
Deuxième journée pour le Motocultor avec au programme de la poussière, encore plus de poussière et du beau son. C’est sous un temps très nuageux et lourd qu’une nouvelle salve de festivaliers tente de trouver une place où poser sa tente avant d’aller joyeusement batailler devant les scènes. Encore une fois la programmation offre de belles promesses. Du brutal, du poétique et du dansant, tout le monde devrait trouver son compte.
La journée en 8 temps forts
Houle
Les Parisiens de HOULE dressent un mur de son noir et marin, pour lancer les hostilités. Revêtus de leurs marinières, cirés et bottes noires, il souffle comme une tempête venue du large. Leur black metal aux relents atmosphériques mêle fureur et mélancolie. Leur imagerie sombre, poétique et marine est bien adaptée pour les terres bretonnes. D’ailleurs, le public a joué le jeu en sortant ses plus beaux accessoires. Les mouettes gonflables étaient de la partie. Leur premier album Ciel Cendre Et Misère Noire, sorti l’an dernier, les place comme la petite sensation black de la scène actuelle.
Benighted
Impossible de parler de brutalité extrême sans mentionner BENIGHTED. Depuis plus de vingt ans, les Stéphanois tiennent le flambeau du deathgrind hexagonal. Encore une fois, ils envoient leur sauvagerie à travers un set violent du début à la fin. C’est une déflagration continue, une tempête sonore qui ne laisse aucune respiration. La poussière qui s’élève de la fosse est tellement forte que Julien Truchan se retrouve obligé de faire une pause pour tenter de voir ses fans. Benighted c’est une machine de guerre implacable.
Heriot
Véritable uppercut venu du Royaume-Uni, HERIOT brouille les lignes entre hardcore, doom et indus. Porté par la voix possédée de Debbie Gough, le groupe déverse une violence cathartique qui prend aux tripes. Les festivaliers du Motocultor répondent présent pour cet exorcisme collectif. C’est abrasif, un peu étouffant et terriblement bon. Encore un excellement choix de programmation de la part du festival.
To The Grave
Originaires de Sydney, TO THE GRAVE s’impose comme l’un des nouveaux visages les plus féroces du deathcore moderne. Leur musique, brutale et sans compromis, associe breakdowns écrasants, growls dévastateurs. Le groupe est notamment engagé sur la défense animale et l’activisme écologique. Sur sène c’est un véritable raz-de-marée. Violent, intense, frontal… le groupe de fait aucune concession et la fosse devient un champ de bataille.
Klone
À l’opposé des rafales de violence, KLONE invite à la contemplation. Sous tente, leur metal progressif, riche en textures et en émotions, déploie sur une atmosphère aérienne et hypnotique. Portés par la voix magnétique de Yann Ligner, les Poitevins savent captiver les foules. Qu’est-ce que c’est beau ! Autant dans leur intensité contenue que par leurs envolées instrumentales. Le groupe semble avoir franchi une nouvelle étape dans leur quête de paysages sonores oniriques.
Eivør
Chanteuse venue des îles Féroé, EIVOR a tout simplement ensorcelé son auditoire. Sa voix unique, oscille entre douceur cristalline et puissance tribale. Elle semble invoquer les esprits des fjords et des vents nordiques, offrant ainsi une expérience aussi mystique qu’intimiste. Sa capacité à produire des sonorités avec sa gorge est fascinante. Elle entraîne le public dans un univers singulier et captivant. Un très beau moment de grâce pour cette deuxième journée à Carhaix.
Dimmu Borgir
Les Norvégiens de DIMMU BORGIR n’ont plus rien à prouver : leur black metal symphonique est un monument. Leurs concerts ressemblent à des messes noires grandioses. Et le show de vendredi n’était pas en reste. Entre orchestrations écrasantes, imagerie démoniaque et toujours plus de flammes, le groupe a mis tout le monde d’accord. La grandiloquence nordique n’avait pas de limites au Motocultor et le public en redemandait!
Carpenter Brut
Qui mieux que CARPENTER BRUT pour clore cette journée. Le temps s’est arrêté dans un déferlement rétro-futuriste où synthés, riffs métalliques et batterie clinquante fusionnaient dans une transe darksynth. En effet, le Français s’entoure de musiciens live pour donner une dimension encore plus organique à ses morceaux. C’est tout l’attrait du groupe sur scène. Entre gros riffs de guitare, batterie surpuissante et visuels hypnotiques la fosse se transforme en dancefloor apocalyptique. A la fin du set, le public en profite pour remercier la sécurité en les faisant slamer. C’est drôle, c’est bon esprit, c’est ça le Motocultor.