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HELLFEST 2016 – Jour 2 (18/06/16)

Place à une deuxième journée moins riche en grosses têtes d’affiche, mais tout aussi intéressante et chargée !

STEAK NUMBER EIGHT (MainStage 01) – Toujours compliqué de se faire une idée d’un concert de rock à 11h du matin. Pourtant, il n’était pas concevable de manquer les Belges de Steak Number Eight. Les protégés de Triggerfinger débarquent sur la MainStage 01 avec une aisance et une classe folle. Leur stoner teinté de hardcore est maîtrisé sur le bout des doigts et l’énergie balancée par le groupe fait grandement plaisir à voir. Le quatuor a un son énorme et une prestance assez folle pour une formation aussi jeune (en âge, les Belges tournent depuis de nombreuses années déjà). Malheureusement, le set sera bien trop court pour nous satisfaire pleinement. Mais il reste comme un moment fort de ce festival, les Steak Number Eight ont conquis l’assemblée, offrant un set d’une qualité peu égalée pendant le week-end.

 

 

LOUDNESS (MainStage 01) – Le set déjà entamé, nous assisterons aux derniers instants. Le public réuni en masse devant la scène prouve à quel point les Japonais étaient attendus. Après plus d’une trentaine d’années d’attente, les Nippons foulent à nouveau le sol français, cette longue attente est enfin récompensée ! Côté musique, le heavy metal fonctionne toujours aussi bien avec l’illustre Akira Takasaki (guitare) qui épaule Minoru Niihara (chant) sur le devant de scène. Mais combien de temps attendrons-nous avons de les revoir ? Mystère.

 

 

MYRKUR (Temple) – Sous la Temple, place à la Danoise Amalie Brunn et à son projet Myrkur. Si la musique de l’artiste est très plaisante sur album et nous emporte dans un univers aussi bien violent et sombre que doux et envoûtant, la question était de savoir ce que cela donnerait en live. Et la réponse arrive très vite : cela rend bien ! La prestation de la chanteuse ainsi que celle des musiciens qui l’accompagnent recréent rapidement l’ambiance distillée sur “M”, et on se laisse notamment emporter comme hypnotisés par la gestuelle et la prestance de la frontwoman. L’alternance de passages hurlés et de blasts purement black et de moments atmosphériques éthérés passe aussi bien que sur album, et ce sont trente minutes hors du temps dans une forêt danoise qui nous sont proposées en ce samedi midi. Un show intéressant à plus d’un titre et qui, sans révolutionner le genre, apporte un peu de fraîcheur et est tout sauf la “niaiserie” ou la supercherie que les “trve” pourraient dénoncer.

 

 

AUGUST BURNS RED (MainStage 02) – Les Américains d’August Burns Red n’en sont pas à leur premier coup d’essai au Hellfest. Après une prestation ensoleillée en 2012, le groupe revient cette année et la formule n’a pas bougé d’un poil. Metalcore burné, toujours aussi bien exécuté, la machine August Burns Red ne surprend certes plus, mais ne déçoit pas non plus et une telle régularité est un atout aujourd’hui. Le set se compose de chansons issues de leurs divers efforts studio même si les morceaux venant de “Messengers” (2007) ou “Constellations” (2009) remportent les suffrages. Les choeurs sur “Empire” restent aussi un moment très fort de ce show qui n’offre aucun temps mort. Le groupe se permet de sampler la voix de Jeremy McKinnon (A Day To Remember) sur “Ghosts”, ce qui donne lieu à un passage assez étrange où un certain immobilisme crée un flottement assez drôle à voir ! En bref, ABR est toujours efficace lorsqu’il s’agit de casser des nuques.

