Une chambre avec vue sur la pop ? Motel Du Cap, huitième album du groupe est un virage assumé vers un son plus pop que jamais, mais toujours ancré dans l’identité de Good Charlotte. Le disque pose surtout la question du peut-on être créatif lorsque tout va bien ?
Punk vs Bonheur
Depuis ses débuts tapageurs au tournant des années 2000, Good Charlotte a toujours incarné cette tension entre mal-être adolescent et volonté de s’en sortir. Avec The Young And the Hopeless (2002), ils scandaient leur colère contre les faux-semblants de la société. Leur vécu difficile était au centre de textes plus profonds qu’il n’y paraissait. Aujourd’hui, avec Motel Du Cap, c’est avec un sourire aux lèvres qu’ils chantent la paix intérieure. Et oui, c’est bien là que réside la surprise. Motel Du Cap est un album profondément pop, lumineux, et assumé. Alors que la scène pop punk continue de creuser dans l’angoisse générationnelle, les Madden, eux, cherchent la lumière. Mais à quel prix artistique ?
Il ne s’agit plus de cracher sur la société, mais de célébrer un moment où tout semble en équilibre. La pop agit ici comme une forme de lucidité douce plutôt qu’un refuge émotionnel. Des sentiments de gratitude, de sérénité et de vie paisible prennent le pas sur les rengaines des premiers jours. Mais derrière ce vernis lustré se cache une question plus profonde : que reste-t-il à dire quand tout va bien ? Car ce qui sauve Motel Du Cap de l’ennui, c’est sa sincérité. Les Madden n’essaient pas de suivre une mode ou de capitaliser sur la vague revival emo. Ils livrent ce qu’ils sont aujourd’hui : des hommes heureux, posés, avec une pointe de nostalgie.
Plus pop que punk
L’ensemble s’ouvre avec “Check In At Motel Du Cap”, un prélude atmosphérique chargé de tension avant de sombrer dans “Rejects”, le premier single qui frappe fort avec ses synthés saturés et ses refrains entêtants. Le groupe joue sur un terrain connu et ça marche. “Stepper” reprend la cadence, une cavalcade pop punk calibrée pour les stades d’été. La mélodie emprunte pas mal “Time To Pretend” de MGMT et les paroles sont trop mielleuse pour en faire un vrai bon titre. Tandis que “I Don’t Work Here Anymore”, plus mélodique, sort du lot avec ses cordes et son émotion feutrée.
Le groupe met les petits plats dans les grands niveaux pop : “Life Is Great” avec Wiz Khalifa injecte un flow léger à la pop rock, “Pink Guitar” avec Zeph fait flirter avec l’alt pop doux, “Deserve You” propose un ton sentimental avec Luke Borchelt, tandis que “Vertigo” feat. Petti Hendrix ajoute une touche alternative moderne. Malheureusement c’est un peu trop lisse, un peu trop plat.
Des morceaux comme “Bodies” ou “Mean” rappellent le pop punk énergique du passé. Ils balancent des fragments de riffs et de rythme compacts qui frappent fort mais ne se diluent pas. “Bodies” est particulièrement réussi avec son flirt électro. Enfin, “Castle In The Sand” et le plus long “GC Forever” ferment le disque avec un souffle plus contemplatif.
La force trop tranquille
Motel Du Cap se pose comme le reflet d’une évolution naturelle et sincère d’un groupe qui est paix avec lui-même. L’album séduit principalement lorsqu’il retrouve les recettes éprouvées des hymnes pop punk et lasse vite quand il se cantonne à une pop acidulée. Le punk s’apaise, mais la flamme reste, transformée, mature, un peu plus faible.
Informations
Label : Warner Music
Date de sortie : 08/08/2025
Site web : www.goodcharlotte.com
Notre sélection
- Bodies
- Rejects
- I Don’t Work Here Anymore
Note RUL
3,5/5