
Plus de deux heures de show, une setlist équilibrée entre nouveautés et classiques, et un public qui continue de chanter sur le chemin du retour. Linkin Park n’a pas seulement rempli le Stade de France : il l’a fait vibrer. Retour sur cette soirée forte en émotions dans le cadre de la tournée From Zero World Tour.
JPEGMafia
À 19h précises, JPEGMAFIA donne le coup d’envoi de la soirée avec un grand bang. Le rappeur américain livre un set dense, expérimental, parfois déroutant. Casquette vissée sur la tête, lunettes noires et chemise en cuir, il enchaîne les morceaux avec une énergie brute, alternant entre chant rappé et vocodeur.
Le public, encore en train de s’installer, reste globalement réservé. Quelques applaudissements polis, peu de mouvements dans la fosse. Mais l’univers sonore de JPEGMafia, mêlant hip hop abrasif et textures rock (guitare, basse, batterie), n’est pas si éloigné de celui de Linkin Park. Une entrée en matière audacieuse, cohérente dans l’esprit, même si elle ne déclenche pas encore l’adhésion générale.
One Ok Rock
À 19h50, changement d’ambiance avec ONE OK ROCK. Le groupe japonais, emmené par Taka, entre en scène sur une animation visuelle soignée. Le chanteur arbore un T-shirt Linkin Park de l’époque Meteora, clin d’œil assumé à la tête d’affiche du soir.
Dès les premières notes, l’ambiance monte d’un cran. Le public frappe des mains, les refrains sont repris timidement, et l’énergie scénique du groupe fait mouche. Taka occupe toute la scène, y compris l’avancée, et multiplie les interactions avec le public, en anglais et même en japonais, salué par des applaudissements, (même si peu semblent réellement comprendre !).
Le set, très calibré pour les grandes salles, alterne entre pop rock efficace et passages plus intenses, avec quelques screams bien placés. “Save Yourself” et “Delusion:All” fonctionnent particulièrement bien. La voix de Taka montre quelques signes de fatigue sur la fin, mais l’enthousiasme reste intact.
Avant le dernier morceau, le chanteur prend le temps de raconter une partie de leur parcours, leur installation à Los Angeles il y a dix ans, et leur collaboration avec Colin Brittain, batteur de Linkin Park. Ce dernier les rejoint sur scène pour “We Are”, tube au Japon, dans une belle démonstration de complicité. Une fin de set dynamique et chaleureuse, qui prépare parfaitement le terrain pour la suite.
Linkin Park : un groupe en pleine puissance et un public plus que conquis
L’attente est bon enfant dans le stade en attendant la tête d’affiche : ola, tentative de création d’une tour de gobelets dans la fosse… On ne s’ennuie pas ! À l’écran, un compte à rebours de dix minutes fait monter la tension. On entend résonner le thème de la série Emily In Paris, puis, un peu plus surprenant, le générique du dessin animé Caillou. Enfin, dans un jeu de lasers et de distorsions visuelles, les musiciens entrent en scène. Les premières notes de “Somewhere I Belong” lancent le concert. Emily Armstrong, désormais frontwoman de LINKIN PARK, laisse le public entonner le refrain. Une habitude qu’elle adoptera plusieurs fois dans la soirée. On sent tout de suite une belle complicité entre le groupe et le public.
Le début du set alterne entre classiques et nouveaux titres du dernier album From Zero. “Crawling”, “Lying From You”, ou encore “The Emptiness Machine” trouvent leur place dans une première partie solide, bien accueillie par un auditoire encore en phase d’échauffement et qui scande même le prénom d’Emily, comme pour l’encourager.
C’est avec “The Catalyst” que l’ambiance monte d’un cran : bras levés, confettis, participation massive. “Burn It Down” impressionne visuellement, avec ses teintes orangées et ses projections dynamiques. Et le trio “Where’d You Go” / “Waiting For The End” / “Castle Of Glass” ralentit le tempo, dans une séquence plus introspective, éclairée par les téléphones portables.
Le retour à l’énergie se fait avec “Two Faced”, après une interaction complice entre Mike Shinoda, Emily et le public : les moshpits s’ouvrent enfin dans la fosse. A la fin du morceau, Emily s’éclipse brièvement et Joe Hahn enchaîne avec un solo, suivi d’un moment solo de Mike. Il descend dans la foule pendant “Remember The Name” et va même offrir sa casquette dédicacée à une fan chanceuse.
Le set gagne en intensité avec “One Step Closer”, rejoint par le chanteur de One Ok Rock, Taka. Une pause visuelle (un peu trop longue) marquée par des fissures rouges à l’écran, et une caméra embarquée dans la fosse survient ensuite, alors que le groupe a quitté la scène. Mais “Lost” relance le concert dans une ambiance plus posée. Puis “What I’ve Done”, repris en chœur, annonce l’un des passages les plus fédérateurs et forts de la soirée.
Un peu avant “Numb”, Mike Shinoda et Emily Armstrong s’avancent sur le catwalk pour interagir avec le public. Passage un peu hors du temps : Mike en profite pour dessiner un tatouage improvisé sur le bras d’un fan, pendant qu’Emily entonne spontanément l’intro de “Immigrant Song” de Led Zeppelin. Elle s’interrompt rapidement, visiblement surprise de l’avoir lancé devant 80 000 personnes. Mike rebondit immédiatement, encourage le groupe à suivre, et quelques mesures du morceau sont jouées avant un arrêt net. Emily enchaîne alors, sur le ton de la blague, avec un “That’s Not My Name” isolé, sans suite. Mike demande ensuite au fan de choisir un chiffre entre 1, 2 et 3, censé déterminer le style du morceau suivant. Le choix se porte sur le numéro 2, et le groupe enchaîne avec “Numb”, repris massivement par l’assemblée. “In the End” et “Faint” prolongent cette séquence nostalgique, Emily arborant un béret et un drapeau français récupérés sur l’avancée de la scène.
Le rappel est explosif, c’est un enchaînement de morceaux qui font mouche : “Papercut”, “A Place For My Head”, “Heavy Is The Crown”, et enfin “Bleed It Out”. L’ensemble des musiciens profitent de ce dernier titre pour rejoindre Emily et Mike sur l’avancée. Les adieux prennent leur temps, ponctués de saluts et de remerciements, mais on remarque qu’Emily Armstrong quitte la scène légèrement en avance.
Il faut maintenant retourner à la réalité, après une soirée bien menée, malgré quelques temps morts, où chaque artiste a su trouver sa place. Linkin Park confirme a nouveau sa solidité scénique, et son public, fidèle, répond toujours présent.



































































