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DEPORTIVO @ Le Trianon (26/05/11)

“Faisons en sorte que ce soit un joyeux bordel et une chouette fête !” telles étaient les instructions laissées par Deportivo sur sa page Facebook la veille du concert parisien comme pour bien montrer à ceux qui en doutait encore qu’un album et un live, ce n’est pas la même chose. Le rock élégant du troisième opus, “Ivres Et Débutants”, produit par Gaëtan Roussel, allait laisser place sur scène à rock intense et brûlant tel que le combo de Bois d’Arcy sait si bien le faire. Le lendemain, sur la scène du Trianon, le power trio, accompagné de Philippe Almosnino (Les Wampas) à la guitare et Vincent David (Garbo) aux claviers, a tenu ses engagements et a prouvé à son public qu’il ne s’était pas assagi et n’avait rien perdu de son rock énervé ni de sa fougue adolescente.

Il est un peu plus de 20h. Alors qu’une partie du public est encore en train de profiter de la beauté des lieux en discutant musique, buvant une bière, ou reluquant du côté du merchandising pour s’équiper du nouveau T-shirt sorti pour l’occasion, côté salle les lumières s’éteignent et Twice, qui assure la première partie de Deportivo, entre en scène. A la The Dø, The Ting Tings ou encore The Kills, la formation originaire de Tours reprend un modèle “duo guitare – voix” qu’il explore au fil des chansons en mêlant charme et énergie. A mesure que la sexy Margot Poirier (chant) et le danois Andreas Eriksen (chant/guitare) distillent leurs morceaux dont le fameux “Ah” issu de leur premier album “Game Over” paru il y a plus d’un an, la salle se remplie. L’audience se montre de plus en plus réceptive et l’ambiance monte. Le public est prêt à accueillir les Deportivo.

 

 

Certes, “Ivres Et Débutants” a décontenancé plus d’un fan et subit toujours un jugement très mitigé. Mais en concert, Deportivo, c’est une valeur sûre. Lorsque les cinq musiciens arrivent sur la scène du Trianon au son de “Blue Moon”, ils se retrouvent face à une banderole “Rien ne vaut d’être ici (et maintenant)” suspendue depuis le balcon. La salle est pleine et n’attend que le top départ pour commencer à bouger. Même les membres de Luke (Thomas Boulard et Jean-Pierre Ensuque) sont venus pour soutenir les copains de Deportivo et participer à la fête.

A peine arrivé, le groupe fait déjà raisonner les premières notes de “La Brise”. Les réjouissances peuvent alors commencer et comme un seul homme, le public se met immédiatement à sauter et à reprendre le titre en cœur et à plein poumon. Celui-ci n’est pas encore fini qu’on voit déjà un fan monter sur scène puis se jeter dans le public. Il sera le premier d’une liste impressionnante de candidat au slam qui mènera le frontman à faire la remarque non sans humour que le Trianon “c’est pas la piscine”. Le trio, habitué aux concerts menés à 100 à l’heure dans une fureur intense et bon enfant, enchaine directement sur un autre morceau du deuxième album : “Ne Le Dis A Personne”. C’est à l’issue de ce dernier que Jérôme Coudane (voix/guitare) prend enfin quelques secondes pour saluer le public et lâcher un “ho putain”. Il en profite pour annoncer que la prochaine chanson “n’a pas été écrite pas Gaëtan Roussel” et s’appelle “Ivres Et Débutants”. C’est le moment de vérité, la première chanson du dernier opus que le groupe se propose de jouer ce soir. Si le rock énervé des deux dernières laisse alors place à une sonorité plus pop, l’audience suit quand même et se met immédiatement à taper des mains, pousser la chansonnette et sautiller. Une bonne occasion pour de se calmer un peu avant le retour en grande pompe du bruit, de la sueur et du tumulte avec un des titres phares du premier effort studio, “1000 Moi-Même” qui déchaine tout le monde. Vient ensuite “Au Milieu”, titre qui révèle enfin tout le potentiel scénique du dernier disque de Deportivo et fini de conquérir les quelques sceptiques qui restaient encore dans la salle. A cet instant, le public sent que quelque soit les titres qui seront joués ce soir, l’ambiance ne retombera pas et qu’il faudra tenir ce rythme de fou jusqu’à la fin du concert.

