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THREE DAYS GRACE (13/08/25)

Avec plus de deux décennies de carrière, Three Days Grace continue de marquer la scène rock alternative mondiale. Son nouvel album, Alienation, explore une fois de plus les thèmes chers au groupe : l’isolement, la résilience et la lutte intérieure. Mais cette sortie revêt une dimension particulière puisque le chanteur historique Adam Gontier fait son grand retour aux côtés de Matt Walst, offrant un contraste vocal inédit et une dynamique nouvelle. À l’occasion de la sortie du disque et avant leurs concerts en France – déjà complets –, nous avons échangé avec Matt, qui revient sur cette collaboration fraternelle et la manière dont elle redéfinit l’identité sonore et émotionnelle de Three Days Grace.

Comment vas-tu aujourd’hui ?

Matt Walst (chant) : Je vais bien, et toi ?

Très bien, merci. Avant de parler du nouvel album, on sait que tu en as déjà beaucoup parlé, mais pas encore avec nous, les Français. On a lu que c’est toi qui as contacté Adam pour revenir dans le groupe, ce qui est assez surprenant. Pourquoi tu as senti que c’était la bonne décision ? Comment ça s’est passé ?

Matt : J’en ai discuté avec mon frère, et il parlait déjà avec lui depuis un moment. Et, du point de vue d’un fan, je trouvais que ce serait génial qu’on mette tous les deux nos voix sur un disque, qu’on parte en tournée et qu’on fasse le meilleur Three Days Grace possible. Ça a été vraiment fun, très naturel et simple en fait. Donc, oui, c’était une évidence.

Tu sais, pour un nouveau frontman, ça peut être le pire cauchemar que l’ancien chanteur revienne, surtout quand il s’agit de tes potes avant tout.

Matt : Oui, mais tu sais, on a grandi ensemble. Je connais Adam depuis que j’ai 10 ans. À l’époque, je les regardais répéter dans le sous-sol. J’ai toujours été là, en fait. Du coup, oui, ça boucle un peu la boucle.

Ce qui est intéressant pour nous, c’est que vous avez des voix très différentes. Tu peux aller chercher des notes plus hautes avec un côté plus emo dans le timbre, tandis qu’Adam a un grain plus rugueux. Ça crée un contraste qui marche très bien, notamment sur “Deathwish”. Tu peux nous en dire plus sur ce morceau et la manière dont vous avez mélangé vos voix ?

Matt : Beaucoup de choses se sont faites naturellement. On alternait sur les couplets, ou alors je chantais un couplet et Adam arrivait sur le refrain. On a essayé de varier un maximum et je pense que ça apporte vraiment une dynamique particulière au morceau. Deux voix différentes, ça colle bien et ça rend le tout plus riche.


Est-ce que ça t’a permis d’explorer de nouvelles choses avec ta voix, vu que tu n’es plus le seul chanteur ?

Matt : Oui, clairement. Sur cet album, j’ai tenté quelques trucs nouveaux. Sur “Mayday”, par exemple, il y a un mélange de voix que je n’avais jamais fait avant sur un disque. Et puis, en live, ça nous permet de souffler un peu et d’avoir plus d’endurance. Du coup, quand on revient chanter, on peut mettre encore plus de puissance.


Et pour l’écriture des morceaux, comment ça se passe ? Vous écrivez tous les deux les paroles ?

Matt : Comme toujours dans le groupe, on écrit de manière collaborative. Tout le monde contribue aux paroles, aux mélodies, aux riffs. Chacun apporte ses idées et on les assemble pour créer la meilleure chanson possible.

Le titre de l’album est Alienation, qui renvoie directement à l’isolement, l’anxiété, la rébellion. À quel moment ces thèmes sont devenus la colonne vertébrale du disque ?

Matt : Alienation a toujours été un fil rouge dans les disques de Three Days Grace. C’est ce dont on parle depuis toujours. Même aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, tu es hyper connecté, mais tu peux quand même te sentir très seul. Parfois, ça accentue même ce sentiment. C’est un thème récurrent pour nous.

Et pour toi, ça signifie quoi, personnellement ?

