ReportsSlideshow

ROBBIE WILLIAMS @ Paris La Défense Arena (02/07/25)

Se proclamer “le plus grand divertisseur du monde” n’est pas rien. À 50 ans passés, Robbie Williams est pourtant l’un des rares à pouvoir encore endosser ce costume sans trop trembler. À Paris, devant une Arena pleine à craquer, le chanteur britannique a servi un show tour à tour grandiloquent, intime, drôle et émouvant. Un condensé de ce qu’il est : un roi du spectacle, mais aussi un homme qui n’a plus peur de dévoiler ses failles.

Une entrée digne d’un roi du stade

Il est exactement 21h10 quand les lumières s’éteignent dans l’immense salle. Sur les écrans géants, du texte apparaît, accompagné d’une voix off qui pose la question de l’IA dans le divertissement. Mais avant ça, le public a eu droit à un joli échauffement assuré par LOTTERY WINNERS : un quatuor anglais pop rock, malin et solaire, qui a su faire patienter l’Arena avec des refrains accrocheurs et une énergie bon enfant.

Puis soudain, il est là : ROBBIE WILLIAMS, vêtu d’une combinaison blanche tel un cosmonaute il lance “Rocket” puis finit campé tout en haut d’une structure métallique, bras écartés comme une rock star du début des années 2000. Il observe la foule, savoure la clameur… puis se lance littéralement dans le vide. A l’aterrissage, la rockstar fait tomber la combinaison pour montrer un improbable ensemble jogging assorti orange. A mi-chemin entre le ringard assumé et le chic vintage, il donne le ton de la soirée. Un clin d’œil à ses débuts ? Sûrement. Mais surtout un signe : ce soir, on est là pour s’amuser.

D’ailleurs, il s’auto-proclame le roi du divertissement et compte bien démontrer que c’est pas qu’un titre. Il embraye donc sur “Let Me Entertain You”, un titre qui, vingt-cinq ans plus tard, reste l’un des meilleurs slogans pour résumer le personnage. La foule est debout, bras levés, déjà prête à hurler chaque mot.


L’humour comme fil rouge

Après “Monsoon”, Robbie continue son discours sur fond de classiques du rock. “All My Life / Song 2 / Seven Nation Army / Livin’ On A Prayer”. Blur, The White Stripes, Bon Jovi… Quatre hymnes qui ne résonnent pas tous de la même manière dans l’Arena. Et l’artiste parle et parle encore. Il a envie de tout raconter, de faire des blagues, de créer du lien avec son public. Tout au long de la soirée il n’hésitera pas à descendre dans la fosse au contact de ses fans. Laissant des femmes en pleurs sur son chemin.

Robbie parle. Beaucoup. C’est sa marque de fabrique. Des vannes sur ses kilos, sur ses fans, sur lui-même. L’autodérision est une armure, mais elle laisse parfois passer la vérité. Ce soir, il brise le masque : entre deux blagues, il partage un pan de son quotidien. Sa grand-mère, emportée par la démence. Sa mère, aujourd’hui touchée par la même maladie. Son père, atteint de Parkinson. Sa belle-mère, frappée par trois pathologies graves. Des mots durs, livrés sans filtre à une foule qui retient son souffle.

Un deuxième acte qui manque de rythme

Le spectacle se déplace au milieu de l’arène pour un deuxième acte plus intime. Robbie enchaîne “The Road To Mandalay”, “Supreme”, “Better Man”. Des morceaux plus posés, plus feutrés. On est loin de l’exubérance du début : le ton se fait plus tendre, presque fragile. Si “Supreme” fonctionne parfaitement sur cette scène entourée des fans, la parenthèse a ses limites.

Une partie de Lottery Winners vient rejoindre Robbie Williams sur scène pour lui prêter main forte. Le choix des morceaux n’est pas le meilleur. Le tempo retombe, certains décrochent. Mais le pari de la scène centrale sauve le moment : plus besoin de suivre Robbie sur écran, il est là, à quelques mètres, pour tout le monde. L’artiste revient sur son passé avec Take That pour lancer “Relight My Fire” avant de clore sur “Something Beautiful”.

Retour au Gatsby Show

De retour sur la scène principale, “Millennium” relance la machine. La salle retrouve son énergie d’ouverture. Puis vient le “Theme From New York, New York”. Et là, la scène change de visage : cuivres clinquants, choristes en robe de soirée, et Robbie, impeccable, dans un costume rose façon crooner décadent. Pendant quelques minutes, la Paris Défense Arena devient le décor d’un Gatsby moderne.

C’est une déferlante de tube qui frappe l’Arena. Avec “Come Undone” et “Kids” l’ambiance devient festive. L’audience qui a grandit dans les années 90/2000 avec l’artiste semble ravi. Mais le show n’est pas terminé. C’est l’heure de la plus longue et plus sympa présentation de groupe. Chaque musicien a le droit à son petit moment de gloire avec un extrait de tube joué live. Mention spéciale au claviériste qui a réussi à placer “Sexy Boy” de Air en hommage à la scène électro française.

Place ensuite au rituel pour “She’s The One”. Robbie descend dans la fosse, micro tendu, pour trouver une Parisienne à qui offrir sa chanson. Sauf que la tâche se complique : les premiers rangs sont remplis de fans venus de partout, Écosse, Italie, Israël… Une armée de fidèles qui le suit de ville en ville. Finalement, après quelques blagues et une chasse improvisée, il trouve sa muse du soir. La chanson devient une scène de comédie romantique à ciel ouvert.

Le bouquet final

Avant de tirer le rideau, Robbie fait sonner les paroles de “My Way », version Sinatra avec une classe inégalable. Suite au partage de son contexte familial actuel, les mots résonnent avec nostalgie et tristesse. Derrière lui, les images de son passé et de ses proches défilent. C’est émouvant car débordant de sincérité.

L’artiste sort de scène pour revenir rapidement dans un costume blanc comme un ange. Il a encore dans son sac deux tubes intemporels, qui continuent à faire vibrer les foules. “Feel” c’était le renouveau de l’artiste à l’époque de sa sortie. Un clip aussi classe que sobre, une mélodie accrocheuse sur une musique épurée et entêtante. Forcément c’est le carton plein. Et que dire de “Angels”, si ce n’est qu’il est difficile de ne pas avoir la larme à l’œil quand 35 0000 personnes chantent cet hymne à tue-tête.


Robbie Williams ne ment pas : oui, il est toujours l’un des plus grands divertisseurs de la planète pop. Parce qu’il sait rire de lui-même, parce qu’il ose parler de ce qui fait mal, parce qu’il transforme chaque chanson en petit théâtre.

Robbie Williams Setlist Paris La Défense Arena, Nanterre, France 2025, BRITPOP

Ecrire un commentaire

Marion Dupont
Engagée dans la lutte contre le changement climatique le jour, passionnée de Rock et de Metal le soir !