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GHOST @ Accor Arena (13/05/25)

Alors que le Vatican vient d’accueillir un nouveau pape dans la réalité, la capitale française, elle, couronne une autre figure pontificale : Papa V Perpetua, chef de file de Ghost, pour une messe noire célébrée à guichets fermés à l’Accor Arena. Pas de première partie, pas d’écrans de téléphone : cette soirée se vit comme un rite ancien, à l’abri des regards extérieurs. Les fans, parfois costumés à l’image de leur prophète, s’agglutinent dans la fosse, déjà pris par l’effervescence d’un mystère à venir.

Un cérémonial sans écran

Dès l’entrée, les téléphones sont confisqués et scellés dans des pochettes sécurisées. Une première pour nombre de spectateurs, mais une organisation fluide permet à chacun de se concentrer sur l’essentiel : la musique, le rituel, l’instant. La scène, dissimulée par des rideaux noirs, attise l’attente. Quand les premières notes résonnent dans une salle entièrement plongée dans le noir, l’émotion saisit immédiatement les rangs.

GHOST débute son office avec deux titres issus du nouvel album Skeletá : “Peacefield” et “Lachryma”. Une introduction sobre, portée par une scène épurée dominée par une croix inversée, également logo du groupe. Les costumes, sombres mais parcourus de strass, captent la lumière avec subtilité. Un choix esthétique fort, illustrant les racines plus minimalistes du projet.

© Ryan Chang
© Ryan Chang

Habemus Papa V Perpetua

L’arrivée de Papa V Perpetua, en lévitation et vêtu d’une somptueuse tenue mauve, sur “Call Me Little Sunshine”, marque un premier pic visuel. Le public retient son souffle. Les classiques tels que “From The Pinnacle To The Pit” et “Spirit” prennent une ampleur nouvelle : la basse plus grondante, les guitares plus abrasives, tout résonne avec une puissance décuplée. Sur scène, les titres renaissent, plus vivants et menaçants que jamais.

“Call Me Little Sunshine” brille par son efficacité live. Impossible de ne pas frapper dans les mains lors du passage central, pensé pour fédérer les foules. Pourtant, l’album Impera (2022) reste étonnamment discret dans la setlist, représenté par seulement deux morceaux. Un choix audacieux qui ancre la soirée dans une rétrospective assumée.

© Ryan Chang
© Ryan Chang

Une scénographie apocalyptique

La scénographie prend une toute autre dimension avec “Cirice”. L’arène s’embrase de vitraux colorés évoquant une cathédrale renversée, familiers mais changeants, comme un mirage. Ce décor somptueux souligne les riffs acérés d’un des morceaux les plus emblématiques de la formation suédoise. Autre temps fort sur le plan musical, le très beau “Ritual”. Là encore chaque note, chaque riff prend une autre ampleur. C’est presque magique.

Puis vient “Year Zero”, grand moment de la soirée. L’ampleur instrumentale et la mise en scène monumentale. Feu, vitraux incandescents, pyrotechnie millimétrée, etc. transforment le titre en apothéose baroque. Sur “He Is”, l’espoir succède à la fin du monde. Les jeux de lumière apaisent l’atmosphère, comme une prière murmurée dans le tumulte.

Avec “Rats”, Tobias Forge dirige son public d’une main experte. Le refrain devient une incantation collective. L’ambiance se fait plus légère sur “Kiss The Go Goat”, baignée dans une esthétique années 80. Les écrans basculent vers un univers rétro kitsch et délicieusement irrévérencieux. Après avoir évoqué ses modestes débuts et célébré sa gloire, Ghost s’amuse désormais à fantasmer son avenir.

© Ryan Chang
© Ryan Chang

Un final d’anthologie

Après un passage plus heavy avec “Mummy Dust”, le set principal se clôt sur “Monstrance Clock”, moment de communion absolue. Le refrain, projeté sur les écrans, est repris par une salle entière dans un même souffle. “Come together, together as one“, des paroles aux multiples significations qui sonnent tellement justes ce soir.

Pourtant, la cérémonie n’est pas terminée. Le rappel propulse l’Accor Arena dans une dernière transe : le viral “Mary On A Cross”, l’imparable “Dance Macabre” et l’hymne “Square Hammer” s’enchaînent dans une explosion de lumières et de refrains galvanisants. Chaque tableau est millimétré, chaque note pensée pour faire vibrer les corps et les esprits.

© Ryan Chang
© Ryan Chang

En près de deux heures, Ghost réussit à captiver, surprendre et rassembler. Ce concert parisien est bien plus qu’un simple show : c’est un théâtre occulte, une expérience sensorielle et une célébration démesurée. À l’heure où Rome change de souverain pontife, Papa Emeritus V prouve, lui, qu’il est déjà immortel sur scène.

Ghost Setlist Accor Arena, Paris, France, Skeletour World Tour 2025

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Marion Dupont
Engagée dans la lutte contre le changement climatique le jour, passionnée de Rock et de Metal le soir !