Après les larmes XXL de The Tortured Poets Department, Taylor Swift a décidé de sortir les paillettes et le sourire Colgate. The Life Of A Showgirl marque son retour aux bangers pop avec Max Martin et Shellback, le duo derrière ses plus gros tubes de la décennie 2010. Douze titres, quarante minutes (l’album le plus court de sa carrière), calibrés pour les radios et portés par une artiste qui veut prouver qu’elle peut briller sans drame ni rupture. Sur le papier, ça sent le disque feel good. Dans les faits ? Un album globalement réussi, parfois étincelant, parfois maladroit, mais jamais ennuyeux.
Le retour du duo suédois : sobriété et efficacité
Martin et Shellback connaissent la recette du hit, mais plutôt que de refaire 1989, ils optent ici pour la retenue. Pas de mur de synthés ou de surenchère : les beats sont droits, les basses rondes, les cordes bien dosées. Résultat : Swift est mise en avant, sa voix sonne plus nue, plus claire, souvent doublée en chœurs malins.
Quand la formule prend, c’est imparable : “The Fate Of Ophelia” transforme une tragédie shakespearienne en hymne pop lumineux, “Elizabeth Taylor” marie glamour et drame avec un refrain impeccable, et “Father Figure” livre un règlement de comptes mafieux emballé dans un écrin classieux. Sans chercher à refaire le passé, The Life Of A Showgirl trace son propre chemin, adulte et élégant.
L’amour rayonnant… mais les vieilles rancunes ne meurent jamais
Swift heureuse, c’est assez rare pour être souligné. “Opalite” scintille, “Eldest Daughter” dévoile une tendresse touchante, et “Wi$h Li$t” rêve de vie domestique banlieusarde – deux gosses, un panier de basket – loin des stades et des tabloïds. C’est frais, parfois un peu trop sucré, mais ça respire.
Évidemment, Taylor reste Taylor : les fantômes reviennent. “Father Figure” ressort le dossier Borchetta/Braun, et “Actually Romantic” envoie quelques piques façon cour de récré à Charli XCX. Pas ses textes les plus fins, mais ils rappellent que même heureuse, Swift aime garder une main sur son carnet de rancunes. Et paradoxalement, ce mélange de joie et de piques donne une énergie unique au disque : on sourit, mais on sait que la morsure n’est jamais loin.
Quand ça trébuche : gimmicks faciles et humour potache
Évidemment, tout n’est pas parfait. “Wi$h Li$t” ressemble plus à un inventaire façon rêve pavillonnaire qu’à une vraie chanson, et “Wood” fait sourire plus qu’il ne séduit avec ses allusions graveleuses dignes d’un atelier blagues potaches. Ce sont les moments où la showgirl glisse sur ses talons, mais sans tomber.
L’ensemble reste cohérent et compact : 12 titres qui s’écoutent d’une traite, avec un équilibre entre légèreté, ironie et émotion. Et le final en duo avec Sabrina Carpenter, sur l’éponyme “The Life Of A Showgirl”, redonne de l’ampleur à l’album : mi-hymne, mi-autoportrait lucide d’une star qui se sait immortelle et fatiguée à la fois. Un rideau qui tombe avec panache.
The Life Of A Showgirl n’est pas le chef-d’œuvre annoncé, mais c’est un album lumineux, digeste et souvent réjouissant. La production élégante, la concision bienvenue et les vrais moments de grâce (“Ophelia”, “Elizabeth Taylor”, “Father Figure”) compensent largement les quelques ratés. Taylor Swift prouve qu’elle peut briller sans drame, sourire sans mièvrerie, et livrer un disque pop adulte qui respire la confiance.
La showgirl tient la scène, et même quand elle se plante un peu, le spectacle vaut le détour.
Informations
Label : Universal Music / Polydor
Date de sortie : 03/10/2025
Site web : www.taylorswift.com
Notre sélection
- The Fate Of Ophelia
- Elizabeth Taylor
- Father Figure
Note RUL
3,5/5