
En quelques mois, Ashen s’est imposé comme l’un des groupes français les plus prometteurs de la scène metalcore. Sans même avoir sorti de premier album, le quintette a déjà marqué les esprits grâce à une prestation explosive au Hellfest 2024, amplifiée par l’apparition surprise de Will Ramos (Lorna Shore) et par un véritable buzz qui a dépassé les frontières françaises. Entre énergie live, impact visuel travaillé et richesse vocale, le groupe trace sa voie avec une ambition assumée : sortir des codes d’un genre saturé et affirmer une identité singulière.
À l’occasion de la sortie de Chimera, premier long format à la fois intense et introspectif, nous avons rencontré Clément et Niels pour revenir sur ce moment charnière, leurs choix artistiques et la manière dont Ashen construit son univers entre musique, esthétique et message.
Avant de parler du nouvel album, revenons sur votre passage au Hellfest : un moment fort marqué par la surprise de voir Will Ramos (Lorna Shore) vous rejoindre sur scène et par le buzz créé autour de vous après le concert. Comment avez-vous vécu cette reconnaissance soudaine ?
Clem : Je prends la parole là-dessus, parce que je t’avoue qu’entendre ça de ta part, toi qui étais vraiment là en interne, qui étais dans le VIP, qui étais devant l’info, etc., qui a un petit peu pu prendre la température, ça nous touche excessivement fort ce genre de retour. Parce qu’on ne peut pas en avoir beaucoup des personnes qui ont vécu le Hellfest comme toi tu l’as vécu. Et ce que tu nous dis, c’est un petit peu la chose rêvée, rêve d’entendre en tout cas, après avoir fait le Hellfest. D’une part parce que c’est un moment important pour un groupe de faire le Hellfest, d’autant plus quand on est tous les cinq fans hardcore du Hellfest, pour tout ce qu’il représente, pour y avoir été en tant que festivalier, etc. Et en fait, on rêvait de ça.
Donc moi, je me suis baladé dans le Hellfest après avoir fait le show, après avoir fait les interviews, quand on a fini notre après-midi. Et effectivement, comme toi, j’ai pu ressentir cet engouement. Je ne faisais pas 20 ou 30 mètres sans qu’on vienne me voir pour me dire que c’était super, qu’ils avaient vécu un super moment, etc. Et ça, pour ça, vraiment, ça participe grandement au fait d’avoir eu l’impression de vivre un rêve. D’une part, effectivement, le show était extraordinaire, mais l’après a été tout autant. Et vraiment, on a des étoiles plein les yeux.
Niels : On ne s’attendait quand même pas à avoir autant de gens en face de nous pendant le concert. De par l’horaire, on se disait, il y aura du monde, ça va être gros, mais pas à ce point-là. L’énergie du public c’était le gâteau sur le gâteau. C’était assez incroyable. Et puis, je pense qu’on a tous été assez choqués sur les jours qui ont suivi le Hellfest, sur ce qui s’est passé sur les réseaux. Le fait qu’on ouvrait TikTok, Instagram, on voyait des trucs sur nous alors que ce n’était pas posté par nous. Ce dont on n’a pas trop l’habitude. Et vraiment, c’était en quantité assez énorme.
Votre prestation a aussi beaucoup été relayées par des festivaliers internationaux. Par exemple, le passage où Will Ramos arrive, tu peux le retrouver sur les plateformes au Mexique, au Brésil. C’est ça aussi qui est chouette. C’est que vraiment, il y a eu un engouement, mais pas juste français. Ça a vraiment dépassé ce cadre-là.
Niels : J’apprends des choses là.
Niels : Et du coup, ça s’est ressenti sur la quantité de nouvelles personnes qui nous ont découvert après le Hellfest. Je pense que les retombées du Hellfest continueront de se faire sentir sur les prochaines années.
