PRESIDENT – King Of Terrors

Le programme présidentiel vient de sortir, et la polémique ne risque pas de s’éteindre. La success story de PRESIDENT est à peine croyable. Faits d’armes ? Une programmation au Download Festival (Donington Park, UK) avec un seul titre en poche. Comptez également un premier “rally” londonien complet ainsi qu’une tournée européenne (The Campaign Trail) annoncée à guichets fermés. Nouvelle étape de cette stratégie virale maîtrisée, le quatuor dévoile King Of Terrors. Un EP inaugural de six titres, dont les deux inédits “Dionysus” et “Conclave”.

L’inséparation de l’Église et de l’État

De l’aveu de son frontman, l’ambition de ce projet est d’affronter ses propres interrogations intérieures. Le fragile anonymat, derrière le masque, sert de rempart : il affranchi du regard des autres et autorise l’expression d’une vulnérabilité intime. Sur ce fil rouge quasi autobiographique, PRESIDENT déroule son discours. De “In The Name Of The Father” à “Conclave”, c’est une plongée dans les ténèbres du trauma religieux, de l’endoctrinement et de la perte de foi. On y croise aussi des moments d’espérance comme dans “Fearless”, le dégoût et l’autodestruction dans “Destroy Me”, la confusion de “RAGE” ou encore la vie après la mort dans “Conclave”. Mais alors, quel rapport avec le personnage du PRESIDENT ? Selon son créateur, ce symbole “représente le lien entre Humanité et religion” et symbolise la concentration du Pouvoir. Pourquoi pas.

Je vous ai compris !

Enfonçant allégrement la porte grande ouverte par Sleep Token, Bad Omens ou encore Dayseeker, le groupe mêle mélodies pop, beats électros, et refrains metalcore. Une des particularités de la production est la présence quasi ininterrompue d’auto-tune et d’harmonies synthétiques. Volonté artistique assumée pour créer l’inconfort, ou simple moyen de renforcer l’anonymat ? La question reste ouverte. Le paroxysme est atteint avec “RAGE” qui, s’il contient des couplets electronica assez réussis, peut également se targuer d’être le premier morceau de metal alternatif en featuring avec Alvin le Chipmunk.

A l’instar de “RAGE”, “Conclave” explore des territoires sonores inhabituels. Le morceau se déverse dans une pop éthérée aux accents R&B, tout en ajoutant quelques screams et une partie de batterie particulièrement expressive. “Dionysus” mixe riffs djent-y, des influences cloud raps et un refrain façon clin d’œil avec les deux yeux aux Deftones. Comme pour le reste de l’EP, c’est un melting-pot sonore doux-amer. Séduisant par éclats, mais laissant un goût d’inachevé. 

Si PRESIDENT se veut capable de parler à tout son électorat, il tombe également dans un piège bien connu : diluer son message. La surenchère d’influences et la volonté manifeste de surfer sur les tendances rendent l’ensemble très formulaïque. Les titres hyper formatés, et leurs structures prévisibles, empêchent tout effet de surprise. Résultat des courses, des morceaux faciles à écouter et une sévère impression de déjà-vu. Aucun ne parvenant à égaler la réussite du premier single, “In The Name Of The Father”.

Vers un second mandat

Stratégie marketing oblige et les projecteurs braqués sur lui, le groupe prépare déjà l’après. Un LP serait déjà en phase de conception.