On pensait la saison des festivals officiellement terminée. Et pourtant, c’est une affiche digne d’un mini fest qui attend ce soir les fans de la scène core. Killswitch Engage, qui vient de fêter ses 25 ans d’existence, reprend la route pour défendre This Consequence, sorti en janvier dernier. Généreux, le groupe embarque avec lui Employed To Serve, Decapitated et Fit For An Autopsy. Direction le Bataclan pour une soirée d’anthologie.
Employed To Serve
Avec un programme aussi dense, impossible de s’offrir le luxe du retard. A 18h30 pétantes, EMPLOYED TO SERVE monte sur scène devant un Bataclan quasi vide. Pas le luxe de s’éparpiller non plus : Les Anglais livrent un court set de six morceaux dont quatre issus de leur dernier album Fallen Star.
Justine Jones, galvanise son groupe et provoque le public de ses growls hargneux. Et les efforts finissent par payer. “Sun Up To Sun Down” verra naître le premier wall of death de la soirée. Presque comique au vu de l’espace démesuré pour le nombre de participants, l’initiative aura le mérite de réveiller une fosse jusque-là bien molle et peu convaincue.
En bon produit d’appel, le set s’achève sur l’efficace “Whose Side Are You On?” avec une apparition “surprise” de Jesse Leach. Également en featuring sur l’album, il aurait été dommage de se priver. Un petit bonbon qui fera oublier les balbutiements d’un set contrasté et fera partir le groupe sous les applaudissements.
Decapitated
Après une courte pause, les lumières s’éteignent et DECAPITATED entre sur scène sur l’introduction martiale “From The Nothingness With Love”. Bien qu’un peu à part sur cette affiche “core“, le groupe de technical death metal s’apprête à dérouler un show dévastateur. Eemeli Bodde, chanteur attitré depuis l’hiver 2024, est désormais bien rôdé à l’exercice. A l’aise et charismatique, il instaure une connexion immédiate avec le public dès le coup de massue “Cancer Culture”.
Aidé par un show light traditionnel mais immersif, les Polonais enchaînent bangers sur bangers. “Earth Scar” et “Suicidal Space Program” bénéficient d’une réception énergique, mais le véritable temps fort du set se trouve ailleurs : l’implacable “Spheres Of Madness”. Un moment de transe partagée pour une performance hypnotique de ce morceau culte au mid-tempo meurtrier.
Le bulldozer Decapitated sort de scène avec le hargneux “Iconoclast”. Après vérification, nos têtes sont encore sur nos épaules. Mais à quelques headbangs près, elles auraient bien pu rouler ! Une belle session de rattrapage pour ceux qui auraient manqué leur passage en juin dernier à La Machine Du Moulin Rouge.
Fit For An Autopsy
Le Bataclan, désormais presque plein, est mûr pour la prochaine claque de la soirée : FIT FOR AN AUTOPSY. Le groupe de Jersey City vient défendre The Nothing That Is, sorti en octobre 2024. Portés par la présence ogresque de Joe Badolato, les musiciens livrent une performance furieuse. Leur alliance de deathcore et d’influences progs, voire sludge, frappe le public plus fort que le marteau sur son enclume. Après un passage remarqué au Hellfest 2025, le groupe semble prêt à ne faire qu’une bouchée de Paris.
La tournée actuelle marque également l’entrée en setlist du single inédit “It Comes For You”. La fosse, survoltée, s’adonne à un circle pit effréné et l’énergie ne faiblit plus. En hauteur sur les praticables, Badolato, en démiurge faiseur de tempêtes, observe le pit se livrer à d’intenses batailles sur “Red Horizon” ou encore sur breakdown punitif de “Pandora”. L’influence de Gojira résonne sur le captivant “Far From Heaven” puis marque la fin des hostilités.
Dépassant les clichés caricaturaux du deathcore, Fit For An Autopsy fait preuve du mérite de sa carrure internationale. C’est sonné et avec l’impression que le ciel nous est tombé sur la tête que l’on part en quête d’un breuvage rafraîchissant. Une pause désaltérante bien méritée avant d’attaquer le plat de résistance.
Killswitch Engage
Il est 21h10 quand le public, cuit à point par les trois concerts précédents, entend résonner “Won’t Get Fooled Again” des Who. KILLSWITCH ENGAGE prend place sur scène et entame son set avec le puissant “Strength Of The Mind”. Communion immédiate. Les corps s’entrechoquent, les voix s’époumonent et les bières volent. Visiblement heureux d’être là, le groupe semble survolté. Fidèle à sa réputation, Adam D. assure le show. Avec son désormais célèbre bandeau en mousse “Beer” et son moqueur T-shirt “I’m with stupid“, l’hyperactif guitariste bondit dans tous les recoins de la scène. Il plaisante, chante avec l’auditoire, et s’amuse avec sa guitare avec la facilité espiègle qui le caractérise.
Une connexion émouvante avec les fans
Réceptif et organique, le Bataclan devient un membre à part entière du groupe. Un parterre mouvant qui scande chaque refrain et chante chaque mot. Ne faisant qu’un avec l’auditoire, Jesse Leach termine “Fixation On The Darkness” porté par la foule. Plus tard, c’est “Hate By Design” qui provoquera une hystérie communicative.
Sans jamais briser le charme, les morceaux du récent This Consequence s’intègrent parfaitement dans la setlist. Mention spéciale à “Broken Glass” qui prend une dimension nouvelle en live. Un titre insidieux, qui flirte avec les sonorités grunge d’Alice In Chains. Une véritable redécouverte. Également issu du dernier album, le galvanisant “I Believe” a aussi le droit à son moment de gloire. Entendu dans le public, quelques secondes après la dernière note : “Il va me faire chialer”. Preuve, s’il en fallait, de la force émotionnelle du groupe.
Force est de constater, ce soir, que les morceaux du quintette ont dépassé leurs auteurs. Le run de fin est une véritable messe. “Arms Of Sorrow”, “In Due Time”, “My Curse”, et “My Last Serenade” seront repris en cœur par le public dans un élan de communion émouvant.
Loin d’être un “nostalgia act“, Killswitch Engage confirme son statut de vétéran tout en restant une référence vivante dans une scène core de plus en plus compétitive. C’est avec des étoiles dans les yeux, et les refrains accrocheurs encore en tête, que l’on se dirige vers la sortie. En pensant à tous les souvenirs que nous avons vécu avec Killswitch… et tous ceux encore à venir.
Crédit photo : Brookelynn Bliss
