
Coup de cœur de l’automne 2022, le premier album de Nessa Barrett, Young Forever nous avait donné envie de suivre son parcours. Un peu refroidi par le tournant pop électronique de son successeur, nous étions néanmoins résolus à ne pas abandonner le navire et à juger son rendu en live. Direction donc le Bataclan pour la seconde date parisienne de cette tournée, Aftercare World Tour.
Sombr
Si SOMBR, est une totale découverte pour nous, ce n’est absolument pas le cas de la fosse. Composée en majorité de (très) jeunes adultes, la foule fait preuve d’un enthousiasme de tous les instants. Le musicien de 19 ans évolue dans un registre alt pop, moins mainstream que ce qu’on pourrait imaginer de prime abord. L’artiste reste fidèle à son nom de scène, se montrant plutôt sur la retenue. En dépit d’un succès évident, il dégage en effet une certaine timidité. Ses interventions sont très sobres, se limitant à annoncer le titre de ses chansons. Néanmoins, cela ne refroidit pas le moins du monde le public “de sa ville préférée“, qui se manifeste particulièrement sur ses morceaux les plus entraînants (“Undressed”, “Back To Friends”).
Un enthousiasme qui fait plaisir à voir, et dont la ferveur semble étonner le principal intéressé. Ce dernier prend le temps de remercier chaleureusement Nessa de l’avoir contacté à un moment où il était au plus bas. “Merci infiniment à Nessa Barrett de m’avoir accueilli“, a-t-il déclaré. “Je t’aime, Nessa. C’est la personne la plus formidable que je connaisse, elle est incroyable“. Si les morceaux ne provoquent pas chez nous la même ferveur, on appréciera la chanson “Caroline”, éclairée à la lumière des flashs, dans laquelle il s’autorise quelques petites montées rageuses. Le New-Yorkais quitte finalement la scène sous une ovation plus que rare pour une première partie. De très bonne augure pour la suite !
Nessa Barrett
Alors que le niveau d’excitation était déjà très haut, il atteint son paroxysme avec l’arrivée de NESSA BARRETT sur “Dirty Little Secret”. Tandis que les spéculations sur sa tenue ont occupé une large partie des vingt minutes d’attente, la jeune femme a opté ce soir pour un outfit mi-burlesque, mi-soubrette sexy. De quoi laisser ses fans sans voix ? Bien au contraire. En cette seconde date parisienne, le public scande avec une remarquable ferveur chaque parole de la quasi-totalité des titres. Sur “Given Enough” elle laisse la foule commencer seule le morceau, faisant trembler la salle parisienne. Bien que calme, une puissance irrépressible se dégage de chaque interprétation, à l’image de “PINS AND NEEDLES” ou encore “HEARTBEAT”.
Loin de nos réserves initiales sur le dernier album, nous découvrons une vibe très proche de Lana Del Rey (“Russian Roulette”, “heartbreak in the hamptons”, “Blue Valentine”). La voix magnifiquement chaude et sombre irradie d’une délicieuse délicatesse. Sublimée par des illustrations en noir et blanc, il se dégage une ambiance presque jazzy sur de nombreux titres. S’inscrivant dans cette DA, la reprise de “Glory Box” de Portishead montre que la jeune femme a un background rock des plus intéressants, après celle de “505” d‘Arctic Monkeys lors de son dernier passage.
Certains morceaux sont même l’occasion de prendre en main une guitare, pour un impact qu’on peut qualifier de très limité. On sent que cet artifice est un moyen de varier sa présence scénique. Dans ce domaine, bien que ses poses soient répétitives, on ne peut que saluer cette envie de ne pas donner dans l’hyper-sexualisation. On reste sur quelque chose de sensuel, appuyé par de belles projections de visuels en fond de salle. L’un de ces très beaux tableaux reprend même un extrait du film Edward aux mains d’argent, lors de son interprétation de son titre “Edward Scissorhands”. On pourra néanmoins être dubitatif sur le choix de représenter Johnny Depp pour illustrer des paroles “C’est juste comme ça que Dieu t’a fait, Tu n’es pas un monstre, juste un homme brisé”. Étonnant au regard du passif de l’acteur dans ses relations.
Une prestation réussie mais perfectible dans les détails
Pour une tournée nommée Aftercare World Tour, le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle porte bien son nom ! Pas moins d’une quinzaine de chansons sont en effet tirées de cet album et de sa version deluxe. En fan de la première heure, il faut avouer que nous aurions aimé entendre davantage de titres des livraisons précédentes. D’autant que “Dying On The Inside” et “Die First” (interprété en rappel) font une nouvelle fois carton plein.
L’ultime chanson, donne l’occasion à certains fans de brandir une étoile, symbolisant la typologie du sulfureux titre “P*RNSTAR”. Une prestation qui marque la sortie express (et cette fois définitive) de la jeune femme. On reste plus mesuré sur les sonorités assez racoleuses de ce titre (ou de “S.L.U.T” en début de concert), qui dénotent avec le talent d’interprète démontré sur le reste du show. Rendez-vous sur la prochaine tournée pour “la di die” ou “too hot to cry” ?
1h12, rappel compris, Nessa Barrett a livré un concert à un rythme effréné. Cette date nous aura permis de voir sous un nouveau jour (bien plus positif) les compositions de son dernier album. Il aura néanmoins manqué un poil d’interaction avec le public, qui a été phénoménal ce soir. De même, un quart d’heure supplémentaire avec d’anciennes compositions aurait contribué à ne pas laisser un petit goût d’inachevé. Une soirée qui reste toutefois très agréable, et nous poussera une nouvelle fois à suivre une artiste ô combien talentueuse.














































Crédit photo : Lou Occhiminuti