
Trois ans après un passage remarqué dans cette même enceinte, Iron Maiden fait son retour à la Paris La Défense Arena pour une double date très attendue dans le cadre de sa tournée Run For Your Lives World Tour. L’occasion pour les légendes Britanniques de célébrer un demi-siècle de carrière aux côtés de son fidèle public. On ne pouvait pas manquer ça !
Le ciel parisien se fait lourd en ce samedi après-midi, mais l’air vibrionne déjà : les T‑shirts à l’effigie du groupe foisonnent dès la sortie des transports.
Avatar
Les suédois d’AVATAR ont à la fois l’immense honneur et la lourde tâche d’ouvrir le show d’Iron Maiden sur leur tournée européenne. Ils livrent une performance puissante d’entrée de jeu, avec “Dance Devil Dance”. Le charismatique chanteur Johannes Eckerström apporte une énergie théâtrale à l’ensemble. En guise de bonjour, il lance un enjoué “I love this city!“. Les premiers rangs oscillent, déjà prêts à exploser. Johannes confie à une salle quasi comble à quel point c’est surréaliste pour eux d’ouvrir pour Iron Maiden, l’un des premiers groupes que ses acolytes et lui sont allés applaudir plus jeunes.
Les guitares saturées et l’énergie des cinq hommes captivent l’auditoire, dont une grande partie déjà connaisseuse aura reconnu “The Eagle Has Landed” dès les premières notes de son intro planante… avant que la tempête Avatar ne s’abatte de plus belle sur l’Arena. Le groupe joue les nouveaux “In The Airwaves” et “Captain Goat” en guise d’introduction d’un nouveau chapitre de sa carrière. Quand Johannes scande “It smells like?“, la foule répond sans hésiter : “A freakshow!“. Avatar ne se contente pas de remplir la case “première partie“, il plante le décor émotionnel et narratif d’une soirée grandiose. En une demi-heure, les Suédois prouvent qu’ils peuvent rivaliser en intensité avec la tête d’affiche.
Iron Maiden
La salle pleine s’impatiente, lancée dans des olas et des clappings frénétiques. À 20h50, les lumières s’éteignent. Un écran géant projette des ruelles sombres, jusqu’à faire surgir une vision nocturne de Paris et de sa Tour Eiffel. L’atmosphère est sombre, cinématographique.
Les six membres d’IRON MAIDEN entrent sur scène. Bruce Dickinson, tout de noir vêtu, surgit sur les premiers riffs de “Murders In The Rue Morgue”. À 66 ans, sa voix est limpide, sa fougue incandescente. Survolté, il s’agrippe à son pied de micro tout en haranguant le public. Sur “Killers”, l’iconique mascotte Eddie fait une entrée remarquée, hache à la main, déclenchant une ovation. Dickinson s’adresse à l’audience… en français ! Tout au long du concert, il invite la foule à chanter, hurler, lever les bras. La communion est déjà totale.
Exit les décors des années 80, place à un immense écran géant sur lequel est retranscrit l’univers visuel de chacun des morceaux joués ce soir. Pyrotechnie, animations, effets de lumière : tout est calibré avec une précision quasi cinématographique. Sur “Rime Of The Ancient Mariner”, des flammes jaillissent. “Aces High” nous embarque dans un combat aérien sous un Spitfire, pendant que “The Number Of The Beast” plonge l’Arena dans un enfer rougeoyant. Des visuels puissants que les fans les plus nostalgiques, habitués à des décors gigantesques, pourraient regretter… ou applaudir comme une évolution nécessaire. Bruce enchaîne les costumes tout au long de la soirée (pilote, moine, soldat…), symboles et cette métamorphose scénique constante.
La setlist fait bien évidemment la part belle aux tubes, en témoigne l’ambiance survoltée créée par les premières notes de “Run To The Hills”. Nous assistons à une performance technique, pointue. Steve Harris, bassiste charismatique et feuille de route du groupe, tient la cadence sans faille. Simon Dawson (remplaçant de Nicko McBrain) se révèle un batteur fluide et précis. Les trois guitaristes – Murray, Smith et Jers – se relaient dans des solos enfiévrés et des pas de danse iconiques qui font s’embraser la fosse.
Les envolées vocales de Dickinson restent époustouflantes, notamment sur “Seventh Son Of A Seventh Son”.
L’amour de Maiden pour son public et pour le live est palpable. Sur l’iconique “The Trooper”, alors que le leader agite un drapeau britannique puis un drapeau français, guitaristes et bassiste se réunissent au centre de la scène, dans un moment d’unité jubilatoire. La performance intense de “Hallowed Be Thy Name”, envoyant Dickinson dans une cage, est elle aussi marquante, tant visuellement que musicalement.
Le groupe joue fort, comme à son habitude. Néanmoins, le mix souffre parfois d’une distinction difficile entre les guitares et la voix. La basse, élément central de la musique du groupe, est souvent bourdonnante et en retrait. Cela n’entrave en rien l’entrain de l’assemblée. Après un malicieux “Nous revenons !” lancé par un frontman qui annonce lui-même son rappel, le public mesure que le set de deux heures approche de son terme. Quand “Fear Of The Dark” retentit, la foule explose en chœurs puissants. À cet instant précis, l’Arena devient une entité vivante, où chaque voix, chaque bras levé participe à l’hymne. La passion partagée entre les légendes et leurs adorateurs ne peut laisser de marbre. Un dernier frisson nous parcourt avec “Wasted Years” et c’est dans un moment d’extase partagée que le groupe quitte la scène. Les lumières se rallument. On sent chacun comme aspiré, encore en apesanteur en sortant de la Paris La Défense Arena.
Iron Maiden, 50 ans après ses débuts, n’a rien perdu de sa capacité à rassembler, à émouvoir et à faire trembler les murs. Ce n’est pas un concert de plus, c’est une messe païenne dédiée à la puissance du rock et à l’histoire vivante d’un groupe inépuisable. Iron Maiden prouve qu’il n’a rien perdu de son feu sacré. Et tant qu’il existera des scènes, des foules et des cœurs prêts à s’embraser, Maiden sera là, en haut de l’affiche, et au fond des tripes.









































