 

 

CROBOT (Valley) – Gagnons la Valley pour voir ce que donne Crobot et son classic hard rock énergique. La formation, qui dispose d’un disque plaisant sorti en 2014, commence doucement à faire parler de lui en Europe et tournera d’ailleurs sur le Vieux Continent à l’automne pour accompagner Volbeat et Airbourne. Quand les musiciens montent sur scène, la tente est bien garnie et l’audience visiblement en forme. Et ce qui surprend est le look du quatuor. Si Brandon Yeagley (chant) est bien dans l’esprit de la musique pratiquée par le quatuor, le guitariste Bishop a plus l’air de sortir d’un combo de hardcore ou de metalcore. Et sa gestuelle et son énergie ne feront que confirmer cette impression. Mais cela n’est en rien négatif, et le tout s’avère bien au contraire très cohérent et ultra énergique. Sans parler du bassiste Jake Figueroa au jeu et à la position si particuliers. Probablement l’un des sets les plus dynamiques du week-end. Le frontman ne tient pas en place et n’hésitera pas à sauter sur les épaules de Bishop quasiment sans élan, ce dernier continuant à jouer, impressionnant. Chaque morceau est un hit en puissance et la prestation se termine sous un tonnerre d’applaudissements et avec une ambiance de folie.

 

 

 

GLENN HUGHES (MainStage 01) – Il n’est plus à présenter. Le magnifique Glenn Hughes ou plus précisément “The Voice Of Rock” nous fait le plaisir d’insuffler quelques ondes vintages. Trapeze, Deep Purple, Sabbath, Black Country Communion, on continue la liste ? “Stormbringer” enflamme d’emblée le pit et pour cause ça sent bon les 70’s ! Disposant d’un assez faible temps de jeu pour le monument qu’il est, le set va filer à vitesse grand V. Un titre tiré de sa collaboration avec Pat Thrall, un autre de Black Country Communion -qui va se reformer tout prochainement (!!!)- et enfin trois titres de l’époque Deep Purple. On regrettera peut-être le choix de “Mistreated” pour sa longueur mais nous serons incroyablement enchantés de l’écouter chanter l’incontournable “Burn”, mettant David Coverdale et Ian Gillan K.O., tant son timbre de voix est exceptionnel même après une si grande et énorme carrière. La nostalgie a parfois du bon et surtout lorsqu’elle vit au travers de Glenn Hughes !

 

STRIFE (Warzone)

 

 

MANTAR (Valley) – Retour sous la Valley pour assister au show du duo allemand Mantar, combo intrigant à plus d’un titre. Oscillant entre black metal et sludge lourd et gras, la musique est jouée avec une guitare et une batterie. Sur scène, la configuration est surprenante, le chanteur/guitariste Hanno et le batteur Erinc se faisant face et étant de côté par rapport au public. Ajoutez à cela une interaction nulle entre le frontman et l’audience, et l’ambiance est posée. Même si l’énergie déployée par les deux compères est impressionnante : le guitariste ne tient pas en place et perd sa casquette dès les premières secondes, et le batteur maltraite ses fûts sans vergogne, la prestation laissera malheureusement un sentiment mitigé. La faute sûrement à un son trop brouillon parvenant mal à restituer ce que l’on peut entendre sur les albums, et à cette configuration étrange compliquant l’immersion dans le set.

 

 

SIXX:A.M. (MainStage 01) – Petit événement sur la MainStage 01 puisque Sixx:A.M., le side project de Nikki Sixx, devenu groupe à part entière avec la fin de Mötley Crüe, y donne son tout premier concert en France ! Et depuis quelques mois, le trio ne fait pas les choses à moitié niveau promo et s’est mis à tourner intensivement pour promouvoir son dernier bébé “Prayers For The Damned, Vol. 1“. En live, Nikki Sixx, DJ Ashba et James Michael sont accompagnés d’un batteur et de deux choristes. Le chanteur est très à l’aise dans son rôle de frontman et est parfaitement juste, tandis que les musiciens, qui ne sont plus à présenter, arpentent la scène en long, en large, et en travers tout en délivrant les morceaux avec aisance. Cela donne un show à l’américaine très dynamique et auquel il est très agréable d’assister.