Clem : On l’a vu notamment parce qu’on fait une tournée en headline. On fait une tournée en headline. On l’a vu sur les ventes de billets. La tournée se remplit beaucoup plus depuis le Hellfest. Ça veut donc dire que les gens ont apprécié ce qu’on a fait. Surtout qu’ils en parlent aussi autour d’eux. C’est un peu les conséquences rêvées, si tu veux.

C’est assez rare de voir un groupe jouer au Hellfest sans avoir encore sorti de premier album. Même si vous êtes actifs depuis quelques années, avec plusieurs singles et clips, c’est une vraie marque de confiance de la part du festival.
Niels : Je pense qu’on a la chance de représenter pour les gens un espoir, en quelque sorte, d’un groupe qui a encore l’avenir devant lui, étant donné qu’on est encore si jeunes et qu’on n’a pas sorti un seul truc. Du coup, je pense que ça joue en notre faveur aussi.
Avant même la sortie du premier album, on remarque chez vous un impact visuel fort : chaque morceau semble associé à une couleur, avec une vraie cohérence entre clips, pochettes et même votre style vestimentaire. Est-ce que vous gérez entièrement cet aspect ou travaillez-vous aussi avec d’autres personnes ?
Niels : C’est toujours moi qui répond à ce genre de questions !
Clem : Je ne voulais pas monopoliser la part. Il faut savoir que les clips et les morceaux, ils se conceptualisent souvent, pas toujours, mais quasiment tout le temps en même temps, dans le sens où quand on écrit un morceau, on élabore un mood board où on place des images, des screenshots, des iconographies qui nous rappellent le morceau. Parce qu’on a aussi besoin que lorsqu’on écrit, on se dise qu’il pourrait y avoir ce type de décor. J’ai vu ce vêtement qui me donne l’impression d’être un vêtement qui pourrait apparaître dans tel film qui me rappelle aussi le morceau qu’on est en train d’écrire. En fait, si tu veux, on crée des mood boards. C’est une manière aussi de se partager notre vision personnelle du morceau au sein du groupe pour qu’on soit sûr d’aller dans la même direction. Parce qu’on fonctionne tant par ses références visuelles et cinématographiques pour décider de la direction d’un morceau à la base. Exactement. Et ce, même si le morceau ne doit pas avoir de clip. On a toujours eu l’habitude de fonctionner comme ça. Ça nous aide énormément aussi à ce que l’image inspire le son, le son inspire l’image, l’image inspire le son. C’est un effet de tour de passe-passe, d’effet ping-pong qui fonctionne très bien.
Ce qui fait que lorsqu’on conceptualise un clip, on a déjà une idée assez forte de à quoi il pourrait ressembler. Ensuite, on travaille justement avec notamment Bastien Sablé, avec qui on fait les clips, qui lui aussi, très souvent, en plus de ça, il a des références communes avec nous qui, je trouve, en vrai, sont assez folles. Dans le sens où quand lui va nous dire “tiens, j’ai bien imaginé ça“, c’est comme si ça collait déjà quasiment à 100% avec notre mood board. Même sur des films pas très connus, un peu obscurs des années 80 de science-fiction, des trucs comme ça où on a vu la même chose quand on était petit. C’est surtout vachement rassurant quand on travaille avec lui, parce qu’on a aussi plus de facilité à se laisser emporter par quelqu’un, etc. Il est du coup aussi très créatif et pour ça, ça nous aide vachement. Tu vois que tout le temps de la création d’un morceau, on a ces images-là. C’est la raison pour laquelle, depuis le début, c’est très graphique.
À titre de curiosité, votre mood board, c’est fait sur un support physique ? C’est du numérique ? Ça marche comment ?
Niels : Ça dépend des fois. Quand on prenait vraiment le temps avant, c’était littéralement un montage Photoshop avec plein d’images en patchwork d’images. Et quand on a un peu moins le temps, c’est plus juste un dossier Google Drive avec plein d’images dedans ou des liens ou des trucs comme ça qui sont réunis.
