle ALLET, car elle sait de quoi elle parle 😉