 

 

Si l’accent est mis sur le dernier opus en date avec pas moins de quatre titres sur les huit que compte la setlist, les anciens tubes, comme “Lies Of The Beautiful People” ou “Life Is Beautiful” en conclusion, sont de la partie pour le plus grand bonheur des fans suivant le trio depuis ses débuts en 2007. Après cette prestation de qualité, nul doute que Sixx:A.M. est attendu de pied ferme en salle dans nos contrées ! Et quelque chose nous dit que cette tournée des festivals était un bon test avant une tournée européenne qui ne saurait tarder.

 

HEIDEVOLK – (Temple)

 

THE AMITY AFFLICTION (MainStage 02) – Les Australiens de The Amity Affliction jouissent d’une bonne réputation dans le monde copié et sur-copié du metalcore. Gros son et mélodies sont au rendez-vous et même si le début du set est laborieux (les guitares n’étaient pas présentes dans le mix), les Australiens se sont tout de suite remis dans le sens de la marche. Axant la setlist majoritairement sur “Let The Ocean Take Me”, le dernier album en date, le combo dispense un set efficace où la relation voix claire – chant hurlé est très solide, sur une rythmique toujours percutante et en place. L’assemblée semble apprécier la performance et reprendra même en choeur le passage chanté de “Pittsburgh” pour un moment assez marquant. Un set un peu court mais vraiment satisfaisant de la part des Australiens. On réclame à les voir plus longtemps, en salle et avec une setlist un peu plus diversifiée.

 

 

AGORAPHOBIC NOSEBLEED (Altar) – La venue d’Agoraphobic Nosebleed est un événement. En effet, le groupe, formé en 1994, n’a donné, jusqu’à aujourd’hui, que cinq concerts dans sa carrière. Cinq concerts en vingt-deux ans d’existence et donc le sixième pour le Hellfest. La formation américaine atypique de grind nous fait donc l’honneur de sa présence et ne semble pas plus stressée que ça par rapport au contexte. Au contraire, on sent une formation qui n’a pas souvent l’habitude de fouler les planches. Si la merveilleuse Katherine Katz, du fait de son expérience dans Salome, est bien plus à l’aise et représente l’attraction majeure de cette prestation scénique, le reste des musiciens, avec l’autre vocaliste Richard Johnson notamment, est particulièrement immobile et passe son temps à dodeliner.

 

 

L’absence de batteur (le quintette a toujours joué et composé avec une boite à rythme. De toute façon, aucun batteur ne pourrait suivre le rythme) pénalise l’impact visuel de la formation mais le véritable spectacle est pour nos oreilles : c’est un déchaînement de haine et de violence qui nous frappe en plein visage. Pas moins de vingt morceaux seront joués pas AN, piochant dans vingt ans de carrière mais négligeant le dernier EP “Arc”, celui-ci déviant totalement de la ligne artistique habituelle des Américains (on lorgne vers le doom). Peu importe, la prestation est émotionnellement chargée et toute cette violence devient touchante tant le groupe apparaît dans son plus simple appareil. Un mur d’authenticité qui fait plaisir à voir et à entendre. On peut mourir en se targuant d’avoir assisté à l’un des rares concerts d’une formation légendaire et magnifiquement authentique.

 

TORCHE (Valley)

 

 

FOREIGNER (MainStage 01) – Bien qu’il n’affiche que neuf albums au compteur, Foreigner est un groupe incontournable de la scène rock et ce depuis la fin des années 70. Dans un registre moins saturé et plus doux, la bande de Mick Jones va sans détour marquer les esprits. Kitsch pour certains, ce live tiendra toutes ses promesses. La nostalgie est au rendez-vous, jeunes et moins jeunes prennent du plaisir, se dandinent et chantent les paroles de “Urgent” et du mythique “I Want To Know What Love Is” qui marque à coup sûr l’un des moments phares de cette édition ! Le groupe parait très en forme à l’image du remuant Kelly Hansen (chant) qui ira même piquer une caméra durant le set. Les formations telles que Foreigner trouvent toujours preneur au Hellfest et on en redemande !