Clem : Et pour répondre à ta question concernant le vêtement, cet aspect-là d’Ashen, on n’a pas de directeur artistique. En fait, si tu veux, c’est nous qui conceptualisons les tenues et qui essayons de créer notre DA vestimentaire. Cependant, on fait très souvent intervenir des créateurs français ou étrangers, pour citer Marlon Ferry, Clara Daguin ou Jeanne Friot, à qui on loue des pièces pour aller dans cette DA qui a déjà été conceptualisée au préalable. Parce que c’est déjà arrivé qu’on soit limite inspiré de faire un morceau par une tenue qu’on a vue en se disant, il faut faire un morceau qui ressemble à ça. Je ne sais pas, c’est un peu comme ça qu’on fonctionne.
Votre force, c’est aussi votre singularité dans une scène metalcore très saturée. L’impact visuel est évident, mais il y a aussi une vraie richesse vocale et un travail d’ambiance qui donne immédiatement une identité à l’album. On sent différentes influences bien digérées. Pour vous qui portez ces morceaux depuis un moment, qu’est-ce que ça fait de les voir enfin découverts par le public ?
Niels : En vrai, ils ne datent pas tant que ça. Il y a eu ce report de trois mois qui forcément a laissé un petit peu plus de temps. Mais il y a des morceaux qui sont arrivés en vrai très tard dans la création de l’album et qui sont assez récents encore pour nous.
C’est quoi le dernier morceau qui a été ajouté ?
Clem : Ouais, c’était un peu confus, pas confus, mais un peu flou sur la fin parce qu’on finissait plusieurs morceaux à la fois. Je sais que “Oblivion”, “Clone Of A Clone” et “Living in Reverse” ont été finis en même temps. Mais le dernier à être composé, je pense, c’était “Clone Of A Clone”.

“Altering” sonne différemment avec cette sensibilité sur le chant clair, c’est quelque chose à laquelle on ne s’attend pas du tout. À tout moment dans le morceau, on se dit, ça y est, ça va partir. Il va y avoir un changement et vous arrivez à garder cette nuance, ce côté plus lumineux, plus vulnérable. Comment est-ce que vous l’envisagez, ce morceau ?
Clem : En fait, ce morceau-là, il a été écrit il y a de ça. Enfin, il a été écrit aux trois quarts. Il y a de ça déjà, je pense, il y a quatre ans. C’est vraiment le plus vieux morceau de l’album. Tout le reste a été écrit sur une fourchette de temps. On a commencé à la fin du dernier morceau qu’on avait sorti pour le single d’avant. Aucun morceau n’existait pour l’album autre que celui-là. C’est ça. Donc, en fait, si tu veux, c’est un peu un morceau qu’on a depuis longtemps et qui avait déjà une place particulière avant. Il nous servait d’interlude dans un show pour justement calmer l’énergie metalcore qui soit tout le temps à fond, à bloc. Et pour créer aussi un moment, un aparté dans le set où on place la personne dans un autre monde, si tu veux. On essaie de créer un moment en suspens. Ce moment avait pour but de mettre la voix et le batteur en avant. On voulait faire un champ batterie où la batterie venait vraiment aux traits presque tribaux, accompagner la voix. Et où il y avait la production instrumentale qui prenait une place, mais pas avec une instrumentalisation métal standard.
On avait déjà à l’époque l’envie et le besoin de faire autre chose que du metal, même dans un concert. Forcément, ça allait venir dans l’album, ce truc-là. Et il y a aussi, en termes de dosage, moi, personnellement, la raison pour laquelle j’avais envie d’avoir ce genre de choses, c’était parce que je trouvais que sans ça, il manquait un petit peu de moments de vulnérabilité et où vraiment on sent une proximité avec le chanteur pendant qu’on écoute l’album. Et c’était pour ça que je me disais que c’était intéressant d’avoir ce genre de choses pour contrebalancer avec des moments où il y a tellement d’intensité que forcément il y a une petite distance, telle que moi je le ressens, qui peut se créer. C’est ça. Et puis après, du coup, au niveau des paroles, on avait aussi envie d’avoir un morceau qui, je dirais, prend la main à l’auditeur pour lui faire comprendre encore plus où est-ce qu’on veut essayer d’aller.
