Of Mountains And Seas – Of Mountains And Seas

Il y a des albums qui ne s’écoutent pas seulement : ils se traversent. Avec Of Mountains And Seas, Aurélien Regert (ex-First Came The Shadow) signe un premier album ambient/post electronic pensé comme une expérience personnelle dont la portée est universelle. Inspiré par les montagnes des Alpes-Maritimes et les constellations, ce voyage sonore brouille les frontières entre nature et cosmos, intime et infini.

Voyage initiatique

Dès les premières minutes, l’auditeur est happé par des nappes brumeuses, des field recordings (“The Pine”) et des guitares éparses qui résonnent comme des balises dans le brouillard. C’est l’heure du départ. Loin d’une ambient purement contemplative, Aurélien Regert conserve un sens du relief qu’il doit certainement à son héritage post rock. Les textures plus rugueuses, presque dissonantes, de “The Traveler I” rappellent que les turbulences sont inhérentes à tout voyage initiatique.

Grand saut cosmique

Si les titres semblent convoquer la mythologie (“Pegasus”, “Cygnus”, “Andromeda”), ce sont bien les galaxies que Of Mountains And Seas convoque. Chaque morceau devient ainsi une nébuleuse singulière reliée aux autres. Musicalement, cela passe par des boucles hypnotiques, des nappes étirées et des synthétiseurs modulaires traçant un horizon sonore à la fois douillet et aventureux. Si les loops de “Pegasus” rappellent le Boards Of Canada des grands jours, “Andromeda” fait basculer l’album avec un beat trip/hop aussi inattendu que bienvenu. Un choix plutôt rare qui brise l’inertie qui fait trop souvent défaut aux disques d’ambient. Autrement dit : on pourrait s’ennuyer, mais cela n’arrive jamais.

Retour organique

Sur “Dad Are We Alone”, l’album se pare d’une humanité qui lui manquait. Une voix d’enfant – le fils d’Aurélien Regert – interroge son père sur les trous noirs et l’existence “d’autres petits hommes“. Un instant innocent où l’infini devient affaire de transmission. Et où les questions sont plus belles et poétiques que les réponses. “The Traveler II” creuse encore ce côté tellurique, avec la chaleur de la guitare acoustique, plus organique. Le retour vers la terre ferme est imminent, et le voyageur ressort transformé de ce voyage. “Home”, premier (sublime) single révélé l’été dernier, agit comme un réconciliateur : il faut parfois savoir partir loin de chez soi pour mieux revenir à soi.

Premier essai abouti et prometteur

Of Mountains And Seas réussit un pari difficile : proposer un voyage sonore personnel mais accessible, entre ambient contemplative et boucles lo-fi. Si certains passages restent très éthérés et pourront perdre les moins initiés, l’album séduit par un équilibre intelligent, entre douceur et relief. Un premier disque abouti, qui place Aurélien Regert dans la lignée d’artistes outre-Atlantique comme Eluvium ou Helios.