
Alors que Scowl poursuit sa conquête de l’Europe, le Trabendo accueille ce soir un plateau qui oscille entre rage punk, électricité pop et expérimentations post hardcore. Les Américains viennent défendre l’audacieux Are We All Angels, disque de la transformation, du risque et d’un pas de côté vers un univers plus pop. Le groupe parviendra t-il à trouver l’équilibre entre ses nouvelles sonorités et sa brutalité initiale ?
Mss France : du punk hardcore à la française
La soirée s’ouvre avec MSS FRANCE, renouveau du punk hardcore hexagonal dans sa version la plus frontale. Petite audience encore timide, mais grosse décharge d’énergie. Le groupe dégaine des titres courts, percutants, marqués par l’humour et la nervosité. Sur “Bahamas” ou “R FRNCE”, ça fuse dans tous les sens, porté par des musiciens engagés et en sueur. Mention spéciale au final, inattendu et jouissif, où tout explose sur une track électro dansante qui fait décoller la salle autant que les artistes. Un set aussi court qu’efficace.
Entre vagues planantes et secousses punk
Place ensuite à MODERN COLOR, groupe californien entre post hardcore et noise rock. Les éléments de shoegaze construisent une ambiance plus posée avec des nappes planantes et une tension rampante. Le public se densifie peu à peu. Et lorsque le groupe se laisse aller à des accélérations punk, c’est là que la magie opère réellement. Les passages nostalgiques et un peu brumeux tirent parfois en longueur. En fin de set, une légère vibe à la Pixies flotte dans l’air. Une respiration avant la tempête à venir.
La violence sublimée, la pop amplifiée
La grande question du soir : comment SCOWL allait mêler ses racines punk hardcore à ses nouvelles aspirations plus pop ? La réponse est éclatante dès les premières secondes : le live transcende le studio. Les morceaux issus de Are We All Angels prennent une tout autre dimension sur scène, réarrangés, densifiés, électrisés. Le virage pop devient sur scène un coup de volant rock, qui ne fait que renforcer l’impact des titres les plus violents. Sur “B.A.B.E” se dégagent les premiers moments rugueux du concert.
Kat Moss, impressionnante de présence, capte tous les regards. Cheveux verts flamboyants, allure gracieuse et féline, elle domine la scène avec assurance. Seul bémol : des effets parfois un peu trop présents sur sa voix. Mais l’ensemble reste bluffant de maîtrise et d’intensité. En effet, elle bondit, charme, danse et tend le micro au public avec une fluidité qui force le respect.
Entre rupture et affirmation
Autour d’elle, le groupe ne fait pas de la figuration. Les musiciens sont ultra soudés, toujours en mouvement, avec une énergie communicative. La section rythmique cogne avec précision, et les guitares rugissent autant qu’elles caressent, en fonction des titres. Les morceaux les plus récents comme “Fantasy”, “Let You Down” ou “Tonight (I’m Afraid)” montrent un visage plus nuancé du groupe, mais la mise en scène et l’interprétation leur confèrent une puissance nouvelle. Les éclairages changent de teinte, la tension redescend parfois, mais jamais longtemps. Kat en joue, naviguant entre introspection et explosion.
“Bloodhound” déclenche un gros pics d’énergie : le pit s’ouvre, les corps s’entrechoquent, le Trabendo s’embrase. Et si la salle n’est pas remplie à ras bord, les fans présents sont là pour en découdre. Ça hurle, ça danse, ça se cogne avec le sourire. Scowl confirme : ce n’est pas qu’un groupe en mutation, c’est un groupe en expansion. Une entité qui n’a pas peur de bousculer les genres, de prendre des risques, et surtout, de tout emporter en live. Le public européen ferait bien de s’en rendre compte très vite et de venir remplir les salles.
Une montée en tension maîtrisée
Le final enchaîne “Are We All Angels” et “Special”, deux singles qui ont déjà marqué un tournant dans l’identité du groupe. Sur scène, ces titres deviennent de véritables hymnes, repris en chœur par les fans. La communion est totale. Le mélange entre douceur mélodique et tension contenue touche juste. Scowl réussit son pari.