Et quand on a un morceau aussi intimiste où la voix est vachement devant, ça laisse l’opportunité aussi de pouvoir écrire des paroles particulièrement intelligibles. C’était l’occasion de réécrire aussi ce morceau qui était assez vieux et de lui donner un second souffle aussi pour qu’il rentre dans la thématique de l’album.
C’est très réussi en tout cas.
Niels : Merci beaucoup.

Et c’est sûr que chez vous, en tout cas, les messages sont aussi importants et quand on a déjà un titre qui s’appelle “Clone Of A Clone”, on pense tout de suite à Nine Inch Nails avec “Copy Of A Copy”…
Niels : Ah ouais, carrément, c’est vrai que ça existe.
En tout cas, derrière, on a tout de suite ce côté, est-ce que c’est pour dénoncer la standardisation ? Est-ce qu’on est sur quelque chose qu’on a l’impression d’avoir, de finir tous par être des clones de nous-mêmes, ou en tout cas rentrer dans un conformisme qui est très important ? Qu’est-ce que vous voulez dire derrière ça et pourquoi ce morceau est important pour vous ?
Clem : En fait, je pense qu’à travers tout l’album, il y a eu vraiment ce truc où, à force d’écrire, on s’est rendu compte qu’un peu notre sujet et le truc qu’on a envie de partager, si on devait partager une seule chose, c’est notre envie de devenir des versions les plus sincères, les plus vraies, avec le moins de filtres possibles de nous-mêmes. Que ce soit par les filtres qu’on se met, les masques qu’on se met pour marcher en société, pour être sûr d’être accepté, tout ça, ou que ce soit par ce qui nous a poussé à devenir différents, que ce soit des traumas passés, des événements, des blessures qui nous ont déformés. Et on va dire que notre message, c’est un peu justement, à travers tout ça, apprendre à être soi-même. Et donc du coup, “Clone Of A Clone”, c’est un morceau ou un peu comme un… Parce que du coup, ce morceau-là, il était vachement de moi à la base, cette idée-là. Et c’était vraiment… J’avais un peu envie d’avoir comme un manifeste à se dire à soi-même, pour que les moments où on ne y arrive plus, on réécoute ça en se disant, “OK, non, je peux le faire et je vais y arriver“. Et c’était un peu ce manifeste de… Enfin, comme… Comment dire ? Comme le “nous” du passé, vu que ce n’est pas moi qui chante, mais le “nous” du passé qui nous rappelle, “Voilà ce que tu fais, voilà ce que tu t’es mis comme but dans la vie. Tiens-toi-y.” Et donc je pense que… Ça, en tout cas, c’était l’idée de base. C’était vraiment d’essayer d’avoir ce message-là d’un point de vue… Enfin, pas moralisateur, plus envers nous-mêmes. Mais si ça peut s’adresser aux gens aussi, tant mieux. Si ça peut aider quelqu’un d’autre, tant mieux. C’est quand même quelque chose à rajouter. Je dirais qu’effectivement, il y a du coup… Il y a quand même un fond anticonformiste ou plutôt alerte à ne pas être la copie d’une copie.