 

FLESHGOD APOCALYPSE (Temple)

 

SICK OF IT ALL (MainStage 02)

 

WITH THE DEAD (Valley)

 

JOE SATRIANI (MainStage 01) – Il est très rare de voir le virtuose dans le cadre d’un festival et que dire lorsqu’il s’agit d’un festival metal ? Après l’excellent set de Foreigner, place à de la guitare, encore de la guitare, toujours de la guitare ! Guitare ? Guitare ! Paré d’une sublime combinaison aluminisée, Satch va s’adonner à un véritable récital. Alliant technique et groove et épaulé par les monstres que sont Marco Minnemann (batterie), Bryan Beller (basse) et Mike Keneally (guitare/claviers), le récital sera tout bonnement parfait. Tout d’abord car le son est parfaitement calé, chaque instrument est audible de la plus belle des manières mais également via la setlist prévue par le guitar hero.

 

 

Lancés avec “Shockwave Supernova”, titre éponyme du dernier album en date, les mélomanes vont décoller avec “Ice 9”, tiré de l’incontournable album “Surfing With The Alien” (1987). Joe se fera un malin plaisir de mettre en valeur ses nombreuses guitares Ibanez, changeant quasi systématiquement d’un morceau à l’autre. La fin du set verra de véritables bijoux résonner tels que “Summer Song”, la douce “Always With Me, Always With You”, le dansant “Satch Boogie” et enfin LE titre “Surfing With The Alien” qui déverse ses vagues mélodiques uniques ! Tous les ingrédients d’un moment réussi sont réunis et le succès est total !

 

 

DISTURBED (MainStage 02) – Disturbed sur le sol français, un événement qui n’était pas arrivé depuis 2001 (faîtes le calcul). Depuis, le groupe a eu le temps de devenir ringard mais la horde de fan du groupe rock/metal alternatif était bien présente de la MainStage 02. Au programme ? Chansons rock/metal sirupeuses, pas vraiment kitsch, mais pas vraiment énervées non plus. La dégaine de bon tonton de karaoké de David Draiman ajoute une bonne dose de singularité à ce set pourtant hyper efficace et mené avec enthousiasme et maîtrise de la part du groupe américain. Seulement, l’énergie ne suffit pas à faire oublier les nombreuses fautes de goût dont une reprise bancale du “The Sound Of Silence” de Simon And Garfunkel, des duos au summum du kitsch avec Glenn Hughes et Sixx:A.M. et surtout, l’erreur monumentale de l’exercice de la reprise du “Killing In The Name” de Rage Against The Machine. On notera quand même que placer avec autant de maîtrise de “Oh-Wah-Ah-Ah-Ah” après autant de temps relève de l’exploit. On aura au moins vu ça !

 

BAD RELIGION (Warzone)

 

WITHIN TEMPTATION (MainStage 01)

 

 

HERMANO (Valley) – Un autre événement a lieu aujourd’hui, et cela se passe sous la Valley. John Garcia, parrain du stoner et habitué du Hellfest, est de retour avec Hermano. Et quand on parle d’événement, c’est peu dire puisque la bande, qui se faisait déjà rare à l’époque, n’a pas donné de concert depuis 2008 et est ici pour un show unique ! Etonnamment, il n’est pas difficile de se frayer un chemin sous la Valley là où on attendait une tente archi blindée. Cela démontre bien que l’auditoire du Hellfest évolue et qu’il est désormais composé de personnes moins pointues et plus aptes à squatter les MainStages. Mais ne boudons pas notre plaisir, il n’en est que plus agréable d’assister à ce show exceptionnel et l’ambiance est tout de même au rendez-vous devant des membres visiblement touchés.

