
Ce vendredi, Rock En Seine s’est transformé en un puissant carrefour musical, où le rock flirtait avec l’électro. Retour sur une troisième journée qui ferait presque oublier le flop de la veille.
Le triomphe de l’électro
La qualité de la programmation électro de ce vendredi a sans conteste ravi les amateurs du genre. Des artistes aux esthétiques variées mais à la créativité commune ont illuminé les différentes scènes du festival, faisant de cette journée un véritable laboratoire musical à ciel ouvert.
CARIBOU a livré un set organique, à la frontière entre concert et performance électronique. Entouré de musiciens, il conçoit ses lives comme un espace de création en perpétuelle évolution, loin du simple DJ set. Une expérience aussi immersive que musicale.
Autre moment fort, la prestation du multi-instrumentiste ASH. Véritable homme-orchestre, il jongle en direct avec batterie, guitare, saxophone et bien d’autres instruments. Chaque morceau devient une démonstration de virtuosité, portée par une énergie communicative.
Mais c’est sans doute MARC REBILLET qui a offert le moment le plus improbable de la soirée. Véritable phénomène scénique, il improvise chacun de ses sets en fonction de son humeur… et du public. La preuve : lorsqu’une fan du premier rang lâche un “Pussy Pussy Pussy Marijuana Hey” dans le micro tendu par l’artiste, l’artiste enchaîne avec une création spontanée de plusieurs dizaines de minutes, où même la ligne de basse est choisie à l’applaudimètre. Un moment fort, unique en son genre.
Les amateurs de techno avaient, eux aussi, de quoi se réjouir. Les plus matinaux ont pu (re)découvrir CALLING MARIAN, figure montante de la scène française, dont les compositions avaient déjà utilisées par la superstar de la gymnastique Simone Biles aux J.O. de Paris 2024. Le mystérieux et intense DJ masqué I HATE MODELS a offert un set abrasif, à la hauteur de sa réputation.
Pendant ce temps, la grande scène accueillait sa tête d’affiche ANYMA, l’un des noms les plus attendus de la soirée. Malgré un retard de 20 minutes dû à des soucis techniques, le DJ et producteur italien a su embarquer le public dans son univers visuel et sonore ultra immersif. Lumières dans tous les sens, visuels grandioses, beats calibrés : tout y était. Si une partie du public a dû quitter les lieux en cours de route pour attraper le dernier métro, les plus téméraires ont eu droit à un final mémorable. En effet, Luke Steele, chanteur de Empire Of The Sun, a rejoint Anyma sur scène pour interpréter leur titre en duo “Human Now”, extrait de l’album The End Of Genesys. Un moment unique, acclamé avec ferveur.
Coup de cœur : Empire Of The Sun – Voyage dans un rêve éveillé
Programmé en fin d’après-midi, le groupe australien EMPIRE OF THE SUN a littéralement embarqué un public dense et curieux dans son univers onirique. Portés par leurs hymnes électro pop cultes comme “Walking On A Dream” et “We Are The People”, ils ont transformé la scène en un véritable théâtre visuel.
Un visage géant sculpté en fond de scène, des danseurs scintillants sortis d’un autre monde, des costumes futuristes sophistiqués : chaque détail participait à une mise en scène cinématique soigneusement orchestrée. Les jeux de lumière et les visuels projetés, puissants et poétiques, donnaient vie à des tableaux mouvants. Chaque morceau devenait ainsi une expérience sensorielle totale, bien au-delà du simple live musical.
La setlist, fluide et équilibrée, alternait habilement entre les grands classiques du groupe et des titres plus récents, maintenant une énergie euphorique du début à la fin. En communion permanente avec la foule, Luke Steele, charismatique et visiblement heureux d’être là, irradiait la scène de sa présence lumineuse.
Un concert hypnotique, festif et grandiose, comme un rêve collectif partagé au cœur du parc de Saint-Cloud.
Un sans faute côté pop rock
Programmée de façon étonnante juste avant le mastodonte électro Anyma sur la Grande Scène, AURORA a suspendu le temps le temps d’un concert, comme une apparition poétique au cœur de la tempête sonore. Entourée de volutes lumineuses et de nappes sonores oniriques, la chanteuse norvégienne, pieds nus et gestes habités, a incarné une grâce presque rituelle. Sa voix cristalline, tantôt caresse fragile, tantôt incantation transcendante, a bouleversé une partie du public, transportée dans un monde parallèle, pendant que d’autres, moins réceptifs, choisissaient de couvrir le moment de leurs bavardages. Une bulle de douceur rare, à contre-courant de l’agitation du festival.
Il fallait arriver tôt pour ne pas rater les Britanniques GOOD NEIGHBOURS et leur pop rock ravageuse. Parvenant sans difficulté à entraîner les premiers curieux de la journée dans leur sillage avec leurs synthés à la MGMT, le duo aux influences indie livre un set généreux et solaire, convivial et prometteur.
KIDS RETURN, groupe français d’indie pop rock passé par l’Olympia plus tôt cette année, aura emmené les festivaliers dans un voyage sonore à la fois puissant et délicat. Grâce à des harmonies raffinées, des arrangements puissamment texturés, des guitares mélodiques et des percussions dynamiques.
Finalement, les festivaliers déçus de jeudi mais chanceux d’avoir obtenu un billet gratuit pour ce vendredi n’auront pas regretté leur choix. Cette journée a offert un éventail d’expériences musicales aussi riche que dépaysant. Du rock solaire aux envolées électroniques, en passant par les parenthèses mystiques et les fulgurances pop, chacun a pu tracer sa propre trajectoire sonore. Un vendredi placé sous le signe de l’évasion, où le voyage s’est imposé comme fil conducteur.



















































































