Trois ans après un Servant Of The Mind (2021) ultra solide, Volbeat aurait pu peaufiner une suite calibrée pour les stades. Mais ce neuvième album, né en à peine cinq semaines, prend tout le monde à contre-pied. God Of Angels Trust est un disque viscéral, épidermique, où Michael Poulsen lâche la bride pour mieux retrouver l’essence même de Volbeat : des riffs massifs, des refrains qui cognent, et une bonne dose de chaos parfaitement assumé.
Le ton est donné dès “Devils Are Awake” : un riff pachydermique à la Metallica, un groove rampant, un refrain libérateur. Le groupe enchaîne avec “By A Monster’s Hand”, petite virée dans l’esprit malade d’un serial killer, avant de s’autoriser une parenthèse bouleversante avec “Acid Rain”, lettre ouverte à un père disparu. Du plus frontal au plus introspectif, chaque morceau semble guidé par l’urgence de dire, de ressentir, de créer sans filtre.
La production brute, enregistrée dans un esprit quasi-live sous la houlette du fidèle Jacob Hansen, accentue cette sensation de disque instinctif, saignant, et volontairement non poli. Le mix laisse respirer les instruments, notamment les guitares, et souligne les aspérités d’un album qui ne cherche jamais à séduire au premier abord.
Satan, Elvis et les fantômes : bienvenue dans le cabaret du bizarre
S’il y a un titre qui résume la folie douce de ce disque, c’est bien l’hallucinant “In The Barn Of The Goat Giving Birth To Satan’s Spawn In A Dying World Of Doom”. Metal, rockabilly, western gothique : tout y passe dans ce trip délirant et théâtral, entre clin d’œil à Black Sabbath et hommage déguisé à Rob Zombie. C’est too much ? Absolument. Mais c’est jouissif. Et surtout, c’est 100% Volbeat.
Plus direct mais tout aussi lourd de sens, “Demonic Depression” plonge dans les ténèbres de la santé mentale, porté par l’un des riffs les plus violents de l’ensemble. Le remplacement de Rob Caggiano, parti en 2023, n’a pas affaibli la formule : Flemming C. Lund (Asinhell) s’en sort avec les honneurs, injectant un supplément de hargne et de précision dans chaque solo.
À l’opposé, “Lonely Fields” et “Time Will Heal” touchent au cœur, empreints d’une nostalgie sincère. On sent Poulsen hanté par ses souvenirs, mais aussi animé d’un feu nouveau, nourri par ses enfants, sa famille, la vie qui continue malgré les deuils. Des morceaux à fleur de peau, où l’émotion prend le pas sur la technique, sans jamais sombrer dans la mièvrerie.
Une œuvre imparfaite mais habitée
Tout n’est pas parfait sur God Of Angels Trust. “At The End Of The Sirens” manque de tension, et le final “Enlighten The Disorder” ne conclut pas vraiment l’album en apothéose. L’écriture aurait parfois mérité un second passage, notamment côté paroles, où quelques maladresses sautent aux oreilles. Mais dans ce capharnaüm créatif, c’est justement l’instinct brut qui fait tout le charme.
Volbeat ne signe pas ici son chef-d’œuvre, mais probablement son disque le plus libre depuis Outlaw Gentlemen & Shady Ladies (2013). Un album qui sent la poussière, le sang, la bière tiède et l’envie furieuse de faire du bruit. Et franchement ? Ça fait du bien.
En attendant un éventuel retour à un format plus carré ou une plongée plus radicale dans son versant extrême, ce God Of Angels Trust impose un nouveau souffle. Et prouve que Volbeat a encore beaucoup à dire – même (ou surtout) quand il ne prend pas le temps de tout lisser.
Informations
Label : Universal Music
Date de sortie : 06/06/2025
Site web : www.volbeat.dk/en
Notre sélection
- Better Be Fueled Than Tamed
- Demonic Depression
- In The Barn Of The Goat Giving Birth To Satan’s Spawn In A Dying World Of Doom
Note RUL
3,5/5