Matt : Pour moi, c’est ça : parfois, même connecté, tu restes bloqué dans ta tête et tu te sens seul, tu sombres. Mais il faut passer au travers, parce que le lendemain peut être totalement différent de ce que tu ressens à l’instant présent.

Tu l’as beaucoup vécu, ce sentiment ?

Matt : Oui, clairement. La vie en tournée, c’est particulier. Tu passes d’une foule de milliers de personnes à une chambre d’hôtel seul avec tes pensées. Ça peut devenir sombre parfois. Mais il y a toujours des moyens d’y faire face. Il faut tenir jusqu’au lendemain, parce que ton état d’esprit peut changer radicalement.

Et pour toi, quelle est la meilleure façon de t’en sortir ?

Matt : Déconnecter. Je regarde beaucoup Netflix ou je joue à Fortnite, ça m’aide à sortir de ma tête. Quand je ferme les yeux, je repense à l’épisode ou à la partie que je viens de vivre, et ça m’éloigne de mes pensées négatives. Ça aide vraiment.


Tu es dans un groupe avec ton frère et des personnes que tu connais depuis toujours. Est-ce que c’est plus simple ou parfois plus difficile à gérer ?

Matt : C’est beaucoup plus simple. On se connaît parfaitement, et c’est précieux de pouvoir se confier les uns aux autres quand on a un coup de blues ou qu’on a le mal du pays. C’est une vraie famille.

Le mot “Alienation“, tu as cherché à le retranscrire musicalement. Comment ça s’est traduit dans les arrangements, les mélodies ou le chant ?

Matt : Certains morceaux parlent directement de solitude et de lutte intérieure. Mais l’album est assez diversifié. On avait même pensé l’appeler “2X”, mais on ne voulait pas qu’il soit comparé à 1X, qui est un album culte. Chaque chanson a sa propre atmosphère, certaines plus douces, d’autres plus lourdes. On aime varier.

Y a-t-il un titre particulièrement difficile à écrire ?

Matt : Oui, “The Power”. On l’a réécrit plusieurs fois pour finalement revenir à l’une des premières versions. Parfois, on se perd à vouloir trop améliorer. Pareil avec “The Mountain”, qu’on avait retouché encore et encore. Au final, les premières idées sont souvent les meilleures.


Et le morceau le plus exigeant émotionnellement pour toi ?

Matt : “Don’t Want To Go Home Tonight”. Il me ramène à mon adolescence, à ce sentiment de vivre sans penser au lendemain. J’aime aussi beaucoup “Deathwish”, super accrocheur et typiquement Three Days Grace.


Quand tu étais ado au Canada, tu ressemblais à quoi ? Comment c’était de grandir en étant metalleux là-bas ?

Matt : On vivait dans une petite ville de 1 300 habitants. On faisait beaucoup de fêtes dans les champs. C’était une super ambiance pour grandir. J’ai d’ailleurs déménagé de nouveau à Norwood, je vis là-bas aujourd’hui.

Tu t’imaginais ado qu’un jour tu ferais le tour du monde avec un groupe ?

Matt : Pas du tout. C’était inimaginable. Et puis j’ai co-écrit une chanson sur le premier album de Three Days Grace, et ça m’a donné l’envie et la confiance pour me lancer à mon tour. Je me sens très chanceux aujourd’hui de vivre de la musique.

Vous venez d’annoncer une nouvelle date en France, la première ayant affiché complet en quelques minutes. Est-ce que tu réalises l’enthousiasme que vous suscitez ?

Matt : C’est incroyable. On n’a jamais joué en France, donc on est impatients. J’y suis juste passé en bus, mais je n’ai jamais vraiment visité. Jouer devant un nouveau public, ce sera génial.

Notre média s’appelle RockUrLife, donc dernière question : qu’est-ce qui rock ta vie ?

Matt : Mes enfants, les journées ensoleillées et être assis au bord d’une piscine.

Site web : threedaysgrace.com

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Marion Dupont
Engagée dans la lutte contre le changement climatique le jour, passionnée de Rock et de Metal le soir !