Surtout, comme tu l’as très bien dit, dans notre genre où beaucoup de groupes naissent et où on peut avoir tendance dans notre genre à respecter des codes qui rendent aussi notre musique vachement aseptisée. Et en fait, on s’est quand même rendu compte que c’était quelque chose qui arrive dans tous les genres. On en parle vachement dans le metalcore, juste parce que, comme tu l’as dit, il y a vachement de groupes qui se créent. Mais on retrouve cette problématique partout. Et je pense que c’est quelque chose d’assez humain qui nous met en sécurité, dans le sens où si on crée quelque chose en s’inspirant de beaucoup de choses qui ont existé, et parfois en faisant simplement une copie, on a peut-être une chance que ça marche. Et ce truc-là, c’est une chose avec Ashen qu’on essaie de combattre, parce qu’on sait que ça vient aussi des insécurités. Si j’ai fait quelque chose qui me ressemble beaucoup, je vais être très vulnérable. Si j’ai fait quelque chose qui me ressemble beaucoup, est-ce que ça va plaire aux gens ? Et on essaie de combattre ça tout le temps.
Et ce morceau qu’Anthony nous a ramené, ça a sonné un peu comme une évidence qu’il faut créer un morceau comme ça dans l’album, parce que devient soi-même. En ce qui nous concerne, c’est aussi d’abord être des artistes accomplis et donc se rappeler qu’il ne faut pas être un clone d’un clone d’un clone. C’était très inspirant quand ce morceau est sorti. Il venait ponctuer tous les autres messages en lui donnant peut-être quelque chose d’un peu plus extérieur et un peu moins intérieur. C’est presque qu’on casse le quatrième mur un peu sur le truc. Ouais, c’est ça.
Et le truc, c’est que ça permet aussi de pouvoir faire un zoom out qui donne à l’album une tonalité un peu plus, je dirais, plus holistique dans le message.
Vous parliez du morceau “Oblivion”. Ce qui nous a particulièrement marqué dans ce morceau, c’est cette capacité à amener du groove malgré une voix qui est hyper aiguë et en même temps d’ajouter ces petites touches comme ça de sonorités un peu plus indues, ce qui fait un peu plus mécanique, robotique, mais tout en gardant quand même du groove qui du coup est purement, au contraire, humain et très chaleureux. Et cet équilibre, il est particulièrement bien fait.
Clem : Merci. C’est très rigolo que tu parles de ça parce que je sais que c’est quelque chose avec Niels dont on parle assez souvent, notamment quand on écrit des refrains, quand on essaie de trouver, quand on se pose la question de c’est quoi un refrain à Ashen, c’est quoi Ashen. En fait, la rythmique a une place vraiment énorme. Au-delà même de la batterie, juste vocalement, c’était important pour nous dès le début de ne pas faire que des toplines très droites, justement qui est assez signé metalcore parce qu’il y a une grosse inspiration dans metalcore de nu metal et notamment de Linkin Park qui revient souvent, où c’est assez droit. Sauf que je dis ça, mais en même temps je trouve que chez Linkin Park, des fois ça groove quand même vachement. Mais du coup, on avait quand même envie de faire des choses où la signature rythmique vocale était assez importante.
Et on le retrouve dans “Outlier”, on le retrouve dans “Angel”, il y a quand même cette place-là qui en tout cas est importante pour nous dans l’écriture des voix et même de tout. Mais en général, quand on écoute les stems des morceaux d’Ashen, ce que font Niels et Tristan, et même Nathan, tout le monde s’inspire mutuellement pour aller dans cette direction où il y a des petits bonbons rythmiques un peu disponibles partout. Je trouve ça très cool.
Sympa cette notion de petits bonbons rythmiques. Tu parles de nu metal, le morceau éponyme “Chimera”, est vraiment né de cette inspiration. Il y a du Linkin Park, mais aussi du Limp Bizkit, du Korn, et d’autres choses, mais toujours avec plus de groove et votre identité.
Clem : Jonathan Davis, une grosse, grosse, grosse inspiration très enfouie, loin derrière, mais qui revient toujours, je pense, qu’on veuille ou non.
