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Perturbator – Age Of Aquarius

Le phénomène darksynth Perturbator, mené par le Franco-Britannique James Kent, fait son retour avec un sixième album : Age Of Aquarius. Derrière ce titre chargé de mysticisme se cache une référence directe à l’Ère du Verseau, symbole d’un monde en transformation tiraillé entre progrès technologique et éveil collectif. Avec ce nouveau disque, Perturbator ouvre un portail vers un futur sombre et inquiétant, posant une vision apocalyptique sur une humanité au bord de sa propre transcendance.

Dans les profondeurs de la darksynth

Depuis ses débuts, James Kent façonne avec Perturbator une fusion musicale audacieuse mêlant électro, metal extrême et musique industrielle, pour donner naissance à une darksynth singulière. Puisant dans l’imaginaire du cinéma de genre des années 1980, Kent érige une esthétique cyberpunk et dystopique, saturée de néons et de désespoir. Le synthé, moteur de l’album, sculpte des ambiances aussi oppressantes que mélancoliques.

Cette nouvelle production de Perturbator tire aussi sa force de quatre collaborations prestigieuses. On y retrouve Kristoffer Rygg (Ulver), qui apporte une touche ésotérique et new wave, et Tristan Shone (Author & Punisher), dont les textures mécaniques renforcent la dimension industrielle du disque. James Kent renoue également avec Greta Link sur “Lady Moon”, après leur célèbre duo sur “Venger” (The Uncanny Valley, 2016). Sa voix éthérée insuffle une aura gothique et spectrale, contrastant avec la densité de l’album. Mais c’est Neige (Alcest) qui signe la dernière incantation : le morceau éponyme “Age Of Aquarius” propose une fin lumineuse quoique teintée de désespoir.  

Un misanthropisme éthéré

Les thématiques du conflit et de la misanthropie transpirent dès le premier titre “Apocalypse Now”, qui fait sans doute un clin d’œil au film culte de Francis Ford Coppola (1979). Celui-ci crée un paradoxe en ouvrant l’ensemble sur la fin du monde. Les riffs envoûtants et les paroles cycliques évoquent une guerre éternelle, à la fois origine et fin de toute chose.

Cette réflexion sur la violence résonne dans “The Art Of War”, où le clip transforme le champ de bataille en une œuvre d’art fragile. Les armes y sont décorées comme de la porcelaine bleue et blanche. Un contraste brutal entre le beau et le tragique, symbole d’un monde prêt à éclater sous sa propre tension. Cet univers se prolonge dans les teintes bleues néon glaciales de la pochette, métaphore visuelle de la mort et de la désolation. Derrière cette froideur se cache un constat sans appel : dans l’univers de Age Of Aquarius, l’espoir est mort. C’est ce que défend le titre de “Mors Ultima Ratio” ou la mort est l’ultime solution. Le seul espoir réside dans cette musique hypnotique, qui continue de résonner bien après la dernière note. 

Pendant une heure hors du temps, cet album plonge l’auditeur dans un futur pessimiste, où l’humain est relégué à l’arrière-plan. Largement instrumental, Age Of Aquarius trouve son souffle dans les quatre morceaux chantés, intenses et émouvants. Perturbator y déploie un paysage sonore à la fois sublime et désespéré, où la mélancolie devient une arme.

Informations

Label : Nuclear Blast
Date de sortie : 10/10/2025
Site web : perturbator.com

Notre sélection

  • Lady Moon
  • Venus
  • The Art Of War

Note RUL

 4/5

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Lucie Allet
Tombée dans la marmite du metal dès mon plus jeune âge, je l’aime sous toutes ses formes et j’essaie de transmettre sa passion, sa force et sa sincérité dans mes chroniques.