ChroniquesSlideshow

Taylor Swift – The Life Of A Showgirl

Après les larmes XXL de The Tortured Poets Department, Taylor Swift troque la mélancolie pour les paillettes. The Life Of A Showgirl marque son retour à la pop frontale aux côtés de Max Martin et Shellback, ses complices des grandes heures de 1989 (2014) et Reputation (2017). Douze titres, quarante minutes (l’album le plus court de sa carrière), calibrés pour les radios et portés par une artiste qui veut prouver qu’elle peut briller sans drame ni rupture. Sur le papier, ça sent le disque feel good. Dans les faits ? Un album globalement réussi, parfois étincelant, parfois maladroit, mais jamais ennuyeux.

Le retour du duo suédois : sobriété et efficacité

Martin et Shellback connaissent la recette du hit sur le bout des doigts, mais ils jouent ici la carte de la retenue. Pas de mur de synthés, pas de production tapageuse : des beats droits, des basses rondes, une voix mise au premier plan. Swift sonne claire, sûre d’elle, souvent doublée en chœurs qui accrochent l’oreille.

Quand la formule prend, c’est imparable : “The Fate Of Ophelia” transforme une tragédie shakespearienne en hymne pop lumineux, “Elizabeth Taylor” marie glamour et drame avec un refrain impeccable, et “Father Figure” livre un règlement de comptes mafieux emballé dans un écrin classieux. Sans chercher à refaire le passé, The Life Of A Showgirl trace son propre chemin, adulte et élégant.

L’amour rayonnant… mais les vieilles rancunes ne meurent jamais

Swift heureuse, c’est assez rare pour être souligné. “Opalite” scintille d’un optimisme contagieux, “Eldest Daughter” dévoile une tendresse touchante, et “Wi$h Li$t” rêve de vie domestique banlieusarde – deux enfants, un panier de basket – loin des stades et des tabloïds. C’est frais, peut-être un peu trop lisse, mais sincère.

Évidemment, Taylor reste Taylor : les fantômes du passé reviennent. “Father Figure” ressort le dossier Borchetta/Braun, et “Actually Romantic” envoie quelques tacles façon cour de récré à Charli XCX. Pas ses textes les plus fins, mais ils rappellent que même comblée, Swift aime garder une main sur son carnet de rancunes. Et paradoxalement, ce mélange de joie et de piques donne une énergie unique au disque : on sourit, mais on sait que la morsure n’est jamais loin.

Quand ça trébuche : gimmicks faciles et humour potache

Évidemment, tout n’est pas parfait. “Wi$h Li$t” ressemble plus à un inventaire façon rêve pavillonnaire qu’à une vraie chanson, et “Wood” fait sourire plus qu’il ne séduit avec ses allusions graveleuses dignes d’un atelier blagues potaches. Ce sont les moments où la showgirl glisse sur ses talons, mais sans tomber.

L’ensemble reste cohérent et compact : 12 titres qui s’écoutent d’une traite, avec un équilibre entre légèreté, ironie et émotion. Et le final en duo avec Sabrina Carpenter, sur l’éponyme “The Life Of A Showgirl”, redonne de l’ampleur à l’album : mi-hymne, mi-autoportrait lucide d’une star qui se sait immortelle et toujours prête à remonter sur scène. Un rideau qui tombe avec panache.

The Life Of A Showgirl n’est pas le chef-d’œuvre annoncé, mais c’est un album lumineux, digeste et souvent réjouissant. La production élégante, la concision bienvenue et les vrais moments de grâce compensent largement les quelques ratés. Taylor Swift prouve qu’elle peut briller sans drame, sourire sans mièvrerie, et livrer un disque pop adulte qui respire la confiance. La showgirl tient la scène, et même quand elle se plante un peu, le spectacle vaut le détour.

Informations

Label : Universal Music / Polydor
Date de sortie : 03/10/2025
Site web : www.taylorswift.com

Notre sélection

  • The Fate Of Ophelia
  • Elizabeth Taylor
  • Father Figure

Note RUL

 3,5/5

Ecouter l’album

Ecrire un commentaire

Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife