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BEIRUT @ Zénith (22/09/15)

Beirut, c’est cette formation américaine qui distille une pop très influencée par la musique des Balkans et l’indie européen. Après trois chefs d’oeuvre en cinq ans, le groupe a pris son temps pour sortir un “No, No, No” moins nuancé et plus pop. Fort de ce quatrième album, la formation débarque dans la capitale d’un pays qu’ils affectionnent tant : la France. Et ce n’est ni plus ni moins un Zénith à moitié rempli qui les accueille. Premier élément de réponse pour une soirée en demi teinte.

 

 

La musique de Beirut, parfois grandiloquente de par la présence de cuivres chaleureux, est une musique intimiste, mélancolique et pleine de nuances. Et ce n’est pas exactement avec la même description que l’on pourrait décrire une salle comme le Zénith. Ainsi, lorsque le set s’ouvre avec trois chansons extirpées des anciens efforts studio de Beirut, l’indifférence du public laisse craindre une soirée longue et douloureuse, tant pour le groupe que pour les spectateurs. Heureusement “East Harlem” réchauffe l’assemblée et quelques frissons nous parcourent le corps lorsque les cuivres s’élancent dans l’air.

Malheureusement, ce début de set sera à l’image de cette soirée. L’enthousiasme peine à s’étendre dans toutes les âmes présentes dans cette bien trop grande salle pour un tel combo. Rien à voir avec l’envergure du groupe. Mais une fois de plus, on sacrifie la teneur artistique pour un effet de buzz en propulsant un sextette dans un Zenith qui sonne creux. Et comment en vouloir aux musiciens, qui, bien que peu mobiles, se démènent comme ils le peuvent pour conquérir une audience bobo et je-m’en-foutiste. Pourquoi ne pas avoir contenté un noyau de fans relativement conséquent par plusieurs dates dans une plus petit salle, bien plus adaptée à la musique de Beirut, plutôt que de le jeter en pâture, lui qui n’a jamais demandé à étendre sa musique à des masses peu intéressées par la finesse des compositions et des arrangements ? Car le talent est là, il est indéniable. L’harmonie des voix, la chaleur des cuivres qui envahit l’atmosphère durant de bref secondes ou cette section harmonique qui distille des mélodies tantôt enthousiasmantes, tantôt mélancoliques.

 

 

Mais voilà, en dehors d’être un fan absolu de la formation et d’avoir mis de côté l’objectivité abjecte de circonstances peu favorables, il était très compliqué de rentrer dans le délire de cette soirée. Saluons tout de même le jeu de lumière toujours réputé chez Beirut et qui offre un semblant de spectacle visuel quand le manque de proximité avec la bande empêche de véritablement prendre son pied.

 

 

Il est de ces concerts franchement décevants car le groupe ne se montre pas à la hauteur de ce qu’il distille sur CD. Mais il y a également ces concerts où la déception n’est uniquement liée qu’aux circonstances qui rendent la performance ennuyante. Ce soir là fait parti de la deuxième catégorie. Beirut fait parti des valeurs sûres d’une scène indie en voie de disparition, certes, mais dont l’originalité et la musicalité nous fera toujours autant frissonner. La prochaine fois dans une petite salle bien plus chaleureuse qu’un Zénith à moitié rempli.

Setlist :

Scenic World
Elephant Gun
East Harlem
As Needed
Perth
Santa Fe
No No No
August Holland
Postcards From Italy
The Rip Tide
The Shrew
My Night With The Prostitute From Marseille
Fener
Serbian Cocek
After The Curtain
Nantes
So Allowed
—-
Pacheco
The Gulag Orkestar
In The Mausoleum
The Flying Club Cup

Nathan Le Solliec
LE MONDE OU RIEN