The Ting Tings – Home

Sept ans sans nouvelles. Sept années de silence radio pour The Ting Tings, duo explosif qui avait marqué la fin des années 2000 avec une pop nerveuse et impertinente. De “That’s Not My Name” à “Shut Up And Let Me Go”, Katie White et Jules De Martino ont toujours cultivé l’art de l’énergie brute. Mais voilà que 2025 signe le grand retour… dans un calme absolu.

Avec Home, The Ting Tings prend tout le monde à contre-pied. Exit les rythmes électro punk sous adrénaline : place à une folk pop soyeuse, résolument rétro, inspirée par la quiétude d’Ibiza, les vinyles de Fleetwood Mac, la parentalité et un besoin vital de ralentir. Oui, Home est littéralement un album fait maison, dans leur studio insulaire, sans deadline, ni pression. Et c’est ce qui le rend si profondément sincère.

Yacht rock, vérité et analogique

Oubliez les refrains taillés pour le dancefloor. Sur Home, le duo puise dans le groove délicat et les harmonies satinées du yacht rock : Fleetwood Mac, Steely Dan, The Eagles ne sont jamais bien loin. Le single “Good People Do Bad Things” en est la synthèse parfaite : guitare souple, chœurs envoûtants et mélodie lumineuse.

On flotte dans une atmosphère apaisée, enregistrée en analogique, où chaque instrument respire. La production, signée Jules, privilégie l’organique au numérique, la nuance au clinquant. Ce retour à l’essentiel donne aux morceaux une chaleur rare. Même les moments plus introspectifs, comme “Down”, dégagent une sérénité bienveillante, presque spirituelle.

Un album de famille, pour tous

Home n’est pas un album qui cherche à plaire. Il cherche à être. Et c’est ce qui le rend si attachant. Né de la lenteur, du retrait, de la parentalité, de la vie hors du tumulte, il raconte quelque chose de rare dans la pop contemporaine : l’acceptation du quotidien, du présent, du silence aussi. Un disque de gens qui n’ont plus besoin de prouver quoi que ce soit, juste de créer quelque chose de vrai.

Cela dit, malgré toute la tendresse qui s’en dégage, Home souffre parfois d’un léger effet de redondance. Passé la moitié de l’album, certaines ambiances et structures se répondent un peu trop à l’identique. La douceur devient routine, les intentions se brouillent. Si l’expérience reste agréable de bout en bout, on aurait aimé un brin de contraste ou d’audace en deuxième partie pour relancer l’écoute.

Rien de rédhibitoire, certes, mais suffisant pour freiner un peu l’enthousiasme initial. Une preuve, peut-être, que trop de calme peut finir par anesthésier la magie d’un disque pourtant très humain.

Avec Home, The Ting Tings réussit une reconversion sincère et touchante. Sans jamais forcer le trait, le duo dévoile une facette apaisée, presque méditative, de sa musique. Un album tout en nuances, qui s’écoute comme on feuillette un carnet de souvenirs… quitte à parfois tourner quelques pages un peu trop semblables. Un disque d’atmosphère, à savourer sans se presser, telle une bande-son idéale pour les longues soirées d’été ou les matins calmes.