Si l’on s’en réfère aux manuels de biologie, l’adolescence commence aux alentours des dix ans. Avec l’arrivée de ces grands chamboulements hormonaux, une volonté d’indépendance, une certaine tendance à l’irascibilité et un fort sentiment d’invulnérabilité. Une période charnière et tumultueuse, propice à la prise de risques et aux expérimentations. Du haut de ses douze années d’existence, Orbit Culture ne déroge pas à la règle. Pour incarner cette crise identitaire, le groupe dévoile Death Above Life, une première sortie en major sous l’égide de Century Media Records. Un cinquième album voulu comme “un changement, une nouvelle étape” dans l’évolution d’un groupe que beaucoup considèrent comme la future grande révélation.
Thall but true
Comme le dit l’adage, choisir c’est renoncer. Et le groupe, assoiffé de grandes scènes et récemment nourri aux tournées avec Slipknot, Machine Head, Fear Factory ou encore Trivium et Bullet For My Valentine, a visiblement choisi son camp. Prendre du recul pour enfin entrer dans la cour des grands.
Pour la première fois, le frontman Niklas Karlsson lâche sa casquette de producteur/mixer pour confier la barre à Buster Odeholm. Ingé son de référence dans le metal extrême moderne, il est le mastermind hyperproductif derrière Humanity’s Last Breath. Également batteur de thrown et de Vildhjarta, c’est une des figures les plus emblématique du son Thall, un dérivé extrême du djent.
La production pantagruélique, à la limite du sound design, sert la plus grande force du groupe : le groove. Une énergie cinétique se met en œuvre. “Bloodhound”, avec sa violence désinhibée et sa rythmique punitive, réussit à faire ce que Slipknot n’arrive plus à faire depuis vingt ans. Plus loin, le single “Hydra” invoque les grands esprits du thrash pour livrer un “Sad But True” 2.0, une pulsation implacable qui fera headbanger les anciens les plus jeunes. La batterie est monumentale. La basse évoque davantage un tremblement de terre qu’un instrument à cordes, et les guitares sont tout bonnement pachydermiques. Sur les passages groovy des titres “Nerve” et “Inside The Waves”, c’est une force tellurique et primale qui ne laisse aucun autre choix que celui de se démettre les cervicales. Ou de booty shaker, au choix.
Orbit Culture est passé maître dans l’art de créer une ambiance et d’exploiter un rythme jusqu’à ses derniers retranchements. Mais cette pratique a des limites. Le titre éponyme, “Death Above Life”, en est l’exemple parfait. Ce morceau d’inspiration thall voit la formation suédoise sombrer dans 5 minutes d’une redite monotone, concentrant tous les reproches des détracteurs du groupe. N’est pas Meshuggah qui veut.
De l’importance de la famille
Ouvrir un tel album n’est pas chose évidente. C’est l’excellent opener “Inferna” qui se charge des présentations. Un morceau riche, prémisse des aventures à venir qui navigue entre groove, melodeath, deathcore, et textures contemplatives. Le groupe injecte avec habileté tous les éléments qui ont fait sa gloire tout en s’employant à moderniser son approche.
Plus qu’une simple liste de références, c’est un véritable fil d’Ariane qui est tissé au travers des dix titres de ce disque. Les ombres évidentes de Papa Het et de Metallica planent au dessus de nombreux titres. Le torrentiel “Inside The Waves” est un bras de fer entre Parkway Drive et Trivium. “Neural Collapse” pourrait figurer sur une photo de famille entre Slipknot, Fear Factory et Testament. “The Storm”, quant à lui, revisite avec plus ou moins de réussite le melodeath conquérant façon Amon Amarth… Et la liste pourrait s’allonger tant les influences sont nombreuses. Preuve d’une passion intacte et dévorante doublée d’un grand respect pour la musique metal et ses grandes figures.
Exempt de gimmick inutiles -miracle, aucun “Blegh!” à déplorer- Death Above Life transpire l’authenticité. Les Suédois réussissent l’exploit de s’inscrire dans le paysage musical moderne, sans jamais trahir leurs racines old school. Avec ce cinquième album, Orbit Culture se donne enfin les moyens de ses ambitions et s’invite, fièrement, à la table des adultes. Un disque sans concession pour une déclaration de foi affamée, animale et habitée.
Informations
Label : Century Media Records
Date de sortie : 03/10/2025
Site web : www.orbitculture.com
Notre sélection
- Bloodhound
- Hydra
- Neural Collapse
Note RUL
4,5/5