Et en même temps, c’est aussi vous. Et du coup, ça fait un morceau qui passe par plein d’émotions, qui passe par différentes ambiances. Et c’est ça qui est vraiment important. En plus même du titre, qui évoque beaucoup de choses parce que le chimère, il y a un côté mythologique, il y a vraiment cet animal multifacette où on ne sait jamais comment il va se comporter, jusqu’où ça peut aller. Il y a beaucoup de questions, beaucoup de doutes et beaucoup de parts d’ombres aussi dans cette créature. Pourquoi est-ce que vous avez choisi ça ?
Niels : C’est étonnamment le premier morceau qui a été écrit dans l’album. Et c’est un peu la naissance de ce personnage qu’est Chimera et qui est un peu l’alter ego de Clément pendant tout l’album. Et après avoir écrit ce premier morceau, on s’est dit que ce concept était super intéressant et qu’il faut qu’on le garde sur la suite de l’album. Très rapidement, on avait le nom de l’album pendant la création parce qu’on se disait que c’est autour de ça que ça tourne. Et pour revenir à ce que je disais précédemment sur le concept même de l’album, Chimera, c’est un peu cet alter ego mais comme un soi idéalisé qui est séparé de soi-même pour avoir cet idéal un peu comme ce moi si j’étais un héros, ce moi si je m’en fichais de tout et que je vivais enfin vraiment tel que je l’entendais. Et en fait, l’évolution de l’album, on va dire que c’est cette fusion progressive entre soi-même et Chimera où à la fin, c’est presque la mort de Chimera parce qu’il n’y a plus besoin de ce héros parce qu’on l’est devenu, je dirais.
Clem : C’est totalement ça, je n’ai rien à ajouter.

Tu es sûr ?
Clem : En fait, ce que je pourrais dire, c’est qu’il y a beaucoup de fantasmes dans l’élaboration de ce Chimera parce que déjà, quand on écoute le premier morceau, Chimera, en tout cas, c’est invoquer ce truc-là, invoquer cette chose-là qui est en nous, qu’on rêverait de voir apparaître lorsqu’on a pu être plus bas que terre. Et dans le morceau “Chimera”, j’évoque justement ces… Je ne sais pas si tu arrives à te rendre compte, mais j’évoque justement ces enfants qui peuvent être persécutés, qui peuvent être même harcelés, si je devais parler de choses très terre à terre et qui enfouissent en eux une violence extrême.
Je sais que c’est des choses que personnellement, moi, j’ai vécues. Quand j’ai eu envie de m’émanciper des choses qui me faisaient souffrir étant ado, j’avais enfoui en moi une haine et une colère qui étaient extrêmement fortes et que je rêvais aussi de manière assez fantasmagorique de voir exploser. Et faire naître Chimera, c’était aussi pour moi un moyen de ne pas faire vivre ces choses-là et de leur donner une place imaginaire, mais où, au fur et à mesure, je pouvais, d’une autre manière, incarner aussi ce fantasme que je pourrais avoir d’être celui à qui il ne faut pas marcher dessus, cette personne dont son excentricité n’est plus un problème, où je pourrais dire et faire n’importe quoi.
Et c’est en ça que la scène est extrêmement intéressante. C’est que Chimera, on a pu le faire vivre parce que sur scène, il a de la place. Et c’est pour ça que les concerts d’Ashen, j’ai hâte de voir, quand on va les faire en headline, dans le sens où ce que j’ai envie qu’il se produise, c’est que les gens se lâchent et au travers des morceaux qu’ils se sont appropriés, qu’ils puissent aussi relâcher tout ce qu’ils ont enfoui en eux pour comprendre qu’il y a des moments où on peut le laisser transparaître, on peut le laisser vivre.
Et le but, c’est qu’on puisse en avoir rien à faire et l’exprimer le plus possible, tout du moins dans respect de l’autre évidemment, mais que chacun puisse être qui il a envie d’être sans avoir peur de gêner. Chimera appartient à tout le monde. C’est ça.
