
Il y a des groupes qu’on ne voit jamais vraiment changer. Des groupes qui traversent les décennies sans céder aux modes, fidèles à une certaine idée de la coolitude, de la mélodie et d’une sincérité sans détour. Weezer est de ceux-là. Dimanche, au Zénith de Paris, la formation menée par Rivers Cuomo est venue rappeler pourquoi, trente ans après le Blue Album, ces hymnes rayonnent toujours de cette même aura californienne.
Une première partie électrisante
Originaire de l’Est londonien, BAD NERVES s’impose depuis quelques années comme l’un des groupes les plus électrisants de la scène punk pop actuelle. Souvent décrits comme les héritiers modernes des Ramones et des Buzzcocks, les cinq Anglais balancent des morceaux courts, nerveux et ultra efficaces, portés par des mélodies accrocheuses et une énergie inépuisable.
Leur signature ? Des titres taillés pour la scène, joués à un tempo frénétique, sans jamais sacrifier le sens du refrain qui reste gravé dans la tête bien après le dernier accord. Fiers de leur démarche DIY, Bad Nerves cultivent un son garage sans artifice, direct, qui prend toute sa dimension en concert
Les 31 ans d’un album mythique
Un concert de WEEZER, c’est toujours bien sur scène. Mais ce qui change d’une date à l’autre, c’’est le public. Ce soir, la nostalgie est à l’honneur au Zénith, avec pas moins de dix titres issus du mythique Blue Album. Dès les premières notes, l’ambiance est posée. Dans la fosse, les spectateurs sont calmes, heureux, portés par cette vibe “cool” propre à Weezer. Sur scène, pas de fioritures, le groupe enchaîne les morceaux sans artifices, avec une simplicité désarmante. Pas de pyrotechnie ni de décor grandiloquent, juste quatre musiciens, deux guitares, et des tubes à la pelle.
Ce chef-d’œuvre sorti en 1994, qui continue d’inspirer toute une scène indie rock et power pop. Enchaîner “My Name Is Jonas”, “No One Else”, “In The Garage”, “Undone – The Sweater Song”, c’est offrir aux fans un voyage instantané vers leurs jeunes années, sans filtre ni retouches. À chaque riff, une vague de souvenirs. À chaque refrain repris, une foule qui se souvient pourquoi elle est tombée amoureuse de Weezer.
La force tranquille
Plus tôt dans le set, le son heavy de “Hash Pipe” arrive presque trop vite. En effet, on aimerait tant savourer chaque riff. Le morceau, avec ses guitares grasses et son refrain entêtant, aurait mérité de retentir plus tard. Mais qu’importe, le public ne boude pas son plaisir. Autre moment fédérateur sur “Perfect Situation”, avec ses “oh oh oh” repris par un auditoire ravi, qui s’en donne à cœur joie.
Entre deux morceaux, Rivers Cuomo se prête au jeu du contact avec son public. Fidèle à son habitude, le chanteur glisse quelques mots en français, maladroits mais touchants, qui déclenchent sourires et applaudissements. La complicité est là, simple, sincère.
Sans pause inutile, Weezer déroule un set généreux de 22 morceaux, entre hits incontournables et clins d’œil aux débuts. Voir Weezer en concert, c’est une promesse tenue. Des chansons qui donnent le sourire, une exécution impeccable, et une vibe bonne enfant qui fait oublier le reste. Impossible de conclure sans “Say It Ain’t So”. Véritable clou du spectacle, ce tube finit de souder le Zénith, qui chante d’une seule voix sur ce titre culte.
Une parenthèse nostalgique
Mais alors, est-ce que le public était au rendez-vous ? Il y avait dans l’attitude de l’assemblée ce soir quelque chose de réconfortant, pas de snobisme, pas de cynisme, juste un grand plaisir d’être là. Des trentenaires et quarantenaires qui ont grandi avec le groupe, parfois venus avec leurs enfants, preuve que la relève est déjà là. En effet, au moment de quitter la salle, un constat s’impose : un concert de Weezer, c’est une parenthèse heureuse.
Pas de révolution scénique, pas de surenchère, mais une collection de morceaux qu’on aime toujours autant entendre, un groupe fidèle à lui-même et un public qui en redemande. Et c’est sans doute pour ça qu’on y revient encore et encore : parce que dans un monde où tout va trop vite, Weezer reste ce refuge pop rock où l’on vient retrouver un peu de son adolescence et repartir le cœur léger.





