 

 

Malgré un son légèrement brouillon, la voix de John Garcia, si caractéristique, fait mouche comme toujours, et quel plaisir d’entendre en live des classiques comme “The Bottle” ou “My Boy” pour ne citer qu’eux. Et que dire du final explosif sur “Angry American”, quelle claque ! Le public aura même droit à une nouveauté en milieu de set. Le groupe préparerait-il quelque chose ? Espérons le ! En tout cas, les personnes présentes pourront dire “j’y étais” et assistent clairement à un show d’une très grande qualité, en plus d’être exceptionnel. Et le quintette lui-même en est conscient, et quittera la scène très ému d’avoir rejoué ensemble et par l’accueil qui lui aura été réservé. Merci messieurs.

 

 

BRING ME THE HORIZON (MainStage 02) – Paradoxalement, la première venue au Hellfest intervient au moment où, artistiquement, la période de BMTH est la moins en adéquation avec la mentalité du festival. Mais qu’importe, quand Foreigner est programmé, tout est permis. C’est cependant avec un bon quart d’heure de retard que les Anglais entrent en scène sur l’intro de “Happy Song”. Et lors des premières lignes de chant d’Oli Sykes, on comprend pourquoi : le chanteur a perdu sa voix et donc, nous aurons le droit à un set raccourci ce soir. Passée cette déception, c’est un set classique de Bring Me The Horizon auquel nous assistons. La nuit tombant sur le festival aide à installer une ambiance vraiment sympa et la foule contribue à ce feeling de partage.

 

 

Les paroles des Britanniques sont scandées très fort pendant que les sceptiques et les non aficionados semblent convaincus de la prestation du groupe. La setlist est uniquement composée de titres issus des deux derniers essais, ce qui, en d’autres termes, veut dire que les chansons violentes du passé sont mises de côté, au grand dam de certains fans qui espéraient enfin pouvoir mosher sur un petit “Chelsea Smile”. Le final du concert sur la tubesque “Drown” clôt un set réussi et maitrisé d’un groupe qui a décidé de ne plus se considérer comme des outsiders et qui semble assumer ce statut avec classe et efficacité. L’ascension continue !

 

 

PRIMORDIAL (Temple) – Un air d’Irlande souffle sous la Temple avec ”arrivée de Primordial et de son charismatique leader Alan Averill. De retour après quelques problèmes en 2013 dûs à un retard, le groupe compte bien se rattraper. Et quoi de mieux pour ça que d’entamer les hostilités sur le superbe et épique “Where Greater Men Have Fallen”. Le frontman, grimé et capuche sur la tête, prend littéralement possession de la scène en occupant tout l’espace et à l’aide d’une gestuelle collant parfaitement à l’univers distillé par la formation. Tout au long du show, il ne cessera d’être la bête de scène dont il a la réputation, et attirera tous les regards. Mais il serait réducteur de résumer la prestation de Primordial à son seul chanteur tant les musiciens sont exemplaires. Les fans, drapeau irlandais de circonstance, semblent présents en nombre, et c’est à une belle communion qu’on assiste. Et ce n’est pas un son brouillon (problème relativement récurrent sous la Temple) qui viendra gâcher l’une des belles prestations du week-end sur cette scène. Primordial fait partie de ces groupes à voir et à vivre.

