
Tandis que Lord Huron remplit désormais des arénas à tour de bras outre-Atlantique, l’Europe a encore le privilège de pouvoir admirer le groupe dans des salles “à taille humaine”. Après avoir subjugué l’Élysée Montmartre l’an dernier, les Américains doublent la mise et s’offrent un Olympia complet pour présenter leur cinquième album, The Cosmic Selector Vol. 1. RockUrLife vous replonge dans cette véritable odyssée cosmique.
Dublin allume la mèche
20h tapantes. Le trio féminin – quatuor pour la scène – PILLOW QUEENS investit les planches avec son rock solaire. Les lumières violettes bardent une fosse déjà compacte mais plutôt réceptive aux riffs fiévreux et aux voix puissantes des Dublinoises. Il faut dire que les guitares, naviguant entre rock alternatif et shoegaze, donnent sacrément envie de bouger. Le set fait naturellement la part belle à Name Your Sorrow (2024), troisième album du combo. La fête s’achève sur “Liffey” et ses chants polyphoniques auxquels vient se greffer un clapping enjoué du public. La demi-heure de set de Pillow Queens aura offert une mise en bouche rythmée avant l’arrivée tant attendue de Lord Huron.
Welcome to the (cosmic) prom
21h01. L’Olympia plonge dans une lumière bleutée qui n’est pas sans rappeler la couleur du lac qui a donné le nom au groupe de Los Angeles. Cabine téléphonique et jukebox géant trônent et clignotent frénétiquement sur la scène. Six musiciens investissent les deux niveaux. Leurs costumes, très habillés, contrastent avec les rubans colorés, façon bal de promo, que l’on pouvait déjà voir dans le clip de “Life Is Strange”. Cette atmosphère cinématographique est renforcée par l’introduction de “Who Laughs Last” dont le spoken word de Kristen Stewart est ce soir déclamé par Misty Boyce (claviers). Sous un tonnerre d’applaudissements, Ben Schneider ferme la danse, décroche le combiné et entonne le refrain entêtant de ce single dansant. Le bal cosmique, aux accents de western hollywoodiens, peut commencer.
Jam sous contrôle
Maintenant sept sur scène, le line up live de LORD HURON prend des allures de collectif. Les trois, parfois quatre guitares, et la présence d’un clavier, donnent un véritable relief aux compositions des Américains. Le nouvel album, The Cosmic Selector Vol. 1 (dont six titres seront joués ce soir), est construit autour de ce jukebox mythique qui symboliserait la possibilité de choisir son destin comme on choisirait une chanson. Et c’est principalement ce que propose le groupe ce soir : des versions réarrangées (“Looking Back”) si ce n’est rallongées (“Secret Of Life”) de son répertoire. Même si nous assistons à un véritable show à l’américaine, l’impression que Ben Schneider et sa bande se lancent dans un jam grandeur nature est palpable. Et surtout jubilatoire tant la trajectoire du concert semble incertaine mais palpitante !
Un maître de cérémonie parfait
Mais que serait ce voyage sans un chef d’orchestre hors pair ? “Bonsoir et bienvenue au concert“, salue le dandy dans un français sans accent. Même s’ils sont sept, et que chacun participe indéniablement à tisser la richesse sonore du groupe, c’est bel et bien Ben Schneider qui récolte le plus de regards et d’éloges. Le chanteur/guitariste a l’art du dosage : élégance du geste, humour discret, petits pas de danse. Il ne manque pas d’arguments pour tenir la foule en haleine ! Les murs de l’Olympia se resserrent et le leader charismatique, tel un gourou, nous hypnotise de sa voix claire et des accords chaleureux de sa guitare acoustique (“Long Lost”). Sur la ballade “I Lied”, le duo voix masculine/féminine nous rappelle qu’il n’est jamais seul dans cette traversée du désert. Près de trois mille âmes, mais l’americana mélancolique du groupe rétrécit l’Olympia à un simple feu de camp en plein désert californien.
Chemins étranges
La deuxième partie du set s’arc-boute sur Strange Trails (2015) : “La Belle Fleur Sauvage”, “Frozen Pines”, “Meet Me In The Woods”. Un triptyque qui, s’il ravit forcément les fans de la première heure, souffle sur des braises encore chaudes. Après déjà une heure et demie de set, Lord Huron entonne l’introduction de “The Night We Met”. Le titre, désormais dans le top 30 des morceaux les plus streamés sur Spotify, est un véritable détonateur d’émotions. Les portables autant que les voix s’en donnent à cœur joie pour ne rien manquer de cette ballade aussi fiévreuse que poignante. Le groupe tire sa révérence sous les applaudissements copieux de l’assemblée. Mais le jukebox n’a pas encore livré tous ses secrets. Ben et ses comparses reviennent : “L’heure tourne, les amis“, confie le fan de David Lynch. La très dansante “The World Ender” réveille la foule, tandis que le traditionnel final “Not Dead Yet” transforme l’Olympia en un bal country qui ne semble jamais vouloir se terminer.
Intense de bout en bout
Il y a des artistes qui jouent bien leur album, et il y a ceux qui livrent tellement plus qu’une simple interprétation. Lord Huron fait incontestablement partie de la deuxième catégorie. Entre folk émotive et surf rock vibrant, arrangements retissés et mise en scène maligne, les Américains ont livré une performance aussi contrastée que maîtrisée. Les États-Unis ont l’échelle. Paris, ce soir, a eu la proximité pour admirer de près le talent d’un groupe qui n’est plus à démontrer.































Crédit photo : Lou Occhiminuti