ChroniquesSlideshow

Damiano David – FUNNY little FEARS

Et si Damiano David signait ici la rupture la plus inattendue de l’année ? Le charismatique frontman de Måneskin, habitué aux scènes survoltées et aux riffs flamboyants, surprenait tout le monde en annonçant fin 2024 son envol en solo. Avec FUNNY little FEARS, son tout premier album personnel, il s’éloigne résolument de l’univers rock qui l’a révélé pour explorer une pop introspective et vulnérable.

La pop à l’italienne

Dès les premières secondes de FUNNY little FEARS, Damiano David impose une direction artistique claire : celle d’une pop élégante, parfois rétro, toujours habitée. Loin des guitares rugissantes de Måneskin, l’artiste italien explore ici une palette plus nuancée, sans jamais perdre de sa flamboyance.

Le morceau d’ouverture, “Voices”, déborde d’énergie, tandis que “Next Summer” ralentit le tempo pour mieux plonger dans une douce mélancolie estivale. Puis vient “Zombie Lady”, ballade romantico-gothique portée par des synthés et un featuring inattendu de la Zombie Lady elle-même, Dove Cameron. David y convoque l’univers des Noces Funèbres, se rêvant en Victor aux côtés d’une Emily moderne. Sa voix, toujours aussi magnétique, laisse filtrer un accent italien qui ajoute une touche de sensualité à l’ensemble.

L’album joue avec les contrastes : “The First Time” surprend avec un solo de saxophone final à la Sam Fender, tandis que “Tango” mêle une intro rétro au piano à une rythmique pop contemporaine. “Mars”, quant à lui, est un sommet de romantisme dramatique, porté par des guitares suaves et une intensité presque cinématographique. Tous les morceaux ne se valent pas pour autant et certains peinent à marquer les esprits en étant quelque peu quelconques comme “Angel”.

Bien accompagné

David ne signe pas cet album en solitaire. Il s’entoure d’artistes et de producteurs qui enrichissent son univers sans jamais en prendre le dessus. Sur “The Bruise”, Suki Waterhouse apporte une douceur éthérée, même si le morceau s’éteint trop tôt, laissant un goût d’inachevé. “Tangerine”, en duo avec d4vd, est une ballade romantique aux accents sixties et nostalgiques. Mais c’est avec “Silverlines” que le disque atteint un sommet d’épure. Produit par Labrinth, ce titre mise sur la sobriété : guitare acoustique, touches de synthé en lieu et place des cordes (que l’on peut entendre sur la version orchestrale), et un texte mis à nu. Une production minimaliste qui recentre l’attention sur l’émotion brute.

A cœur ouvert

FUNNY Little FEARS est un album confession. David s’y livre avec une sincérité rare, abordant des thèmes personnels, parfois douloureux, mais toujours avec pudeur. Les textes sont poignants, mais la production évite le pathos : les arrangements, souvent lumineux et rythmés, viennent alléger la gravité des propos.

“Born With A Broken Heart” en est l’exemple parfait : un morceau très The Killers, au refrain entêtant, qui insuffle une énergie nouvelle à la seconde moitié de l’ensemble. “Solitude (No One Understands Me)”, qui clôt le disque, est au contraire une ballade dépouillée, presque nue, où les instruments accompagnent une voix à fleur de peau. Le titre, qui reprend dans son texte le nom de l’album, nous laisse sur une interrogation : pouvons-nous enfin comprendre David ?

FUNNY little FEARS n’est pas un simple exercice de style. C’est un album de transition, de transformation, où l’artiste italien explore ses failles, ses désirs et ses souvenirs avec élégance. Une œuvre sincère et audacieuse qui montre ses multiples facettes. 

Informations

Label : Sony Music
Date de sortie : 16/05/2025
Site web : www.damianodavidofficial.com

Notre sélection

  • Zombie Lady
  • Voices
  • Mars

Note RUL

 4/5

Ecouter l’album

Ecrire un commentaire

Stéphanie K Perera
J'ai la tête dans les nuages, des paillettes plein les yeux et les oreilles qui dansent (pas littéralement, je ne sais pas les faire bouger sur commande malheureusement, mais pour environ 20% de la population, il paraît que c'est un jeu d'enfants...)