 

 

 

TWISTED SISTER (MainStage 01) – Troisième et ultime apparition à Clisson pour les Américains. Le tragique décès d’A.J. Pero (batterie) a brutalement conduit ses comparses à tourner la page et l’incroyable aventure qu’est Twisted Sister depuis le début des années 70. Chacun des passages est marquant et ce soir ne dérogera pas à la règle. Suite à une petite vidéo retraçant les différentes périodes du groupe, le concert démarre avec le trépidant “What You Don’t Know (Sure Can Hurt You)”. Le majestueux Dee Snider fait son apparition et harangue sans attendre la foule, son aura touche sans attendre les festivaliers et la fête commence ! Souvent décrié ce wee-kend, le son est tout bonnement parfait et peu élevé, de quoi apprécier le set comme il se doit. Un immense logo TS surplombe la scène, non loin de notre cher Mike Portnoy qui accompagne la bande à Jay Jay French sur cette dernière escapade. Eddie “Fingers” Ojeda et Mark “The Animal” Mendoza sont bien évidemment présents et assurent comme il se doit. Contrairement à la veille, le parterre est très fourni mais pas de manière aussi excessive que lors de Rammstein; tant mieux !

 

 

Les titres défilent, “Burn In Hell”, “Destroyer”, “You Can’t Stop Rock And Roll”. Le solennel “The Fire Still Burns” calme le jeu avant d’attaquer l’un des moments phare du set et du festival. Avant cela, Dee prendra la parole et évoquera les différents graves événements qui ont touché et touchent le monde. Paris, Bruxelles, Orlando… “We’re Not Gonna Take It” rugira sur scène mais également dans le pit d’une seule et unique voix. Dee met la foule à contribution en fin de morceau et cette dernière sera tout simplement déchaîneé ! Les “encore” se succèdent, les danses se multiplient, le bonheur se lit sur chacun des visages de ces milliers de festivaliers à communier de la sorte. Passer deux morceaux dont le revigorant “I Believe In Rock And Roll”, l’incontournable “I Wanna Rock” reproduira les mêmes scènes de liesse. “No no no no no” et “rock, rock, rock, rock” se succèdent au fil du morceau. Ce titre, ainsi que d’autres, renvoient également aux clips déjantés que proposa la formation et qui furent l’une de ses marques. Ce n’est donc pas la musique mais également les clips qui rejoignent à jamais l’histoire du rock.

 

 

La fin du set approchant, deux surprises sont encore à l’ordre. Phil Campbell, venu inaugurer la statue de Lemmy plus tôt dans la journée, est invité à rejoindre la scène pour y interpréter “Shoot ‘Em Down” mais également un bon vieux “Born To Raise Hell” ! Et le final est réservé à “S.M.F” qui sera donc la dernière des Twisted qui résonnera du côté de Clisson. Le groupe quitte la scène sous les acclamations du public. Décrié à tort pour ne pas “être digne d’une tête d’affiche”, Twisted Sister prouve une nouvelle et dernière fois qu’il mérite amplement cette position, mettant à l’honneur un quatuor, sulfureux à l’époque, qui aura marqué de nombreuses générations de rockeurs. Merci pour tout messieurs !

 

 

FU MANCHU (Valley) – Retour sous la Valley pour assister cette fois au show des Californiens de Fu Manchu. Et nombreuses sont les personnes ayant pris une claque avec Hermano présentes pour en prendre une deuxième avec cet autre grand nom du stoner. Le grand Scott Hill, toujours affublé d’un de ses polos multicolores, et sa bande montent sur scène en attaquant fort puisque c’est “Hell On Wheels” qu’ils dégainent d’entrée de jeu. Tiré de l’album “King Of The Road” (2000) dont le backdrop reprend la pochette, ce morceau met l’ambiance en quelques secondes dans une Valley bien remplie. Le son est gras juste ce qu’il faut pour apprécier le stoner ensoleillé du groupe sentant l’asphalte et l’essence. La classique reprise du Blue Öyster Cult “Godzilla” placée en milieu de set fait toujours son effet. Et tandis que le mid tempo “Saturn III” lorgnant vers le doom conclut le set, c’est avec la sensation d’avoir assisté à un set parfaitement maîtrisé qu’on laisse la Valley pour ce samedi. Si Fu Manchu n’est pas le groupe de stoner le plus connu, il n’en est pas moins l’un des pionniers du genre, et l’un des plus talentueux. Et c’est peut être parce que le quatuor sait rester humble et sincère dans sa démarche, en se concentrant sur sa musique et de solides prestations sans artifices, que sa notoriété n’atteint pas la hauteur de sa qualité.