 

 

Jérôme annonce alors un folklore et invite les personnes présentes à danser une gigue, pourquoi pas une sorte de zouk, soit à chanter, voir ne rien faire. Finalement c’est deux filles, fines connaisseuses du groupe et de ses sets, qui armées de leur kazoo rejoignent sous une pluie de confettis les Deportivo sur scène pour accompagner Julien Bonnet (batterie/kazoo) sur le refrain de “I Might Be Late”. Sur “Intrepide”, le chanteur se jette dans le public et à la fin le provoque gentiment par un “et encore on n’était pas fond !”. A fond, ils vont l’être deux morceaux plus tard lorsqu’ils reprennent avec brio “Territorial Pissings”. Pour l’occasion, Philippe Almosnino qui ne fera pas toutes les dates avec le groupe, laisse sa place à un autre guitariste sensé rejoindre le trio pour la fin de la tournée. Le public est alors survolté. Ceux qui montent sur scène commencent à jouer des coudes, ceux qui restent dans le public hurlent et sautent partout. Pendant quelques instants on peut s’imaginer ce qu’était de participer à un concert de Nirvana. A la fin de la chanson, Jérôme jette sa guitare au public. Le groupe poursuit avec un de ses grands classiques, “Parmi Eux”, que l’audience reprend à tue tête malgré la sueur et l’épuisement. “Le concert peut enfin commencer”, dixit Jérôme. Le groupe offre alors un peu de répit au public. C’est le moment pour tout le monde de reprendre ses esprits. Jérôme lâche sa guitare pour se concentrer sur le chant de “Nos Baisers” et s’offrir un nouveau un petit tour de slam sur cette douce chanson. Puis, sur une guitare qu’il a bien du mal à accorder, mais “rien à foutre”, le frontman et ses acolytes enchaînent avec “Au Saut Du Lit”. Sans aucune pause, la reprise du titre de Miossec “Les Bières” et de “Queen Of Universe”, le groupe revient au rock énervé. Soucieux de l’état des premiers rangs, Jérôme demande alors ces derniers vont bien (ça fait presque une heure qu’ils voient des gens monter sur les planches du Trianon pour ensuite se jeter sur eux). Pour calmer un peu tout le monde, il entonne alors une reprise approximative de Patrick Bruel : “Casser La Voix”. Une partie du public se prend au jeu et reprend avec lui le refrain. Enfin, tout le monde n’est pas convaincu puisque le chanteur qui veut se casser la voix se prend un t-shirt en pleine face. Il se propose alors de s’essayer dans un autre style de chanteur français qu’il a déjà testé notamment à Vitry le François et Toulouse : Michel Sardou, “Les Lacs Du Connemara”. Devant le peu d’enthousiasme suscité par ces deux essais, il prend alors la sage décision d’en revenir au répertoire de Deportivo avec “Suicide Sunday”, “Farfisa” et “Le Bruit Que Fait La Vie”. Des confettis tombent de nouveau sur scène. Julien remercie alors le public et le groupe rentre en coulisses prendre quelques secondes de repos avant le rappel.

 

 

Jérôme revient alors seul sur scène avec sa guitare et annonce une chanson lente qu’il pourrait “merder” : “Pistolet A Eau”. Le public, calmé, écoute avec beaucoup d’attention cette balade que le chanteur jusque là survolté, interprète avec beaucoup de douceur. Toute la salle se laisse alors porter par la mélodie et reprend d’une seule voix le son des trompettes que l’on entend dans l’album. Jérôme interpelle ensuite la foule et cherche parmi celle-ci une fille pour venir jouer “Roma”. L’heureuse élue, nommée Dreamer sur le forum dédié à Déportivo, n’est pas totalement inconnue puisqu’elle suit les gars depuis plusieurs années et à déjà eu l’occasion de donner un petit coup de main sur la tournée pour le merchandising. Dreamer monte donc sur scène, s’empare de la guitare et assure toute la chanson comme une pro. Le public bien reposé, reprend alors de plus belle le pogo. A l’issue de ce titre, Vincent David récupère la guitare, Jérôme pour sa part, reste au micro et annonce que cette fois le concert peut vraiment commencer. Deportivo enchaine alors sur les deux derniers morceaux de la soirée : “En Couvrant La Porte” et “Paratonnerre”. Le combo quitte alors la scène pour revenir quelques instants plus tard pour jouer “Sur Le Moment” sur laquelle Julien, juché sur un tabouret à l’avant de la scène, fait une magnifique prestation au kazoo. Un fois ce petit folklore terminé, l’ensemble des membres se jette dans la fosse pour un dernier slam. Puis, les Deportivo remercient l’audience avant de retourner dans les coulisses pour de bon.

 

 

En une heure et demie de concert environ, Deportivo a prouvé à son public qu’il n’avait pas perdu son incroyable énergie en live et qu’il restait un groupe de scène. Si le dernier album marque un véritable virage musical, les concerts restent des shows intenses, plein d’énergie, de puissance et de bonne humeur.

Setlist :

La Brise
Ne Le Dis A Personne
Ivres Et Débutants
1000 Moi-Même
Au Milieu
I Might Be Late
La Salade
Intrepide
Alambiqué
Territorial Pissings
Parmi Eux
Nos Baisers
Au Saut Du Lit
Les Bières
Queen Of Universe
Suicide Sunday
Farfisa
Le Bruit Que Fait La Vie
—-
Pistolet A Eau
Roma
En Ouvrant La Porte
Paratonnerre
—-
Kazoo

par Estelle H.

Anthony Bé
Fondateur - Rédacteur en chef du webzine RockUrLife