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RISE AGAINST (02/02/25)

De retour à Paris pour une série de concerts et un nouvel album déjà prêt à voir le jour, Rise Against poursuit sa route après plus de vingt-cinq ans de carrière. Le groupe de Chicago, mené par Tim McIlrath, s’apprête à franchir un nouveau cap en expérimentant de nouvelles sonorités et en collaborant pour la première fois avec la productrice Catherine Marks. Entre un regard lucide sur la situation politique américaine, une énergie intacte sur scène et l’envie de surprendre musicalement, Zach et Brandon nous racontent cette nouvelle étape avec enthousiasme et sincérité.

Vous avez ce nouvel album déjà terminé, mais vous devez attendre encore un mois avant de le sortir. Comment vivez-vous ce laps de temps ?

Brandon Barnes (batterie) : C’est génial. Ça fait trois ans qu’on n’a rien sorti. Là, on a de la nouvelle musique qui arrive. Je ne peux pas dire quand, mais on a déjà un single, “Nod”, que beaucoup ont sûrement entendu. Et ça, c’est excitant.

Zach Blair (guitare) : On l’a même déjà joué en live, et ça fonctionne super bien. On a essayé de nouvelles choses sur ce disque. On a souvent fait les choses de la même manière avec le groupe, et cette fois on a pris des risques. Personnellement, ça nous enthousiasme vraiment. Créativement, c’est comme une grande bouffée d’air.


“Nod” sonne typiquement comme Rise Against, mais dès la deuxième chanson on sent une différence, et “Ricochet” bouleverse vraiment par son intensité émotionnelle. Comment avez-vous travaillé sur ce morceau en particulier ?

Brandon : Oui, c’est un morceau très différent pour nous. On a travaillé avec Catherine Marks, une nouvelle productrice, qui nous a aidés à prendre une autre direction. Tim avait une démo, et on l’a enregistrée de plusieurs façons avant de trouver la bonne. C’est différent, mais très excitant à jouer. Et pour nous, c’est important d’avoir des morceaux nouveaux et surprenants, parce qu’on doit les jouer tous les soirs.

Zach : Quand Tim ouvre la bouche, ça sonne comme Rise Against. Quand Brandon joue de la batterie, ça sonne comme Rise Against. Nos styles sont reconnaissables. Mais filtrés à travers une approche différente, après 25 ans de carrière, ça nous a permis de nous réinventer. Et ça, c’est un vrai défi enthousiasmant.


Certains titres dégagent des émotions très variées, comme “Gold Long Gun” avec une ambiance nostalgique, ou “Soldiers”, qui explose avec les cris de Tim à la fin. Qu’est-ce que vous vouliez transmettre à travers ces morceaux ?

Zach : C’est difficile pour nous de répondre sur les paroles, parce que ce sont celles de Tim. On préfère laisser chacun se faire sa propre interprétation. Même Tim aime que ses textes restent ouverts.

Brandon : Mais sur l’émotion, oui, on s’est permis d’explorer des territoires nouveaux. Catherine Marks nous a poussés à sortir de notre zone de confort. Nous écoutons beaucoup de styles différents, donc ça nous a permis de laisser libre cours à cette diversité. Pour nous, ce fut libérateur : jouer sans se demander si ça “colle” à Rise Against.

Justement, pourquoi avoir choisi Catherine Marks comme productrice ?

Brandon : Nos collègues de label, Manchester Orchestra, travaillaient déjà avec elle et en disaient beaucoup de bien. On a tenté un titre avec elle, comme un essai, et c’était une révélation. C’était fun, différent, et on a tout de suite accroché.

Zach : Après 25 ans, il est vital de se réinventer. Avec elle, ça a été naturel, elle est rapidement devenue comme un membre de la famille. C’était une expérience humaine et musicale incroyable.

Ce mois-ci a été très chargé politiquement. Le nom de votre groupe n’a sans doute jamais semblé aussi pertinent. Êtes-vous tous alignés politiquement ?

Brandon : Oui, totalement. Ce n’est pas le cas de tous les groupes, mais pour nous c’est essentiel. Sinon ce serait ingérable de vivre ensemble en tournée.

Zach : Et surtout avec le retour de Trump… On en est à deux semaines, et déjà la liste des décisions choquantes est longue. C’est embarrassant, et inquiétant. Mais on sait que Tim saura mettre les bons mots sur tout ça. Nous avons confiance en lui pour parler aussi en notre nom.

Vous partez bientôt en tournée avec Papa Roach. Excités ?

Brandon : Oui, ce sont des amis. Ce n’est pas le même style de musique, mais ce sont de bons mecs. Et ce sera des salles plus grandes aux États-Unis, donc un vrai défi.

Zach : Et puis ça nous permet de jouer devant un public différent, parfois plus jeune, parfois plus large. C’est toujours une chance de rencontrer de nouveaux auditeurs.

Quel conseil donneriez-vous à votre “vous” de 14 ans ?

Zach : De persévérer. Quand j’avais 14 ans, je savais déjà que je voulais faire ça. Mais dans ma vingtaine, quand mes amis faisaient des études, se mariaient, avaient des enfants, moi je dormais sur des sols et je jouais dans des bars miteux. C’était effrayant, mais j’ai suivi mon instinct.

Brandon : On s’est tous croisés dans des groupes avant Rise Against. On tournait dans les mêmes clubs, sur les mêmes compils. C’était un petit monde. Et au final, on est toujours là aujourd’hui.

Quel est votre secret pour bien vous entendre après toutes ces années ?

Brandon : Il faut aimer jouer son instrument. Vraiment. Parce que la vie en tournée est rude, il y a beaucoup de personnalités. Mais si tu es passionné, ça tient. Moi, je suis toujours excité de jouer de la batterie chaque soir.

Zach : Pareil avec la guitare. C’est ça qui nous porte. Si tu n’as pas cette obsession, tu ne tiens pas.

Vous disiez ne pas trop écouter de punk rock. Alors, qu’écoutez-vous ?

Zach : Beaucoup de metal, mais aussi Peter Gabriel.

Brandon : Moi, beaucoup de rock des années 60-70, et du jazz. Ce qu’on écoute est très varié.

Zach : Et si je vais vers le punk, ce sera celui des années 70-80, quand chaque groupe cherchait encore son identité. Comme X, Devo ou The Stranglers. Pas le punk trop formaté d’aujourd’hui.

Pour conclure, le média s’appelle RockUrLife. Alors, qu’est-ce qui rock your life ?

Brandon : Vous êtes en train de le regarder. Jouer de la musique, vivre de ça, c’est un rêve d’enfant devenu réalité.

Zach : On sait qu’on est chanceux. C’est un métier difficile, encore plus aujourd’hui. On a travaillé très dur pour en arriver là. Et savoir qu’on a mérité chaque étape rend l’expérience encore plus belle.


Site web : riseagainst.com

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Marion Dupont
Engagée dans la lutte contre le changement climatique le jour, passionnée de Rock et de Metal le soir !