I Prevail - Violent Nature
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I Prevail – Violent Nature

Depuis sa percée fulgurante avec Trauma en 2019, I Prevail s’est imposé comme l’un des fers de lance du metalcore moderne, capable de séduire un large public sans renier les codes du genre. Mais le départ de Brian Burkheiser en mai dernier, pour raisons de santé, a brutalement changé la donne. L’alchimie vocale qu’il formait avec Eric Vanlerberghe avait façonné l’identité du groupe. Désormais seul au micro, ce dernier porte sur ses épaules l’équilibre entre chant clair et scream.

Violent Nature est donc un disque de transition, à la fois témoin d’une perte et d’une réinvention. Produit par Jon Eberhard, l’album cherche à durcir le ton : riffs plus lourds, production plus directe, approche plus viscérale. Mais derrière cette volonté affichée, on sent aussi une lutte pour conserver l’équilibre entre brutalité et accessibilité.

Fureur et failles

Dès “Synthetic Soul”, l’ambiance est posée : menaçante, presque cinématographique, avant l’explosion frontale de “NWO”, l’un des titres les plus violents jamais enregistrés par I Prevail. Le morceau éponyme “Violent Nature” et “God” poursuivent sur cette lancée, taillés pour le live et les mosh pits. On retrouve ici le groupe au sommet de sa puissance, compact, rageur, et clairement désireux de prouver qu’il peut survivre sans sa formule initiale.

Mais à côté de cette énergie brute, I Prevail retombe parfois dans ses travers. Les ballades comme “Crimson & Clover” ou certaines envolées mélodiques (“Pray”, “Rain”) fonctionnent sur le moment, mais laissent un arrière-goût de déjà-vu. Ces morceaux manquent de prise de risque et s’appuient trop sur des schémas connus : couplet feutré, refrain emphatique, montée émotionnelle prévisible. Dans un disque qui se veut rupture, ces respirations paraissent trop sages, voire artificielles.

Les transitions entre certains titres accentuent ce déséquilibre. Passer d’un mur de son comme “Into Hell” à des passages apaisés peut sembler abrupt, comme si le groupe cherchait à cocher toutes les cases plutôt qu’à tracer un véritable fil narratif. Cette tension permanente entre rage assumée et refrains radiophoniques empêche l’ensemble de trouver une cohésion totale.

Une production solide mais un peu trop polie

Sur le plan technique, Violent Nature bénéficie d’un mixage clair et massif. Chaque instrument trouve sa place, la basse respire, et la batterie frappe avec une précision chirurgicale. Les voix de Vanlerberghe, qu’elles soient hurlées ou chantées, ressortent avec puissance et justesse. Mais à trop chercher l’efficacité, le mix finit par lisser les aspérités. Là où l’on attendrait davantage de rugosité, tout semble calibré pour ne jamais dépasser. Cette compression, typique du metalcore moderne, assure un rendu percutant… mais aussi interchangeable.

Entre catharsis et confort

Au final, Violent Nature est un album charnière : il prouve que I Prevail peut survivre sans Burkheiser, et offre des moments d’une intensité indéniable. Vanlerberghe s’impose comme un frontman complet, habité et crédible, et l’ensemble dégage une sincérité palpable. Mais en même temps, le groupe peine à s’affranchir totalement de ses automatismes. Les morceaux les plus violents ouvrent une voie excitante, là où les passages plus consensuels rappellent que I Prevail n’a pas encore osé brûler tous ses ponts.

La conclusion “Stay Away”, sombre et déroutante, illustre bien cette dualité : un morceau audacieux mais pas encore pleinement abouti. Comme un signal qu’il faudra aller plus loin pour transformer cette renaissance en véritable révolution.

Informations

Label : Fearless Records
Date de sortie : 19/09/2025
Site web : iprevailband.com

Notre sélection

  • Violent Nature
  • NWO
  • God

Note RUL

 3,5/5

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Fabien Groslambert
Oui je tiens à jour un Google Docs qui liste tous les concerts auxquels j'assiste depuis 2013, et alors ?!