Troisième jour au Motocultor Festival, et le décor n’a pas changé : la poussière continue de recouvrir le site et les festivaliers, ajoutant une patine presque irréelle à l’expérience. Mais qu’importe, car la programmation du jour a tout d’un rêve éveillé pour les amateurs de post et de sonorités atmosphériques, avec une sélection de groupes pointus venus élargir les horizons sonores. À cela s’ajoutent quelques monuments du rock, à l’image d’Extreme, venus rappeler que le festival sait aussi faire cohabiter légendes et nouvelles explorations. Une journée placée sous le signe de l’intensité, de la découverte et des contrastes.
Envy – le coup de coeur de la journée
Les Japonais d’ENVY ont approché le sublime sous la tente du festival. Leur fusion hardcore, post-rock et screamo a réussi à transpercer les âmes du public venu en nombre pour vivre un moment d’une rare intensité. Reconnu pour ses compositions émotionnelles, le quintette alterne explosions de rage et passages atmosphériques empreints de mélancolie, créant ainsi une musique à la fois violente et cathartique. La voix douce ou écorchée de Tetsuya Fukagawa frappe juste à chaque instant. Les trois guitares s’entremêlent pour construire des envolées musicales magiques. Plus qu’un concert, c’est une expérience immersive où la fureur et la beauté se confondent.
Retour sur 5 temps forts
Ni
Prestation tout à fait singulière pour le quatuor NI et son registre math rock/metal expérimental. Des pris de paroles un peu barrée, une tornade de riffs dissonants, des rythmes imprévisibles et des structures tordues. Le tout pourrait ressembler à une cacophonie mais c’est un équilibre parfaitement maîtrisé que propose le groupe. Ces constructions complexes se muent en un déluge sonore physique et hypnotique. Un vrai tourbillon où la technicité projette des émotions complexes.
Rendez-Vous
Les Parisiens de RENDEZ-VOUS s’imposent de plus en plus comme des incontournables de la scène post punk moderne. Leur musique, froide et tendue, mêle guitares tranchantes, lignes de basse obsédantes et chant rageur. Sous la tente, leur son prend une dimension encore plus brute. C’est cette intensité frontale qui transforme la scène en défouloir collectif et jouissif.
Møl
MOL, formation danoise de blackgaze a convaincu toute l’audience en quelques secondes. L’énergie magnétique du chanteur est électrisante. Un look aussi improbable que ses pas de danses mais une musique ô combien entraînante. Le groupe arrive à combiner le meilleur des scènes musicales qui l’inspirent. Des nappes planantes de shoegaze, des fulgurances glacées de black metal et une énorme dose de groove. Un groupe à ne pas rater en live.
Trivium
Pilier du metalcore américain depuis les années 2000, TRIVIUM termine sa tournée mondiale sur la mainstage du Motocultor. Matt est en forme olympique pour balancer un son massif mêlant riffs thrash et refrains mélodiques. Sur scène c’est carré. Ca joue fort, ça joue bien avec une intensité constante. Leur musique jongle entre la technique instrumentale, les refrains fédérateurs et une énergie guerrière. En live, Trivium est une machine de guerre redoutable. Au delà de la précision chirurgicale de la prestation, la setlist est juste parfaite. Adieu l’anniversaire de Ascendency, le groupe puise dans toute sa discographie pour aller chercher chaque personne du public. Matt arrive à galvaniser les foules en maintenant une interaction permanente avec le public. Les festivaliers scandent en chœur les refrains. Une déflagration où puissance et communion se rejoignent.
Cult of Luna
Véritable monument du post metal suédois, CULT OF LUNA est très attendu sous la tente du Motocultor. Le public est venu en nombre pour expérimenter les fresques sonores monumentales du groupe. Ces longues montées en tension où s’entrechoquent lourdeur écrasante et atmosphères planantes. Les musiciens, dans l’ombre de leurs lumières proposent une expérience sonore implacable. Les morceaux prennent une dimension physique. Un mur de son dense, presque oppressant, accompagné de lumières tamisées qui accentuent l’aspect hypnotique. En quelques minutes le live ressemble à une transe collective, entre tempête et contemplation. Un grand moment de musique.
Avec une journée où les différents courants de post étaient représentés par des groupes d’une rare qualité. Encore une fois chapeau aux programmateurs pour tous ces moments riches en émotions.