 

 

GUTTERDÄMERUNG (Warzone) – Suite au magistral concert des Twisted Sister et de l’hommage à Lemmy accompagné d’un feu d’artifices, certains se dirigent voir Korn et d’autres filent à la Warzone pour une représentation pour le moins atypique pour un festival de musique. Réalisé par Björn Tagemose et mettant en scène l’illustre Henry Rollins, ce film est “le plus bruyant des films muet”, ambiance. Le concept en live est la projection du film sur une toile blanche avec un groupe derrière qui interprète en partie la bande son du film. Le topo de ce long métrage est en somme assez simple et bateau : l’opposition entre la religion et la musique, rock dans le cas présent, et symbolisé par une guitare “la guitare du diable”. Visuellement très réussi, le jeu entre les images et la musique fonctionne plutôt bien, même si parfois les images coupent pour laisser place à quelques animations. Henry Rollins apparait à de nombreuses reprises sur scène pour doubler certaines de ses scènes mais l’exercice est compliqué, étant dos à l’écran, il est quasi systématiquement en retard d’une seconde, ce qui fragilise le tout.

 

 

Conceptuellement également, l’opposition religion/musique rock est un sujet toujours d’actualité, beaucoup de groupes traitent toujours de celui-ci via leurs paroles, sans parler du côté provoc’ qui peut en découler. On ne va pas se le cacher, l’un des intérêts, si l’on peut appeler cela ainsi, est d’apercevoir des têtes bien connues au fil des séquences : Iggy Pop, Slash, Volbeat, Tom Araya, Jesse Hughes, Joshua Homme, Mark Lanegan, Nina Hagen, Grace Jones et enfin notre bon vieux Lemmy en général de guerre ! Difficile d’en dire davantage, chacun s’en fera une propre idée lorsqu’il sera disponible au grand public, le peu qu’on puisse dire c’est que ce projet est esthétiquement réussi, mais qu’en est-il de sa finalité réelle ?

 

 

KORN (MainStage 02) – Korn revient sur Clisson pour la troisieme fois en… quatre ans. Après une prestation tronquée l’an dernier à cause d’une coupure de courant, les Américains sont de retour pour rétablir la situation et confirmer leur réputation d’excellent groupe live. Et ça part fort avec un “Right Now” suivi du monumental “Here To Stay”. Korn n’a pas envie de blaguer ce soir et envoie la sauce dès le début du set. Le son est massif, Ray Luzier est toujours aussi prodigieux à la batterie pendant que Jonathan Davis ne faiblit toujours pas au chant. Le quintette nous sort une setlist best of, se baladant surtout dans les premiers albums du combo. “Shoots And Ladders” est rallongée par le passage central de “One” de Metallica, comme à la bonne vieille époque. On sent la reprise de “Another Brick In The Wall” planer sur Clisson mais à la place, nous avons le droit à la rare “Y’All Want A Single”, très réussie ! Les Californiens offrent un bref hommage à Lemmy et un rappel dantesque avec “Got The Life” et “Freak On A Leash” pour conclure ce set et retourner Clisson une dernière fois. Sans rien proposer de nouveau, Korn fait le boulot et permet aux festivaliers d’aller se coucher avec le sentiment du devoir accompli : celui d’avoir headbangé sur des tubes metal qui nous restent en tête depuis une vingtaine d’années déjà. Que demande le peuple ?

 

 

Une deuxième journée variée et riche en événements prend fin après les shows exceptionnels d’Hermano et Fu Manchu sous la Valley, les adieux de Twisted Sister, un spectaculaire hommage à Lemmy, et un retour explosif de Korn.

 

 

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