Donc effectivement, vous allez enfin être tête d’affiche sur le prochain concert. Vous pouvez en parler, où est-ce qu’on peut aller vous voir et comment ça va se passer sur scène.
Clem : Les dates, oui, je ne les ai pas toutes, mais on commence à partir du 12 septembre au Seedfest, la tournée en fait, où on va jouer et présenter un set d’une heure. Ce set d’une heure, il nous permettra enfin de pouvoir montrer réellement le visage d’Ashen en live tel qu’on l’avait imaginé depuis très longtemps, avec justement toutes ces nuances, toutes ces choses qu’il y a dans l’album mais qu’on retrouvera en live, sous différentes formes d’ailleurs. On va jouer absolument partout dans les grandes villes. On a eu la chance de pouvoir être programmés à Lille, Paris, Bordeaux, Marseille, Toulouse. On a fait déjà Strasbourg, mais on va retourner à Lyon aussi. Et toutes ces dates-là se feront le week-end. On ne joue pas en semaine, on joue que vendredi, samedi, dimanche. Et on peut retrouver toutes ces dates affichées sur nos réseaux, ou sur notre site Ashen Store, ou sur Instagram, etc. On a tout mis.
En tout cas, il y a très peu de dates qui ne sont pas sold out là, parce qu’elles se sont toutes mises à être guichets fermés les unes après les autres depuis quelques semaines. Mais il en reste quelques-unes. Parce qu’il n’y a pas sold out là, il y a Toulouse, on joue à Bruxelles aussi. Et ensuite, c’est Lille et Paris auxquels il reste un petit peu de place. Pas beaucoup.
Notre média s’appelle RockUrLife, donc dernière question : qu’est-ce qui rock vos life ?
Niels : Je n’ai pas le droit de répondre la musique, j’imagine.
Tu réponds ce que tu veux.
Niels : La musique, c’est quand même super. C’est vraiment super. Je me suis couché à 4h hier soir parce que j’écoutais de la musique, c’était trop bien.
Clem : Moi, je vais répondre pareil. Il n’y a rien de plus intense qui me fait vibrer que ça. C’est ce qui fait, d’ailleurs, qu’on fait tous un all-in dans la chaîne, dans le projet. C’est que vraiment, la musique, c’est clairement, je dirais, de manière très clichée, c’est ce qui nous fait vibrer. Je ne vois pas ma vie sans ça. C’est vraiment le truc, justement, où je trouve qu’on peut, je dirais, faire parler toute notre excentricité, toute notre différence, tout ce qui fait qu’à la fin, on a la chance de pouvoir en parler aussi. Juste le fait de faire cette interview et d’être là grâce à la musique. C’est la musique qui m’a amené à pouvoir discuter avec toi et de discuter des sujets qui nous touchent depuis toujours. C’est abusé, quoi. Il n’y a aucun autre contexte. Et puis, de pouvoir rencontrer tant de gens qui partagent un peu les mêmes sujets, des fois les mêmes soucis, les mêmes combats, tout ça que nous, alors que deux secondes avant, on ne se connaît pas. Et ensuite, la personne vient à la table de merch et on peut avoir des vraies conversations, parfois super profondes, en deux secondes. C’est quand même, je pense, quelque chose que tout le monde n’a pas la chance de pouvoir vivre. Et on est très heureux de pouvoir partager ça avec les gens. Ouais, c’est ça. Et d’en faire une fête commune aussi. C’est abusé. Je pense qu’avec Ashen, ce qui fait qu’on fait de la musique et ce qui fait que c’est le rock n’roll, c’est parce que le concert est le live. Et c’est d’ailleurs pour ça, rien à voir, mais techniquement, c’est pour ça aussi qu’on met des solos de guitare dans Ashen. Parce que c’est le rock, en fait. Et les concerts, pour nous, c’est ça. On a besoin de faire de la musique qui nous arrache les tripes. Et voilà. Donc, on va dire la musique.

Site web : ashen.store





