Depuis ses débuts dans les années 90, AFI s’est toujours démarqué par sa capacité à évoluer, oscillant entre punk hardcore, gothique, post punk et même metal. Avec Silver Bleeds The Black Sun, son dernier album, le groupe plonge dans des atmosphères plus sombres. Cette œuvre dense, à la fois chaotique et maîtrisée, invite l’auditeur à un voyage sonore déroutant. Entre expérimentation et fidélité à son univers gothique, AFI propose un disque qui se découvre au fil des écoutes.
Récit d’une plongée dans l’obscurité
Dès l’ouverture avec “The Bird Of Prey”, AFI impose une atmosphère oppressante, rappelant clairement le post punk des années 80, avec des touches industrielles à la Nine Inch Nails. Ce premier titre pose le décor : un univers musical où règne la mélancolie, loin des standards rock plus accessibles. Le morceau suivant, “Behind The Clock”, explore davantage le darkwave, mêlant textures électroniques et guitares froides. La montée en puissance continue avec “Holy Visions” et “Blasphemy & Excess”, qui font vibrer des influences plus extrêmes : entre post hardcore pour le premier, et un souffle punk/grunge pour le second. Ces morceaux font ressortir la dualité de l’album: entre rage contenue et mélodie torturée, à l’image de Davey Havok qui navigue entre murmures fragiles et cris déchirants, rappelant les côtés les plus emo de la formation.
Expérimentations sonores
La seconde partie du disque révèle une facette plus subtile et ambitieuse d’AFI. Avec “Spear Of Truth”, on sent une influence prononcée du shoegaze où les guitares enveloppantes et la voix éthérée de Havok évoquent des groupes comme My Bloody Valentine. Puis, “Ash Speck In A Green Eye” pousse plus loin cette recherche d’atmosphères, s’aventurant dans des constructions sonores abstraites qui peuvent rappeler Radiohead. Toujours avec malgré tout une influence new wave plus qu’évidente. Davey Havok a bien révisé la discographie de The Cure, peut-être même un peu trop tant on a parfois l’impression d’entendre des riffs de guitare qui auraient eu leur place sur A Forest.
Cette expérimentation se poursuit avec “VOIDWARD, I BEND BACK”, un morceau au rythme plus lent. Enfin, “Marguerite” offre une pause mélancolique et poétique, où l’on reconnaît une influence folk gothique, proche de l’émotion brute des débuts du groupe. Ces titres témoignent de la capacité d’AFI à mêler lourdeur et délicatesse, chaos et beauté.
Apothéose et résolution… en demi-teinte
La dernière partie de l’album fait preuve d’une ambition… que le groupe a un peu de mal à transformer en réalité. “A World Unmade” déploie une richesse d’arrangements inspirés du metal progressif où chaque instrument participe à une fresque sonore presque expérimentale. Néanmoins, est-ce le mixage ou la production même comme sur tout le reste de l’ensemble, il est parfois difficile de distinguer quel instrument/quelle piste. Cela peut entraîner une fatigue auditive à la longue, ce qui est franchement dommage. La conclusion du disque, “Nooneunderground”, opte pour un environnement sonore plus contemplatif mais pas assez abouti.
Un voyage sonore aux multiples visages
Silver Bleeds The Black Sun… n’est pas un album facile d’accès, mais il récompense l’auditeur prêt à s’immerger dans son univers dense et complexe. Entre influences gothiques, post punk, metal, shoegaze, et expérimentations électroniques, AFI montre une fois de plus son désir d’évoluer et de repousser les limites de son art. Si l’album peut parfois dérouter l’auditeur qui s’attend à un emo rock plus proche du début de carrière du groupe, il constitue une œuvre riche et puissante qui marque un tournant majeur dans la discographie d’AFI.
Informations
Label : Run For Cover Records
Date de sortie : 03/10/2025
Site web : afireinside.net
Notre sélection
- The Bird Of Prey
- Holy Visions
- Ash Speck An A Green Eye
Note RUL
3,5/5