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Fall Out Boy : 20 ans sous le liège et toujours debout !

Le 3 mai 2005, un groupe du Midwest américain appuyait sur le bouton nucléaire de la scène emo/pop punk. Vingt ans plus tard, From Under The Cork Tree reste l’un des albums les plus emblématiques des années 2000, un concentré de frustration adolescente, de refrains calibrés pour les stades et de titres à rallonge dignes d’un générateur automatique en surchauffe. Signé Fall Out Boy, ce disque n’était pas qu’un tournant pour le groupe de Chicago : c’était un point de bascule pour toute une génération.

Comme si c’était hier

À l’époque, Fall Out Boy est un outsider parmi les outsiders. Repéré dans l’underground de Chicago, le quatuor vient tout juste de sortir Take This To Your Grave, un premier album prometteur qui attire l’attention de Pete Wentz et de sa scène. Mais le groupe est à deux doigts d’exploser de l’intérieur : tentatives de suicide, pression colossale, changement de label (Island Records entre dans la danse), et surtout l’envie brûlante de passer à la vitesse supérieure. L’album est conçu comme une thérapie sous stéroïdes : Patrick Stump affine son instinct pop, Wentz balance ses tourments dans un flot de punchlines cryptiques, et Neal Avron (Yellowcard, New Found Glory) est appelé à la production pour muscler le tout.

Le titre de l’album, From Under The Cork Tree, n’est pas choisi au hasard. Il fait référence au livre pour enfants The Story Of Ferdinand (1936) de Munro Leaf, dans lequel un jeune taureau pacifiste préfère sentir les fleurs sous un arbre en liège plutôt que de se battre dans l’arène. Une métaphore à peine voilée pour une génération de jeunes adultes qui refusent les cases, les normes, et la violence émotionnelle qu’elles imposent. Fall Out Boy, c’est Ferdinand avec un micro et des guitares : sensible, incompris, et prêt à exploser s’il le faut.


Am I more than your bargained for yet?

Dès les premières secondes de “Our Lawyer Made Us Change The Name Of This Song So We Wouldn’t Get Sued”, le ton est donné : riffs nerveux, batterie métronomique, et ce chant mi-crooner mi-suppliant qui deviendra la signature de Stump. Le coup de grâce arrive dès le morceau suivant : “Of All The Gin Joints In All The World”, puis le monumental “Dance, Dance” et l’irrésistible “Sugar, We’re Goin Down”. Ce dernier, porté par un clip MTV-ready et un refrain aussi entêtant qu’un jingle de pub, propulse Fall Out Boy au rang de phénomène.


Mais Cork Tree ne se résume pas à ses tubes. “Sophomore Slump Or Comeback Of The Year” est une déclaration d’intention, “I’ve Got A Dark Alley And A Bad Idea That Says You Should Shut Your Mouth (Summer Song)” un exercice de vulnérabilité rare, tandis que “XO” referme le disque comme un au revoir amer. Musicalement, Fall Out Boy s’émancipe du simple punk rock pour flirter avec la pop baroque, les guitares emo, et un sens mélodique qui n’a rien à envier aux géants du Top 40.

L’émo qui met le feu à MTV

From Under The Cork Tree a tout simplement redéfini les codes du genre. Plus de 3 millions d’exemplaires vendus rien qu’aux États-Unis, deux singles omniprésents, et une tournée mondiale qui installe Fall Out Boy comme LA référence emo mainstream du moment. L’album a aussi ouvert la voie à toute une vague de groupes (Panic! At The Disco, Paramore, The Academy Is…), et permis au quatuor de jouer dans la cour des grands, avec passages obligés chez les late-night shows, les récompenses MTV et les collaborations tous azimuts.

C’est aussi l’œuvre qui a installé Pete Wentz comme une figure incontournable de la culture alternative des années 2000 : eyeliner, ceinture cloutée et citations de Chuck Palahniuk à la volée. Un symbole autant qu’un disque, une machine à mèmes avant l’heure. Et aujourd’hui encore, chaque “We’re going down, down in an earlier round” déclenche une vague de nostalgie instantanée chez toute une génération de kids devenus trentenaires.

De l’ado au classique

Vingt ans plus tard, From Under The Cork Tree reste un monument. Pas seulement pour ses tubes, mais pour ce qu’il incarne : l’urgence de s’exprimer, l’envie de bousculer les genres, et la capacité à transformer la douleur en hymnes fédérateurs. Fall Out Boy n’a jamais vraiment quitté les projecteurs, mais c’est bien ici que tout a commencé. Un album qui a marqué son époque au fer rouge, et qui continue de résonner aujourd’hui, comme un cri du cœur jamais tout à fait éteint.

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Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife